Chapitre 24

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Harper Benway

Los Angeles, États-Unis





...


Les mini-bus empruntés par l'équipe du studio se garent un à un sur le parking réservé pour aujourd'hui. Une autre équipe est déjà là, arrivée bien plus tôt ce matin afin d'installer le matériel de tournage.

Logan n'a pas menti : c'est le déluge ici. Contrairement à Los Angeles où il n'y avait que quelques gouttes de pluie, ici ce sont de véritables trombes d'eau qui tombent. Le temps désastreux me donne envie de rester assise dans mon siège toute la journée en attendant que ça passe, mais c'est sans compter sur Katerina qui m'attrape le bras pour me forcer à sortir de là. Je râle en trainant un peu des pieds.

Aussitôt les pieds dehors, nous courons jusqu'aux abris de fortunes installés. Je ne donne pas trois heures avant qu'ils ne s'envolent ou se cassent. Sérieusement, ces espèces de tentes ne vont pas supporter de telles rafales de pluie et de vent.

J'enfonce mon menton dans mon manteau en tentant de me réchauffer un peu.

Mais très vite je comprends que je vais devoir abandonner mon manteau pour me vêtir de ma tenue prévue pour la scène d'aujourd'hui. Je file alors dans ma loge un peu bancale et souffle en découvrant sur le portant de vêtements, un jean noir et un t-shirt à manches longues bleu électrique.

Ce n'est pas ça qui va me protéger contre un vilain rhume.

Si à la fin de cette journée je ne suis pas tombée malade, c'est que j'ai vraiment un système immunitaire hors du commun. Mais je sens que ce n'est pas le cas, je suis déjà en train de frissonner au moment de retirer mon gros manteau réconfortant.

En sortant de la tente, on me tend un k-way que j'enfile sans plus attendre.

Comme je m'y attendais, la matinée est longue et passe au ralenti. Harry et moi jouons au total deux scènes, dont une qui est relativement brève. Après ça on nous accorde une pause déjeuner bien méritée à quatorze heures.

Je suis trempée jusqu'aux os bien que j'aie remis mon manteau après la dernière scène que j'ai jouée. Et le comble c'est que je dois garder cette tenue pour la scène prévue cet après-midi. Kat me tend des serviettes pendant que j'avale mon déjeuner. Je m'enroule du mieux que possible dedans en grelottant.

Soudain je remarque Eli qui s'installe en face de moi, son sandwich dans les mains.

Ses yeux me scrutent avant qu'il ne dise :

— Je pensais que dans les films la pluie était toujours fausse.

En théorie elle l'est quasiment toujours.

— Normalement oui, mais disons que Logan préfère que ça soit authentique. Alors il a sauté sur l'occasion, surtout que faire de la fausse pluie ça rajoute un coût.

Eli roule des yeux.

— C'est pas l'argent qui lui manque.

Je lâche un rire sincère.

C'est tellement vrai, il pourrait très bien investir dans les machines nécessaires pour de la fausse pluie, mais il est trop radin pour ça. Il revendique des raisons pratiques et écologiques mais tout le monde sait que c'est juste pour se faire un plus large bénéfice.

— Allez, tout le monde en place, on reprend ! lance Joan, le réalisateur.

Je souffle en finissant d'avaler mon morceau de pain et regagne l'extérieur où la pluie se fait toujours aussi abondante et violente.




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