Chapitre 21: Jenny

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Je ne sais même pas pourquoi je parle avec Lucas, pour être sympa avec le nouveau ? Ou pour, lui, le rendre jaloux ?

J'ai beaucoup plus de mal que prévu à le revoir, une souffrance intérieure m'a traversée le cœur quand il est entré dans la salle, alors faire semblant de rire aux blagues de Lucas était la seule solution contre cette douleur. Il est parti à cause de moi et maintenant où va-t'il, et si il retournait faire ses conneries..

Les heures passent, les jours et ça fait deux semaines que je ne l'ai pas revu mais je relis sans cesse ce message qu'il m'a envoyé , le seul, et maintenant je suis mal, très mal, je ne mange plus, ne dors plus j'ai déjà perdu 7 kilos, les cernes se dessinent sous mes yeux, je pense être un cas dépressif.. Je souffre énormément de cette perte, essayant de me nourrir comme je peux mais ça ne passe pas, pas du tout et tout ce que j'ingère finit dans les toilettes alors autant ne pas manger, même boire c'est limite. On pourrait presque dire que je suis morte si je ne respirais pas.

Ce matin est pire que tous ces matins : je suis arrivée à un stade où je dors debout, pourquoi ça m'arrive à moi ? Je m'installe en philo et j'ai abandonné de parler à Lucas alors je me retrouve avec un siège vide à mes côtés. En fait ce siège n'est pas vide il est plein de son sourire, de son regard, de ces moments de fous rires, je me surprends à le chercher tout de même quand soudain il arrive avec Rebecca et pour faire comme si tout était normal il se met à la table devant moi avec elle, il me jette un regard puis je vois la dépravation dans ses yeux, clairement il est défoncé, je suis en face de ce spectacle, impuissante. Rebecca se retourne vers moi:

- Salut chérie, tu ne trouves pas qu'il ait l'air bien mieux avec moi ? Je suis plus à son goût, pas comme toi, une petite sorte de sainte non merci.

Ma réaction fut instinctive, je me lève et la prends par la tignasse, la jettes par terre pour ensuite la frapper comme je le peux, je me découvre une force que je n'avais plus eu depuis longtemps. On essaye de me séparer d'elle, quand je me sens soulevée, regarde et le vois...

- Calme-toi Jenny. Il m'emmène dans le couloir.

- Comment veux-tu que je me calme! Tu arrives là défoncé avec cette petasse, elle me cherche? elle m'a trouvée !

- Maintenant que tu as défoncé cette prostituée à deux balles, tu veux bien te calmer, tu vas avoir des problèmes encore plus que là. Il enroule ses bras autour de mon corps pour me serrer contre lui, je sens enfin ce qu'il me manquait, cette dose de lui.

- Dean tu m'as terriblement manqué..

- Toi aussi, ta présence, ton sourire, tes yeux, ta bonne humeur, tout m'a manqué, je m'excuse pour tout..

- Je ne peux pas vivre sans toi Dean, regarde-moi, je suis morte sans toi.

- Tu n'es pas la seule qui a fait des conneries, on a dépéri tous les deux Jenny, je suis bouffé intérieurement.

Le professeur sort avec Rebecca.

- Allez chez le principal maintenant !
J'y vais et explique la situation, apparemment se battre en classe est une habitude dans ce lycée, il n'y aura même pas de répercussions dans mon dossier.

- Deux jours d'exclusion et que ça ne se reproduise plus.

Rebecca me lance un regard, ce qui est drôle c'est que moi je n'ai reçu aucun coup mais elle, elle va avoir un beau bleu sur la joue qui ne se verra même pas sous la couche de maquillage qu'elle pourra mettre.
Dean m'attend à la sortie et à ce moment je reçois un coup de téléphone, ma mère.

- Oui allô.

- Jenny tu m'expliques.

- Tu es marrante de t'inquiéter pour moi quand le lycée t'appelle, tu n'as pas été capable de m'appeler depuis que je suis ici, alors tu sais quoi laisse-moi avec mes problèmes si tu n'es pas capable de savoir que j'en ai ou du moins que j'en ai eu. Je lui raccroche au nez et je me sens on peut dire bien, j'ai réglé mes comptes avec Rebecca et ma mère.

- Pourquoi tu lui as dit ça Jenny ?

- Elle ne comprend rien et ne s'inquiète jamais pour moi.

- Moi je donnerais tout pour avoir ma mère et toi tu veux t'engueuler avec.
Ok il comprend rien mais rien du tout ! Alors je décide de partir.

- Tu vas où ?

- Je me casse salut. Mon ton était plus sec que je l'avais prévu mais tant pis. En rentrant je repense à Dean, il n'a rien fait et je suis partie alors que l'on venait de se retrouver, j'irai m'excuser demain, je ne veux pas le perdre encore une fois.

Je tourne, retourne, enlève la couette puis la remets, j'ai un mauvais pressentiment alors je ne dors pas. Je décide de me lever et d'appeler Dean. "Votre correspondant est indisponible pour le moment" c'est la seule voix que j'entends au bout du fil, je rappelle quatre fois en tout et jamais rien. Je prends ma voiture et décide d'aller chez lui, sur la route je rappelle mais je ne m'attendais pas à ce qui allait suivre.

- Allô Jenny, on a besoin de toi là. C'est Nate qui a une voix inquiète.

- Il se passe quoi ?!

- C'est Dean il est.. Viens.

Je me précipite dans les escaliers, entre et vois Dean sur le sol, l'appartement n'est que dépravation de drogué et d'alcoolique.

- Putain appelez les pompiers.

- C'est le bordel ici on se ferait arrêter par les flics.

- Et c'est une raison pour le laisser dans cet état, la vie de votre pote vous importe tellement peu que vous pouvez le laisser mourir! Un mec arrive à ce moment avec du vomi sur son t-shirt.

- Putain mec on est dans la merde. Je prends la situation en main, le sujet principal n'est pas la drogue qui traîne ici mais l'âme de Dean qui pourrait s'envoler.

- Bon j'appelle les pompiers et vous nettoyez tout ce merdier avant qu'ils n'arrivent, je reste auprès de Dean pour vérifier sa respiration. La porte s'ouvre et les pompiers arrivent en trombe. Je me décale pour qu'ils lui sauvent la vie. Mais il ne vaudrait mieux pas que je les écoute, trop tard.

- Il ne respire plus les gars, il faut l'emmener

- C'est une overdose, on peut le sauver on y va ! Go Go Go !

Ils emportent son corps dans un brancard.

- Je peux vous accompagner ?

- Oui jeune fille venez vite !

Je monte avec lui dans le camion prévu à cet effet. Ils ont réussi à le réanimer, mais pour combien de temps ? On descend, le trajet a duré près de dix minutes, j'attends patiemment et vois deux médecins parler comme si je n'existais pas.

- C'est une overdose.

- Encore un et je meurs.

- Les jeunes aujourd'hui s'en foutent des conséquences, viens on va boire un café. Il y a du professionnalisme a ce que je vois.

Je réfléchis, beaucoup, si j'étais restée avec lui ça ne serait jamais arrivé on serait collés l'un contre l'autre, mais il est collé à un lit d'hôpital et moi une chaise à attendre qu'il se réveille, si ça arrive un jour.

Espoir 156Où les histoires vivent. Découvrez maintenant