Chapitre 13

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                                   HUGO

Pourquoi partir comme ça ?
Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, Eliot a toujours été là pour moi et à l'écoute, sans jugement aucun. Il a aussi pris soin de moi quand j'étais au plus mal.

Alors pourquoi j'ai eu cette réaction ?
Était-il vraiment sérieux ? Ou était-ce seulement un gros mensonge, destiné à me faire peur, que je m'éloigne de lui,
pour qu'il n'ait pas à rompre avec moi.

Je laisse mes pieds me porter, avançant mètre par mètre dans une direction aléatoire, continuant de me malmener au travers mes pensées.

Non, Eliot ne ferait jamais quelque chose comme ça, il doit y avoir autre chose.
Il faut absolument que j'y retourne, c'était vraiment bête de ma part d'agir comme ça, El doit vraiment être triste, je me souviens du regard qu'il avait au moment de mon départ, il était au bord des larmes.
Quelqu'un qui voudrait rompre n'aurait pas ce visage.

Au bout de plusieurs longues minutes, je lève la tête, jetant un œil tout autour de moi, essayant de reconnaître quelque chose de familier.

Je ne reconnais rien, les ruelles et les maisons presque toutes identiques, de nombreux touristes bruyants, sillonnant les chemins pavés, gravitent autour de moi, m'empêchant de réfléchir de manière très claire.

Je choisis une direction au hasard, le stress cumulé à la chaleur comment à me faire perdre mes moyens, je retire ma veste tout en continuant à marcher.

Je m'arrête un instant, levant les yeux au ciel, essayant de remettre de l'ordre dans mes idées.
Je n'ai pourtant pas l'impression d'avoir marché si longtemps, il me faut retrouver le cours d'eau, à partir de là, je n'aurai qu'à le longer pour retrouver mon petit ami.

Après quelques minutes, mes yeux tombent enfin sur le fleuve tant recherché, je vois enfin le bout de mon calvaire.

Je regarde à gauche, puis à droite, mais je ne reconnais toujours rien.
Je tente un côté, marchant plusieurs mètres, je me retrouve avec désillusion devant un panneau signalant "Le Ster".

Je ne comprends pas, je suis certain que le nom qu'Eliot m'a donné pour désigner ce fleuve était l'Odet.

Est-ce qu'il s'est trompé ?

Je réalise soudain que je peux toujours me servir de mon portable, je l'avais complément oublié, je fouille dans la poche de ma veste actuellement pendue à mon bras, mais rien, pas de téléphone, ni même dans aucune autre de mes poches.

La panique commence à s'intensifier, j'ai oublié mon téléphone à la maison, mais comment est-ce que je vais retrouver Eliot ?

Il faut que je me calme, la première chose à faire, c'est de retrouver le bon fleuve. Il ne doit pas en avoir tant que ça sur Quimper.

L'idéal serait de demander mon chemin à quelqu'un.
Mais je ne vois que des touristes qui n'ont pas vraiment l'air d'être du coin, et quand bien même, je ne sais même pas si j'oserai leur demander la route à suivre.

Mes pas continuent de me porter de manières aléatoires, jusqu'à tomber sur un arrêt de bus, disposant d'un plan de la ville.

J'arrive à me repérer facilement, je sais enfin quel chemin je dois suivre.

Je me rends compte de toute la distance que j'ai parcouru, je devais vraiment être dans mes pensées pour que je m'éloigne autant de mon petit copain.

Je retrouve enfin le cours d'eau que je cherchais depuis de longues minutes.
Je reconnais enfin l'endroit, je sais exactement de quel côté je dois aller pour retrouver mon petit ami.
En espérant qu'il souhaite le rester après ma réaction excessive.
Je l'aime tellement, je ne veux pas le perdre.

Je soupire bruyamment en atteignant ma destination, je suis au bon endroit, j'en suis sûr, mais pas d'Eliot.
Je suis parti si longtemps, il avait sûrement autre chose à faire que de m'attendre ici.

Je m'installe sur le banc, posant ma veste sur mes genoux, regardant tantôt à gauche, tantôt à droite, espérant voir l'homme dont je suis amoureux.

Je suis sûr qu'au bout d'un moment, il reviendra ici pour me retrouver.
Enfin, j'espère.

Eliot s'il te plaît, reviens…
J'ai besoin de toi…

S'il peut vraiment entendre mes pensées, j'espère qu'il va pouvoir entendre celle-là et revenir pour moi.

Je sens un regard posé sur moi, je lève les yeux, essayant d'apercevoir le visage de la personne qui me dévisage à cet instant.

Je reconnais ses magnifiques yeux verts, il me regarde avec intensité, mais sans aucune expression dans le regard.

Il avance jusqu'à ce qu'il ne reste que quelques mètres entre nous.

- El, je suis tellement désolé d'être parti comme ça. Je lui lance, avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit.

Il ne dit rien, réduisant la distance entre lui et moi, il me prend dans ses bras.

- J'étais tellement inquiet, j'ai essayé de t'appeler plusieurs fois sur ton téléphone, mais tu ne m'as pas répondu. Me dit-il avec douceur.

_ Désolé, je l'ai oublié chez moi… Je me suis un peu perdu dans la ville, heureusement, j'ai trouvé un plan sur un arrêt de bus pour pouvoir revenir ici.

_ La seule chose qui compte, c'est que tu n'aies rien et que tu sois avec moi. Me répond-il.
_ Est-ce que tu veux qu'on parle de ce qu'il s'est passé Hugo ?

_ Je ne sais pas pourquoi je suis parti El, en fait, j'ai eu l'impression que tu essayais de rompre en me racontant une histoire abracadabrante.

Eliot me répond avec une petite pointe d'énervement.

_ J'étais sérieux, Hugo, du début à la fin,
je sais que ça peut paraître fou, mais crois-moi s'il te plaît.

_ Comment réussir à croire quelque chose comme ça, je suis pourtant quelqu'un de plutôt ouvert d'esprit, mais là, comprend moi El.

J'aimerais pouvoir croire ses paroles, lui qui a toujours été honnête avec moi.

_ Tu as besoin de preuve, c'est ça ?

Je ne réponds pas, je laisse Eliot me raconter à nouveau son histoire, comment tout a commencé.
Quand pour la première fois mes pensées sont venues envahir son esprit.
Ce jour-là a été aussi le jour où il est tombé amoureux de moi.

Je suis touché par cette déclaration, sa transparence envers moi.

Finalement, au lieu de passé la journée à visiter la ville, nous l'avons passé en partie sur ce banc.
À échanger, comme nous n'avions jamais pu le faire.

J'ai aussi pu avoir la certitude qu'il ne me mentait pas, il me l'a prouvé maintes et maintes fois dans la journée, c'est un sentiment particulier que de le savoir dans ma tête, j'en garde malheureusement un sentiment amer, celui de ne pas l'avoir cru, celui de ne pas avoir eu confiance en ce garçon qui fait battre mon cœur.

Solitaire ( BxB )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant