Le protecteur partie 1

Chapitre 11 : Sacrifices et trahison

Liam faisait les cent pas dans son salon. Cela faisait deux jours que Djecika aurait dû revenir. Le garçon ne savait que penser. Ce serait-elle faite tuer par des brigands ou des soldats ? Il n'y croyait pas une seconde, elle était bien trop bonne combattante et cavalière pour ça. Aurait-elle été retenue par sa famille ? À supposer qu'elle existe. Non, elle serait revenue si elle voulait réellement se battre aux côtés de Liam et de ses amis. Il savait qu'elle était tenace, elle aurait tenu sa promesse si elle avait été sincère. Et c'était bien ça le problème, le garçon n'osait pas penser, à la troisième possible explication, de son absence. Djecika pouvait être une espionne et lorsqu'elle avait vu l'armée, elle était allée la rejoindre pour leur communiquer des informations. Liam haïssait cette idée mais c'était la plus probable. C'est même ce que tous ses amis, y compris son père, avaient conclu lors de la réunion d'hier. Il leur avait tout raconté et Farnur était entré dans une colère noire, lui disant qu'il était inconscient et qu'il aurait dû écouter les conseils qui lui avaient toujours été donnés. Le garçon était resté muet, il savait que son père avait raison, c'était lui l'idiot dans cette histoire. Il avait mis en danger sa cité, sa famille et ses amis à cause d'une stupide amourette. Depuis lors, le roi avait redoublé de surveillance, envoyant deux patrouilles par jour veiller sur le royaume. L'auberge de Karov était constamment contrôlée par des gardes, à cause de son passage vers le château, et après que Marv eut évoqué le tunnel du vieux Minas, des gardes avaient également été postés là-bas et l'issue avait été condamnée du mieux que possible. Ces endroits étaient les plus dangereux car si Djecika était bel et bien une espionne, ce serait la première chose qu'elle révèlerait. Liam regrettait de lui avoir bêtement montré tous les secrets de la cité sans attendre de la connaître d'avantage. Il espérait de tout son cœur que cela n'était qu'un malentendu et que Djecika reviendrait se battre avec eux en expliquant la cause de son retard.

Il avait passé les deux après-midis à s'entraîner avec sa troupe dans la carrière, cela lui permettait de se concentrer sur autre chose et de laisser de côté ses pensées. Marv, à son grand étonnement, ne lui avait presque pas fait de reproches au sujet de Djecika, Liam lui en était très reconnaissant. À vrai dire, ses amis faisaient comme si de rien n'était, il avait senti qu'ils le ménageaient un peu.

Ce soir, chacun respectivement chez lui, ils étaient tous sur leur garde, leurs armes sur eux. Dès qu'il y aurait une quelconque alarme, ils devaient se retrouver au centre de la cité, et attaquer l'ennemi ensemble, bien que le roi ait interdit à Liam de prendre part à la bataille si cela tournait mal.

Liam était rentré de l'entraînement depuis deux heures, il avait salué les deux soldats qui se trouvaient devant sa porte pour le protéger, bien qu'il trouvât cela inutile, et s'était assis sur son banc de cuir, ses deux épées accrochées dans son dos. En fin d'après-midi, des hommes postés sur les remparts avaient aperçu du mouvement au loin, comme de la poussière se dégageant à la suite d'un troupeau d'animaux, ou peut-être d'une armée. Elle avait néanmoins disparue derrière la forêt d'Ulni avant que la nuit tombe, une patrouille était partie là-bas pour en savoir plus. Elle n'avait, pour l'instant, donnée aucun signe de vie depuis. Liam était inquiet, prêt à jaillir à tout instant hors de sa maison pour aller se battre.

Il était trois heures du matin, Liam était de nouveau campé sur son banc, toujours armé et stressé. La patrouille n'était toujours pas rentrée, bien que les sentinelles n'aient aperçu aucun mouvement suspect en direction de leur cité depuis lors. Il songeait à rejoindre Marv chez lui malgré le fait que les soldats eussent insisté pour qu'il reste en sécurité ici. Farnur pensait que s'il y avait une attaque, le château serait le premier visé, même si Djecika connaissait l'emplacement de sa chambre. Il fallait donc qu'il reste à l'écart, protégé par deux des meilleurs soldats du roi. Mais le jeune homme avait envie de désobéir. Il avait envie de retrouver ses amis, les seules personnes avec qui il se sentait vraiment en sureté, et de se préparer au combat qui, il le sentait, serait pour bientôt.