Touchée

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Il lui fallait jouer dans la finesse et la rapidité. Pour le moment, elle n'avait aucune idée de qui avait survécu ou non. Que ce soit l'équipe au sol ou le crash, silence radio total. La panique ne la prenait pas et au contraire une maîtrise de soi implacable dirigeait tous ses mouvements et son esprit. Après tout, elle avait été entraînée pour gérer ce genre de situation et c'était un peu son quotidien avec la 141. Ça lui rappelait méchamment Las Alma's lorsque Graves avait eu l'idée géniale de les traquer comme de vulgaires lapins, les obligeant à se débrouiller et à pousser leurs limites pour se rejoindre mutuellement. Sauf que cette fois ci, le lapin chassé était la Shadow, ça lui ferait les pattes à celui la. Qu'il voit un peu ce que ça faisait. Sauf s'il était mort... Ce qu'elle ne souhaitait pas.

Elle avançait dans le plus grand des silences à travers les fourrées de la forêt, restant en alerte pour la moindre petite anomalie. L'ennemi pouvait lui tomber dessus à tout moment. Elle avait beau être un soldat expérimenté, seul face à toute une troupe de soldats... Le calcul était vite fait. Le brouillard était toujours présent, ce qui jouait en sa faveur, elle était presque invisible. Mais si elle-même était bien cachée, les autres aussi... Elle ne voyait même pas à plus de deux mètres devant elle, ce qui l'incitait à être plus vigilante encore.

Des voix se firent entendre sur sa gauche et elle tourna immédiatement son canon vers leurs directions. Prenant le temps d'écouter elle compris vite que ça ne parlait pas anglais... Une patrouille ? La plainte qui suivit les quelques paroles, et cette fois-ci dans sa langue, lui firent comprendre que certains Shadow avaient été attrapés. Positionnant son arme dans son dos elle se mit à terre et rampa jusqu'à eux. Jake's se logea entre deux buissons de ronces, à bonne distance tout de même. Elle n'arrivait qu'à distinguer les silhouettes des hommes en face, impossible de savoir qui avait été pris. En revanche, le nombre pouvait être connu, trois soldats s'étaient agenouillés et un autre se faisait malmener par leurs opposants. Tout en essayant de minimiser ses bruits, elle commença à attraper ses lunettes accrochées à sa ceinture quand la radio se mit soudainement à marcher. Elle se figea net lorsqu'elle vit les soldats se retourner vers elle. Pendant un moment, pas un seul de ses muscles ne fit le moindre micro-mouvement, même sa respiration était ralentis. Les soldats pointaient leurs armes équipée de lampe torche un peu partout à la recherche de la source de ce bruit et commençaient petit à petit à se calmer.

Radio : Butcher... Reçois ?...But...

Les balles se mirent à fuser autour d'elle. Dans un bon digne d'un chat, elle se releva et courut en sens inverse sans même prendre le temps de se retourner. Les hurlements dans le charabia de leur langue lui collait au derrière. Elle maudissait sous toutes les générations possibles l'imbécile qui avait actionné sa radio à ce moment-là. Plusieurs fois, elle manqua de se prendre un arbre ou de tomber à cause du manque de visibilité, elle peinait à slalomer entre tout les obstacles qu'elle pouvait rencontrer jusqu'à ce que finalement, la chute arrive. Elle poussa un cri en tombant au sol, roulant sur quelques mètres à cause de l'élan. Une douleur aiguë lui prit immédiatement le flanc qu'elle agrippa entre ses mains qui se couvrirent rapidement de sang. Elle avait été touchée. Dans ses longues plaintes de douleur, elle eut un élan de lucidité lorsqu'elle entendit les voix se rapprocher. L'adrénaline faisant son effet, elle se tourna face à eux et recula en se traînant avec ses bras jusqu'à un arbre. Le lieutenant agrippa son arme de point et la dirigea face à elle. Les voix se rapprochaient de plus en plus, faisant battre son cœur dans un rythme effréné. Ils avaient arrêté de tirer après ses hurlements, sachant donc que leur cible était à terre, ne restait plus qu'à aller la cueillir. Son regard basculait de droite à gauche pour tenter de ne pas se faire surprendre et un coup partit lorsque l'un de ses traqueurs se démarqua dans la brume. Elle le toucha au bras, le clouant au sol. Encore un coup, un ennemi abattu. Elle ne savait pas combien ils étaient et l'énorme cercle jaune qui se dessinait dans le brouillard ne lui indiquait rien de bon. Elle resserra sa prise sur son arme, bien décidée à ne pas leur rendre la tâche facile quand une seconde pluie de balle déferla derrière elle. Elle se recroquevilla sur elle-même afin d'être protégé au maximum par l'arbre contre son dos. Les Shadows apparurent à côtés d'elle juste à ce moment-là, formant un cercle autour d'elle pour la couvrir.

Graves : finissez-moi ces salopards !

Elle sentit son gilet tactique être agrippé et se fit emmener plus loin en arrière. Graves la lâcha sans délicatesse au sol. Décrochant son regard des combats elle planta son regard dans celui de Graves et sentit toute sa colère contenue resurgir.

Hailey : je ne sais pas ce qui me retient de t'arracher les yeux !

Graves : calme-toi Mère-Thérésa, t'est blessé ?

Hailey : non. J'adore porter du rouge sur mon uniforme, ça contraste bien !

Les tirs se firent de plus en plus calmes jusqu'à ce qu'un gémissement final n'annonce la fin des combats. Immédiatement après, tous les soldats se regroupèrent autour de leur commandant.

Graves : faut qu'on bouge, d'autres ne vont pas tarder à arriver. Allez, debout.

Graves redressa Hailey qui se mordit fortement la lèvre pour ne pas hurler de douleur, la douleur de sa blessure se montrant de plus en plus vive. Il fit passer son épaule par-dessus les siennes pour la soutenir, indiquant à un de ses soldats de l'aider dans sa tâche.

Graves : il faut qu'on rejoigne le point d'extraction, il est pas loin. J'ai déjà contacté une équipe de renfort.

Hailey : ne compte plus jamais sur moi pour venir t'accompagner dans tes coups foireux !

Il préféra ne pas relever pour le moment, il avait d'autres choses à penser. Toute la compagnie se mit donc en marche pour attendre le point de rendez-vous. Ils mirent un petit moment avant de l'atteindre. C'était une petite clairière au milieu de la forêt, pas le plus idéal pour se cacher, mais ils n'avaient pas vraiment le choix s'ils voulaient qu'un avion puisse passer ici. Une fois arrivée, Hailey se sentit soudainement faible lorsqu'elle fut mise au sol. Son teint blafard et son regard vitreux témoignant des dégâts de l'hémorragie.

Graves : surveillez chaque recoin de cette clairière, j'en veux pas un seul qui passe !

Soldat : commandant !!

Philip se retourna vers celui qui venait de l'appeler. Il vit la pâleur de Jake's et ne se sentit pas du tout rassuré par ce que ça annonçait. Leur médecin ayant été tué pendant le crash, il allait devoir faire avec les moyens du bord. Il arracha un morceau de tissus de son uniforme et se pencha sur le lieutenant pour appuyer sur la plaie.

Graves : ce n'est pas le moment de me lâcher Butcher, pas maintenant !

Un soldat lui tendit une gourde d'eau et il s'empressa de faire boire la blessée qui toussa sous l'arrivée du liquide. Il tapota rapidement sa joue pour la faire revenir parmi eux, ce qui sembla marché. Complètement dans le gaz à cause de la perte de sang, Hailey était consciente mais gardait les yeux fermés. Le silence était pesant, on entendait seulement le vent et les animaux environnants.

Graves : t'ai toujours avec moi ?

Hailey : tu vas te faire massacrer...

Graves : ça, je suis au courant, merci.

Un rire fatigué lui échappa, grimaçant tout de suite après et posant par réflexe sa main sur son flanc endommagé.

Hailey : oooh...Ce que t'est dans la merde...

Graves : ça t'amuse ?

Hailey : forcer un lieutenant de la 141 à venir avec toi, c'était déjà gros...Le ramener dans cet état...C'était peut-être mieux le C4 au final...

Graves : arrête tes conneries et garde t'est force Jake's.

Hailey : j'espère que tu cours vite l'éclopé, parce que quand je pourrais me tenir debout...

Graves : si t'arrives à me faire des menaces, c'est que ça ne va pas si mal que ça.

Hailey : je suis blessée, j'ai tous les droits. Si j'ai envie de dire des co-...

L'évanouissement était inévitable et au final ça ne déplaisait pas à Graves qui avait enfin la paix. Il s'assurait tout de même de son rythme cardiaque en même temps que de compresser sa plaie, il ne fallait pas non plus qu'elle lui claque entre les doigts. C'était un ticket assuré pour le cimetière sinon...

L'évacuation pu enfin se faire quand l'appareil de secours arriva. Jake's fut chargé la première et immédiatement prit en charge par le médecin à bord. Heureusement, la balle n'avait touché aucun organe, n'enclenchant pas son pronostique vital. Graves était rassuré de la savoir hors de danger, mais maintenant, il craignait fortement pour son derrière...

Le pardon s'accordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant