Deux mois plus tard.
Il était 3 heures du matin je dirais. J'étais affamé. Cela faisait si longtemps que j'avais mangé, peut-être 6 jours. Je me contentais seulement de boire un peu d'eau pour me garder en vie, soit de l'eau de pluie ou de l'eau de ruisseau. " Pour toi Maman. " me disais-je pour me motiver. Mais là, je n'en pouvais plus. Je commençais à me sentir faible et mon énergie était complètement drainée, je me sentais même malade. Moi qui avait pour habitude de manger des plats soigneusement préparés par ma mère et les bonnes femmes de mon ancienne demeure, je me rendais compte à quel point j'avais de la chance d'avoir été élevé là-bas. J'avais tout ce que je voulais, j'étais nourri à ma faim, j'avais grandi dans la richesse..Là c'était loin d'être le cas, j'étais seul, livré à moi même, avide.. la vie avait arrêté de me donner du bien. Mais là, cette dernière, pendant ce crépuscule, m'avait fait un magnifique cadeau, m'avait donné une chance en or, ce qui me soulageait, puisque dernièrement, elle n'avait pas été très généreuse avec moi. Ce cadeau n'était autre que du gibier, un lièvre, qui se promenait non loin de là. C'est le premier animal que j'avais vu depuis un long moment. Je ne voulais pas rater ma chance, perché dans un arbre, je bandai mon arc, et ferma un œil pour mieux viser ma cible, avant de lâcher la corde ; j'atteignis le petit animal. Cet arc était fait en bois. La corde était un fin morceau de tissu souple provenant de mon nakagi, il faisait l'affaire. Un sourire ne put s'empêcher de s'afficher sur mon visage, laissant mes dents blanches être apparentes. Je descendis de mon perchoir, heureux, et contempla ma prise avec de grands yeux. Ce lièvre était plus gros que la moyenne, il me rapporterait donc encore plus de vivre. Je serai rassasié. Je laissa s'écraser, par conséquent, mon repas au sol et alla chercher de quoi allumer un feu ; des brindilles, de petites feuilles, un plus gros bâton et un morceau de bûche pour créer des étincelles à l'aide de la friction. J'avais déjà vu mon père faire un feu de cette manière dans le jardin, alors, je m'y pris de la même manière et, heureusement, cela marcha avec brio. Je ne pensais jamais dire ça, mais mon père m'avait sauvé grâce à ça en quelque sorte. Je pus donc faire cuire mon "festin", quelle chance j'avais eu, à peine croyable, comme le fait que j'étais encore en vie. Enfin, je savais bien pourquoi j'étais toujours vivant, c'était pour ma mère. De là-haut, peut-être était-ce elle qui m'avait fait ce beau cadeau, je m'estimais bien heureux de cela. Je ne pus m'empêcher de la remercier du fin fond de mon cœur en rejoignant mes mains, contemplant les étincelles de cette braise. Je voulu faire plus : lui rendre hommage en chantant cette chanson qu'elle me chantonnait souvent avant de dormir.
" Lie si oe Takeshi
( J'ai fait l'expérience de Takeshi)
Nawma sa'nokur, mifa oeyä
( à la grande mère en moi)
Atanti ngal molunge
( On m'a apporté la lumière )
Mipa tireyti, mipa 'itanti
( une nouvelle vie, un nouveau fils )
Lawnol a mi te'lan "
( Une grande joie dans mon cœur )Je ne savais pas réellement ce que ce chant voulait dire. Ce qui était sûr, c'est qu'elle me le chantait souvent, avec sa douce et mélodieuse voix, les yeux pleins d'amour et d'étoiles, avant de dormir. Cette ritournelle avait pour effet de me rendre heureux à chaque fois que je l'entendais, quand bien même que je ne connaissais pas sa signification. Peut-être était-ce juste le fait que se soit ma mère qui me la chantait ? Je pense pas.. si ça avait été mon père, ça n'aurait pas été très flatteur quand même.. Quoi que, s'il m'aimait, je l'aimerais aussi et serait content de l'entendre reproduire ce chant. Cependant ce n'est pas le cas, lorsqu'il a vu que ma mère, sa femme, qu'il était sensé aimé, était morte, il en a rien fait, il l'a regardé avec dégoût et est partit avec moi à ma parade, qui était bien plus importante que sa pauvre femme qui venait de se faire assassiner sous ses yeux.. Jamais je ne lui pardonnerai pour tout ce qu'il a fait ce soir-là. Bref, maman, elle me manquait terriblement, je ne pouvais rien y faire. Un long soupire s'échappa de ma bouche, je n'avais pas envie de pleurer, mieux fallait-il que je pense à autre chose. Ces dernières semaines, le temps est passé si lentement, je n'ai pourtant pas eu le temps de prendre du recul sur ma situation. Certes, j'étais seul en forêt, ça je le savais depuis longtemps. Mais ça m'arrivait parfois d'avoir peur. Peur de l'obscurité, par exemple. Ou encore, peur de ces bruits d'origines inconnues qui proviennent de partout autour de moi. Dans l'obscurité, je ne pouvais pas voir de quoi ces sons dépendaient , néanmoins, cette peur de ces chahuts s'était un peu atténuée, je crois que je commençais en fait juste à m'y habitué. Ce qui n'était pas une bonne chose. Qu'allait-il advenir de moi si quelqu'un ou quelque chose me surprenait de cette manière ? Encore quelque chose auquel je ne devrais pas penser. Ça ne faisait que m'oppresser. Pour une fois que j'avais un moment de repos, le mieux était d'en profiter au maximum. Je soupira de nouveau et commença à dépecer cette carcasse. Je l'avoue, ça me dégoûtait un peu, tout ce sang qui me dégoulinait sur les doigts, cette odeur de putréfaction, c'était très loin des succulents repas de ma mère, mais je n'avais pas le choix de faire ça, si je voulais survivre, réaliser le rêve de ma mère. Mais cette odeur était si écoeurante, infecte, nauséabonde, qu'il a fallu que je me lève en reculant du corps. Cette odeur était si méphitique, que je commençais même sérieusement à me demander si elle venait vraiment du lièvre.
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𝒯𝒶𝓀ℯ𝓈𝒽𝒾 ℳ𝒾𝒹ℴ𝓇𝒾 [ 𝐃𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐒𝐥𝐚𝐲𝐞𝐫 𝐎𝐂 ☆☽ ]
ActionTakeshi Midori, 16 ans, au moment où je raconte mon histoire. Je suis devenu pourfendeur à l'âge de 14 ans pour unique but : survivre. Ma vie d'avant était pour moi d'un banal et d'une facilité sans fin. Je vivais dans une grande maison de riche ave...