Chapitre 15: Jenny

195 10 0
                                    


J'ai fait tomber ce carnet, la reine des gourdes c'est moi. Il en renferme tellement, ce sont les phrases, les gestes qu'il me fait au quotidien, je ne peux pas dire que c'est un journal intime mais plutôt des mémoires de lui, pour ne jamais oublier.

"La prochaine fois je tournerais sept fois ma langue dans ta bouche"
Ou bien ce mot "je pense à toi, parle-moi" tout y est, tout ! Si il tombe dessus je passerais pour une folle de première.
Je m'endors en relisant ce "je t'aime" indélébile.

Le matin je me lève oubliant complètement qu'il venait me chercher. Je déjeune des céréales sans lait encore une fois, ça va devenir une habitude, peut être que la confiture sans pain sera agréable au final. J'entends frapper à la porte. J'ouvre, ce n'est pas la personne que j'attendais.

- Reese, tu fais quoi là? Maintenant je suis énervée.

- Je venais m'excuser.

- Tu te fous de moi, ce que tu as fait est inexcusable ! Tu m'as droguée pour ensuite profiter de moi ! Comment tu sais où j'habite d'ailleurs ! Maintenant casse-toi, car le verre que je t'ai promis risque d'arriver bientôt.

- Mais écoute-moi un peu Jen.

- Seuls mes amis me donne des surnoms.

- Jennyfer j'étais alcoolisé.. Il n'a pas le temps de finir sa phrase que l'on entend une voiture et une voix furibonde s'en échapper. Fallait-il prévoir qu'il allait arriver? Il sort et lance des injures.

- Tu n'as rien à foutre là ok, casse toi.

- Je viens m'excuser.

- T'excuser, c'est ma copine ok ! Il se jette sur lui et lui donne un coup de poing, se relève et lui donne des coups de pied.

- Dean, tu vas le tuer arrête ! Je crie ces mots, et je tremble, l'adrénaline monte en moi.

- Il mérite que ça, ce salop ! Il l'attrape et le jette près de sa voiture.

- Maintenant tu te casses, sinon je te tue ok !

Je ne l'avais jamais vu aussi violent. Il s'avance vers moi et j'ai un geste de recul qu'il remarque aussitôt.

- Je ne te ferais pas de mal Jen.

- Je sais, mais regarde tes mains. Ses mains sont en sang, il n'a reçu aucun coup mais en a donné plus qu'il n'en fallait. Je vois qu'il commence à trembler, cette foutue addiction me laisse perplexe, et si elle prenait le dessus sur notre amour.

- Rentre à l'intérieur, on va regarder ça.
- Je veux pas rencontrer ta grand-mère dans ces circonstances.

- Elle dort encore, viens.

Il me suit, jusqu'à la salle de bain, je lui nettoie les plaies qui sont ouvertes plus que je ne l'avais prévu. Il pose sa main sur ma joue et m'embrasse, un geste dont il a besoin à ce moment, un geste de détresse, j'en avais besoin aussi apparemment.

- Je suis venu en avance pour passer du temps avec toi, mais c'est avec un connard que je l'ai passé.

- Je suis à toi là. Le malice s'installe dans ses yeux.

- Allez viens on ne va pas être en retard au cours de philo, Rebecca va encore dire que nous étions aux toilettes, bien que nous soyons dans un lieu assez proche.

Le cours commence.

- Aujourd'hui, rédaction sur : "l'homme et ses humeurs" vous allez choisir une humeur que vous allez expliquer, analyser, puis donner votre point de vue. Vous avez deux heures.
Un sujet auquel je ne m'étais pas préparée, pourtant après ce qu'il s'est passé ce matin, j'ai tellement d'idées qui me surviennent. Colère, amour, et j'en passe. Je décide de faire ce sujet sur nous avant tout, on éprouve de l'amour. Je me plonge à la tâche et remarque que j'ai déjà deux copies remplies. Je les rends au professeur. Dean, sur quoi a-t-il écrit ? Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête, c'est confus parfois.

Il est encore à sa table, il est si beau, je comprends pourquoi je suis amoureuse de lui. Il se lève et me tend un baiser avant de rendre sa copie, mais pas au prof, à moi.

- Tiens, lis-le.

- Tu le donnes pas au prof ?

- Je pense qu'il te sera plus utile à toi. On se revoit ce soir, à la sortie, je t'aime.

- Je t'aime aussi.

Apparemment il a une envie subite de me dire ce qu'il pense. Je continue ma journée en attendant le soir pour lire, comment je pourrais appeler ça, ne sachant le contenu, une lettre ? Une déclaration ?

Je l'attends sur le parking et il arrive lui aussi.

- Tu montes? je te ramène.

Un silence pèse dans cette voiture, je remets la faute sur cette chose pleine de phrases, de pensées. On arrive et il ne descend pas.

- Pourquoi cette distance d'un seul coup ?

- Car je préfère prendre du recul et attendre ta façon de penser après ce que j'ai écrit.

- Je ne veux pas que tu prennes du recul, c'est si soudain.

- Il le faut, je t'aime. Il s'en va et je reste plantée là, à attendre qu'il revienne, peu probable alors je rentre.

- Hola, ce soir spécialité espagnole !

- Je n'ai pas faim. Je pars dans ma chambre et commence cette lecture que je redoute maintenant qu'il veut prendre du "recul".

"Je t'écris dans l'espoir que tu comprennes qui je suis à l'intérieur, ce que je pense de toi, de nous, de tout.
Ma vie a pris fin après la mort de ma mère, plus aucun espoir ne coulait en moi. Elle était tout pour moi, ma vie, ma mère après tout. J'ai commencé à me droguer et j'étais entraîné par énormément de gens qui me disaient que ça faisait du bien, je n'ai plus arrêté, jusqu'à en être réellement dépendant. Je ne compte même plus les années passées après la mort de ma mère, défoncé constamment, il n'y avait plus aucun espoir à ce moment, juste des montagnes de souffrance, j'en ai abandonné mon père à ce moment et maintenant il vit je ne sais trop où, pas qu'il me manque, pas lui, je sais qu'il est en vie. Je me suis fait mon tatouage deux semaines après la mort de ma mère, un hommage, même si je n'ai pas suivi son conseil. Puis d'un coup tout a changé, tu m'as bousculé dans ce couloir et j'ai vu de l'espoir dans tes yeux, je suis devenu à ce moment là précisément dépendant de toi. Je ne lis pas forcément, mais regarde des films, l'amour gagne toujours sur les problèmes d'une histoire pas vrai ? C'est ce que je crois, vu que je le vis au quotidien. Les premiers contacts avec toi ont été décisifs, cette agression qui t'as faite finir en serviette dans mon appart et tu m'as charmé, ce qui a fonctionné crois-moi. Par la suite il y a eu le soir où je t'ai insultée à la librairie et le soir même tu es venue chez moi et là le signe d'espoir le plus puissant du monde, un premier baiser. C'était trop tard pour reculer, j'étais engagé avec toi parce que je t'aimais déjà à ce moment là mais je ne le savais pas vraiment. A propos de ce "je t'aime", tu me l'as dit en premier et ma réaction n'était pas contrôlée, si tu penses que j'avais des doutes sur mes sentiments ce jour là, c'est faux. J'avais des doutes sur ce que que je pouvais t'apporter, si je pouvais te satisfaire. Je t'aime plus que tu ne l'imagines à vrai dire je t'aime à en avoir peur que tu me laisses pour quelqu'un de mieux, quelqu'un qui n'a pas un passé de dépressif. Aime-moi comme moi je t'aime."

Maintenant je sais que c'est une déclaration, je pense à sa phrase "prendre du recul", pourquoi voudrait-il que je prenne du recul, c'est tellement beau ce qu'il a écrit. J'entends toquer à ma fenêtre. C'est lui.

- Tu fais quoi ici ?

- J'avais besoin de te voir.

- C'est toi qui veux prendre du recul, alors qu'il n'y a aucune raison, ton passé c'est ton passé, on vit dans le présent.

- Oui mais je te l'ai dit tu pourrais me laisser pour quelqu'un de mieux..

- Mais écoute-moi l'important n'est pas ce que tu es, mais ce que tu as envie d'être !

- J'ai envie d'être avec toi, c'est la seule chose qui compte à mes yeux.

- Alors laissons-nous aller.

Sur ce, il ressort de ma chambre par la fenêtre après m'avoir embrassée.

- Je te retrouve demain, et demain soir on sort alors n'oublie pas de te préparer.

Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il est déjà dans sa voiture.
Je suis dans une relation stable ! Du moins je pense.

Espoir 156Où les histoires vivent. Découvrez maintenant