Chapitre 1

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Eli Callway

Los Angeles, États-Unis


...


— Elle est en retard.

  Marc soupire lourdement en me jetant un regard qui se veut menaçant. Ça ne fait que dix minutes que nous sommes là qu'il n'en peut déjà plus.

  — Il est quatorze heures trente, et le rendez-vous est à quatorze heures trente.

  Je jette un regard à ma montre qui indique quatorze heures trente et vingt-cinq secondes.

  — Elle est quand même en retard.

  — Si elle ne prend pas la fuite après t'avoir rencontré, c'est qu'elle est vraiment déterminée à obtenir ce rôle. C'est très ironique, tu te rends compte, Eli ? Harper Benway passe un entretien pour savoir si elle peut jouer dans un film alors que tous les autres se l'arrachent sans se poser de questions.

  — Je m'en fous qu'elle soit aussi connue que Rihanna, et ça je te l'ai déjà dit.

  Son exaspération est compréhensible, je ne lui facilite pas la tâche. Pourtant je sais que son boulot le stresse pas mal, je pourrais faire un effort pour être compréhensif, mais quand il s'agit de mon livre qui s'apprête à faire son arrivée sur le grand écran, je veux que tout soit parfait, c'est plus fort que moi.

  — Tu sais quoi ? Je ne veux pas voir le carnage qui va suivre, annonce Marc en pointant l'extérieur où une limousine noire se gare. Elle est arrivée, tâche d'être aimable, tu ne trouveras pas deux actrices comme elle.

  Il s'éclipse dans une autre salle pendant que j'observe l'agitation qui se fait autour de la voiture qui vient d'arriver. Il y a des journalistes, beaucoup de journalistes, tous à l'affût de la moindre photo qu'ils pourraient prendre d'Harper Benway.

Quand elle se décide finalement à sortir de la limousine, son visage n'est pas visible, caché par un parapluie tenu par un de ses nombreux gardes du corps. Il faut dire que la météo n'est pas top ces derniers jours à Los Angeles, la pluie a fait son grand retour et compte bien s'installer sur la région pendant quelques temps.

Même en étant à l'intérieur et à un étage au-dessus de Harper Benway et tous les paparazzis qui l'entourent, j'entends parfaitement les cliquetis des appareils photos, les journalistes qui tentent d'obtenir des réponses à leurs questions et la pluie qui tombe sur ce spectacle, n'épargnant personne.

L'actrice s'arrête quelques fois pour poser rapidement et sourire aux photographes qui n'attendent que ça.

Après de longues minutes à attendre que cette scène ridicule se termine, les gardes du corps d'Harper Benway la font entrer dans le café dans lequel nous avons rendez-vous. Bien évidemment mon éditeur a insisté pour réserver tout l'étage pour que personne ne nous dérange. Monopoliser un espace public me dérange plus que tout, mais sur ce point, je n'ai malheureusement pas eu mon mot à dire.

Quelques minutes supplémentaires écoulées et Harper Benway fait enfin son apparition dans la salle où je suis seul attablé à une table.

Je suis étonné de constater qu'elle n'est pas accompagnée d'un de ses gardes du corps.

— Bonjour, me salue-t-elle avec un sourire qui va jusqu'à ses oreilles.

Je la détaille pendant qu'elle s'installe face à moi et retire son manteau.

— Bonjour, réponds-je.

Elle sourit encore plus et s'assoit sur la chaise juste en face de la mienne. Elle me tend sa main que je fixe.

The Universe Between UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant