Ce matin-là, mon sommeil fut brusquement interrompu par un bruit des plus insupportables. Un bruit métallique comme si, au hasard, Ōji était en train de frapper deux chaudrons l'un contre l'autre en guise d'alarme pour me réveiller.
- Allerrrr ! On se réveille, l'endormi ! C'est le matinnnn !
Pour prolonger mon déni le plus longtemps possible, je me suis enfuis la tête sous la couverture, cherchant refuge dans l'obscurité, mais Ōji m'a rudement arraché ma carapace et a continué de faire du vacarme en percutant ses deux foutus chaudrons ensemble, ce qui m'a vite rendu fou en raison de mon hypersensibilité au bruit. J'étais recroquevillé sur moi-même, les mains sur les oreilles, pour empêcher ces atroces résonances de me pénétrer dans le conduit auditif, mais en vain. J'étais presque entrain de pleurer de douleur et d'agacement.
- Ō-Ōji arrête..!
Satisfait de me voir maintenant dans l'inconfort, Ōji me déclara bien réveillé et, pour couronner le tout, cessa son chahut en laissant tomber bruyamment ses deux pots de métal qu'il utilisait pour perturber mon sommeil, au sol, ce qui fit à nouveau, beaucoup de bruit.
- On reprend ton apprentissage ce matin ! On a pas une seconde à perdre, on a du pain sur la planche !
Toujours un peu ensommeillé, je me fis extirpé du lit par le bras. Ōji m'entraîna en vitesse dehors contre mon plein gré en prenant au passage un katana en bois qu'il me céda un peu plus loin, à l'entrée d'un petit sentier qui était non loin de la cabane. Celui-ci menait visiblement vers le sommet d'une montagne que je n'avais d'ailleurs jamais osé gravir depuis que je demeure ici en raison de son altitude. L'air y était bien trop rare pour s'y aventurer et j'espérais que Ōji soit du même avis. Pourquoi diable de si bon matin il aurait voulu me faire faire escalader cette montagne peu oxygénée, surtout que la température et la météo laissaient toutes les deux à désirer ? Comme si ça ne suffisait pas, au loin, nous pouvions apercevoir qu'un épais brouillard submergeait le sentier, rien qu'un peu plus haut. Je me suis donc vite retourné vers Ōji en priant pour qu'il n'ait pas prévu quelque chose avec ce sentier, mais son visage ne me disait rien qui vaille.
- ..Oh non.. Ne me dis pas que—
- Et si ! On va tout d'abord s'assurer que tu aies les capacités requises pour devenir pourfendeurs ! Follow me ! This way !
- Ō-Ōji attend..!
Ōji était déjà parti en flèche vers le sommet du mont et il commençait déjà à être difficile pour moi de le distinguer avec tout ce brouillard en restant planté là, à le regarder. Je venais à peine de me lever, alors il fallut un petit moment à mon cerveau pour s'adapter à la situation et pour bien comprendre ce qui m'attendait. Je n'avais malheureusement pas d'autre choix.. Sinon Ōji allait me défoncer, il pouvait faire ce qu'il voulait, c'était mon maître d'arme après tout. Il possédait malheureusement un brin de supériorité par rapport à moi. Il avait accepté de me rendre service en m'apprenant ses techniques pour que je puisse venger ma mère, ce qui me restait à faire, c'était de l'écouter et d'entreprendre ce qu'il me disait. Katana en main, je me suis mis à courir sur les mêmes pas que lui ; j'ai donc pénétré cette dense brume. Ma course venait de débuter. La pente était pour le moment douce, mais je me débattais quand même déjà pour avancer sur celle-ci. Ce brouillard, qui en plus, troublait mon champ de vision, ne m'aidait guère dans ma quête. Je ne compte même plus les fois où, pendant le trajet, j'ai failli trébucher sur des racines et cailloux ou les fois où j'ai failli me pendre des branches d'arbres en courant car je ne voyais même pas à un mètre devant moi. Mon sens de l'observation, mon stress et mon cardio étaient mis à rude épreuve avec ce parcours improvisé. Mon cœur battait déjà si vite que je croyais qu'il allait exploser. J'avais peur de ne pas y arriver et de ne pas m'en sortir indemne. Je craingnais également de me perdre car j'avais tellement du mal à repérer Ōji désormais, que les seules choses sur lesquelles je pouvais me fier pour un minimum m'orienter sur sa piste étaient ses empreintes qu'il laissait au sol et ses rires de satisfaction qui devenaient d'ailleurs de plus en plus distants de ma position. Mais une autre difficulté devait se joindre à la fête, ce n'était pas drôle sinon. Cet obstacle n'était autre que le peu d'oxygène qui se trouvait sur le mont et qui commençait à me peser sur le corps. Plus nous grimpions en altitude, plus l'air se faisait rare. Mon corps tout entier avait déjà du mal à tenir la cadence. L'air se raréfiant, mes poumons ne pouvaient oxygéner l'intégralité de celui-ci et donc me fournir de l'énergie et de la force pour continuer mon chemin. Je me sentais de plus en plus faible et vulnérable, ma vision, elle, commençait même à s'obscurcir tout doucement.. Ma tête, par fatigue, commençait à faire apparaître la silhouette de mon père partout autour moi sur mon trajet car elle savait que j'en étais terrifié. J'étais à deux doigts de flancher et je priais tout de même pour tenir bon, mais Ōji ne me montrait aucun signe d'arrêt.
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𝒯𝒶𝓀ℯ𝓈𝒽𝒾 ℳ𝒾𝒹ℴ𝓇𝒾 [ 𝐃𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐒𝐥𝐚𝐲𝐞𝐫 𝐎𝐂 ☆☽ ]
ActionTakeshi Midori, 16 ans, au moment où je raconte mon histoire. Je suis devenu pourfendeur à l'âge de 14 ans pour unique but : survivre. Ma vie d'avant était pour moi d'un banal et d'une facilité sans fin. Je vivais dans une grande maison de riche ave...