Chapitre 15 - Discussion avec papa

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Le repas se termine et Thomas remonte dans sa chambre. Il enlève ses chaussettes et s'allonge sur son lit.

Son père toque à la porte.

Thomas : « Entrez ! »

Antoine : « Coucou mon grand, je viens te voir comme on a dit, tu voulais qu'on parle ? »

Thomas : «  Oui papa... »

Thomas s'assoit en tailleur sur son lit. Son père luit s'assoit sur la chaise de son bureau. Thomas ne semble pas vouloir commencer la conversation, il a les mains croisées, et ses yeux marron ne croisent pas ceux de son père. Il semble stressé, embêté. Ce petit bonhomme de 8 ans, un peu recroquevillé sur lui-même, montre bien qu'il est perturbé par quelque chose, il voudrait demander de l'aide à son père mais ne sait pas comment faire.

Antoine : « Lapin, tout à l'heure, dans la voiture, tu m'as dit que tu avais un voyage de plusieurs jours à l'île de Ré, c'est ça ce qui t'embête ?».

Thomas hoche la tête, toujours le menton baissé. Puis un long silence de plusieurs longues secondes. Et le père de Thomas voit des larmes tombées. Ce petit garçon est complètement submergé par les émotions. Il pleure, les larmes tombent sur ses mains, aucun mot n'est audible, on l'entend reprendre son souffle et renifler, puis il met sa tête entre ses genoux, et ce bruit d'enfant qui pleure, qui souffre, se fait entendre. Le père comprend, et vient s'assoir sur le lit à coté de Thomas.

Antoine : « Oh mon lapin, je suis tellement désolé. » Il prend la tête de son fils et la pousse vers son torse pour le prendre dans ses bras. « Explique-moi tout ».

Thomas se calme, sa respiration reste saccadée, la journée a été longue.

Thomas : «  C'est horrible, je n'ai pas envie d'aller à cette sortie. J'veux pas, c'est horrible. Imagine ! Imagine ! »

Son père ne dit rien et l'écoute :

Thomas : « J'ai 8 ans et je fais encore pipi au lit. Je porte une couche tous les soirs. Les autres vont me traiter de bébé, ils vont me voir avec ma couche, ou même, imagine, un matin ma couche déborde, ou pire les couches sont interdites là-bas. Je serai dans mon lit et le matin, tout le monde me verra dans mon pipi comme un bébé. Ils se moqueront de moi, ils diront que je pue le pipi, et je perdrai tous mes amis, et je serai tout seul. Madame Margot, elle me criera dessus. Pendant que les autres seront à la plage, je resterai seul et je nettoierai mon pipi. Et plus personne ne voudra me parler. C'est horrible. Vraiment j'veux pas y aller papa. J'veux pas, j'veux pas, j'veux pas.»

Thomas se tourne et s'allonge sur son lit en pleurant, la tête dans l'oreiller étouffant ses sanglots.

Thomas se retourne : « Faire pipi au lit à la maison, ce n'est pas grave, personne ne le voit, personne ne me voit en couche, sauf André qui le sait, mais sinon personne. Et là, tout le monde dans le bus va parler de moi, et dire « Ah c'est Thomas, le bébé qui pisse au lit », sauf que je contrôle pas mon pipi, je dors, je le sens pas venir, je ne sens rien, ça m'énerve. » dit-il en tapant du poing dans son traversin, le visage à nouveau dans son oreiller.

Antoine : « Thomas, je suis désolé. Je vais te parler à coeur ouvert, alors assis toi sur ton lit. Thomas, j'ai fait pipi au lit jusqu'à 13 ans. 13 ans. »

Thomas s'arrête de pleurer en un instant, et écoute son père.

Thomas : « 13 ans ? »

Antoine : « 13 ans oui. J'ai vécu exactement la même chose que toi pendant 13 ans. Sauf que quand j'avais ton âge, les sous-vêtements absorbant n'existaient pas. Toutes les nuits je faisais pipi au lit, et le matin je devais changer mes draps. »

Thomas et les couchesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant