Chapitre 4

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— Au pire des cas, je me travestis en homme, se plaignit la brune. On dira qu'Erin a eu un imprévu.

— Hors de question, Mademoiselle, refusa catégoriquement Harry. C'est un événement très important pour votre père.

La jeune femme s'affalât sur son bureau pendant que son majordome lui servit du thé accompagné d'une tarte meringuée au citron, sa pâtisserie préférée. Elle avait horreur des soirées mondaines mais pour son père, elle devait supporter ces nobles narcissiques et égoïstes. Des nobles, des nobles et encore des nobles. Elle n'en pouvait plus. Elle faisait tout son possible pour les éviter mais se faisait toujours accoster par l'un d'eux. Ils ne cessaient de la séduire, tenaient des propos discriminants. Pensaient-ils pouvoir conquérir son coeur de la sorte? Ils pouvaient tous se mettre les doigts dans le nez. Ces événements étaient son plus gros calvaire. Elle dégusta son goûter pour oublier le gala de ce soir, le goût sucré et acide de la tarte explosait ses papilles culinaires. Les pâtisseries de Harry étaient les meilleures et elle ne se gênait pas pour le complimenter à chaque fois.

Erin repensait à Albert. Après l'incident du vole, la brune était partie à l'East End, l'une des zones les plus pauvres de Londres, le lendemain. Un orphelinat s'y trouvait, ce lieu était très modeste mais la comtesse faisait de son mieux pour rendre l'établissement plus chaleureux pour les enfants. C'était ici qu'elle avait envoyé le jeune garçon, elle savait qu'il serait plus en sécurité et aurait de quoi de mettre sous la dent. Grâce à elle, les orphelins ne manquaient de rien et mangeaient tous à leur faim. Erin était heureuse quand elle voyait ces enfants s'exciter lorsqu'elle venait leur rendre visite, toutes les deux semaines. Étant donné que la brune avait eu une bonne éducation, elle leur transmettait souvent ses connaissances à ces jeunes gens. Ils méritaient aussi d'apprendre à lire et à écrire, garçons comme filles. Voir des étoiles dans leurs yeux innocents lui donnait du baume au cœur. Ainsi, lors de son séjour à Whitechapel, elle aida également les habitants de ce bas quartier. Sa première apparition dans l'Est de Londres suscitait de la méfiance chez eux, elle pouvait comprendre. Une noble dans les quartier les plus pauvres et sales d'Angleterre n'était pas une chose que l'on voyait au quotidien. Ce n'était que quelques semaines plus tard que les habitants comprenaient que ses actions n'avaient rien de malsains, elle voulait simplement venir en aide aux personnes dans le besoin. Les gens la voyaient comme une héroïne, l'espoir qui changerait les codes de cette société. Elle fera de son mieux pour ne pas les décevoir.

— J'ignorais que Mademoiselle Thomas avait des amis, Erin pouvait reconnaître la voix de la directrice de l'orphelinat. Disons qu'elle ne parle que très peu d'elle.

— Cela ne m'étonne pas, gloussa l'homme.

— Mais ça ne nous dérange pas, rassura-t-elle. Elle est assez généreuse de nous apporter son aide alors qui elle est nous importe peu.

Erin reconnu immédiatement l'inconnu qui se trouvait avec la directrice. Il était de dos mais elle pouvait le reconnaître, elle l'avait assez observé pour deviner que cette carrure n'appartenait à d'autre que Albert James Moriarty. Que faisait-il ici? Était-il là pour semer la pagaille et se moquer des gens de bas quartier? Cette idée lui donna un frisson de colère. Il était hors de question que ce noble détruit tout ses efforts. Elle marcha d'un pas rapide et l'interpella avec mépris.

— Moriarty!

Ce dernier se retourna avec un sourire. Il avait prévu qu'elle réagirait de la sorte, elle était tellement prévisible quand ça concernait les gens de la classe inférieure. Ce regard, cette haine contre les nobles et cette société, il l'appréciait.

— Bonjour, Mademoiselle Thomas, salua Albert calmement. Comment allez-vous depuis notre dernière rencontre?

Se moquait-il d'elle? Comment pouvait-il demander de ses nouvelles alors qu'il était sur le point de tout mettre en l'air son travail? Pour qui se prenait-il? Ce Moriarty de pacotille.

Artificial LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant