Chapitre 14

191 30 3
                                    





Harper Benway

Los Angeles, États-Unis





...



Eli a réservé dans un restaurant que je ne connais pas. À première vue il me semble plutôt chic. Tous les clients sont bien habillés, des tableaux sont accrochés aux murs et les fenêtres du restaurant offrent une vue imprenable sur les montagnes de Los Angeles. C'est tout simplement magnifique.

— Veuillez me suivre, nous indique un serveur pour nous mener jusqu'à notre table.

La table en question est située juste à côté d'une fenêtre panoramique qui nous renvoie une vue splendide.

Eli est mon faux copain pourtant rien qu'en m'emmenant ici il a fait plus qu'a pu faire Antonio pendant l'année où nous étions ensemble. Il ne s'est jamais foulé pour les rencards, quand il me proposait qu'on fasse un truc il m'emmenait au cinéma à chaque fois. Quand c'était moi qui l'invitais en revanche, on allait au restaurant, je l'emmenais dans des parcs... enfin je faisais des efforts par rapport à lui.

Nous nous installons l'un en face de l'autre dans le silence. Je retire mon manteau et tout de suite, je vois le regard d'Eli se poser sur ma tenue. Il l'observe quelques secondes sans se rendre compte que je le regarde.

Il finit par enlever son manteau lui aussi en lançant :

— Tu crois que y aura des photographes ?

Mon regard balaie la salle.

— Ça ne devrait pas tarder. Y a déjà certains clients qui nous ont reconnu, alors l'info devrait pas tarder à remonter aux oreilles des journalistes.

— J'espère qu'ils vont pas nous... enfin te fixer pendant tout le repas. Ça va vite devenir gênant.

Je tourne la tête vers lui.

— Les gens te regardent aussi, Eli.

Un léger rire lui échappe et il joue avec la serviette posée sur la table avec ses doigts, dans un geste un peu nerveux.

— C'est toi la star internationale, pas moi.

— Quand le film sortira, beaucoup plus de monde te reconnaitra. Tu vas aller sur le tapis rouge et tout ça, donc les gens vont découvrir l'auteur de The Last Chance.

— Ça ne me dérange pas de ne pas être reconnu, c'est même plutôt pratique, en fait. J'ai vendu des milliers de bouquins mais je peux toujours marcher dans la rue sans qu'on ne m'interpelle. Alors que toi...

Je rigole.

— Moi je ne peux pas faire deux pas sans être arrêtée ! C'est pour ça que j'ai deux identités, même si y en a une qui est fausse.

— Jane West, se rappelle-t-il.

J'hoche la tête.

— Et toi Paul Wesley. Tu verras, cette fausse identité te servira quand les gens sauront mieux qui tu es.

— Tu deviens Jane à chaque fois que tu sors de chez toi ?

— Quasiment oui. Enfin sauf quand je vais chez mes parents ou que je vais voir mes amis, mais sinon oui. C'est pour ça qu'il n'y aucune photo de moi prise à mon insu, parce qu'il suffit d'une perruque, des lentilles et une paire de lunettes pour devenir une nouvelle personne.

Un serveur nous apporte les cartes avant qu'il ne puisse répondre. On le remercie et au moment de s'éclipser, il me fixe une seconde de trop pour que je ne comprenne pas qu'il m'a reconnue. Je souris gentiment en attendant qu'il parte, ce qu'il finit par faire.

The Universe Between UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant