Le protecteur partie 1

Chapitre 3 : Embuscade

Le lendemain, elle n'eut aucune nouvelle de Liam et de sa troupe, et elle se surprit à en être déçue. Elle se balada dans la cité, à pied cette fois, pour laisser à sa jument un peu de repos. Elle acheta à manger, visita des rues qu'elle n'avait pas encore eu le temps de voir, puis regarda le château qui la dominait de toute sa hauteur. « Je me demande bien à quoi ressemble ses occupants » pensa-t-elle.

Elle continua ainsi à errer toute la journée, espérant croiser un visage familier, mais personne ne vint à sa rencontre.

Alors que le soir tombait, elle retourna à l'auberge, un peu déçue. Certes, elle avait vu de nouveaux endroits, mais la présence du groupe lui manquait plus qu'elle ne l'avait imaginé.

C'était bientôt la fermeture de l'auberge et Karov faisait partir les derniers clients lorsque la porte s'ouvrit violemment. Marv entra, le visage plus sombre que d'habitude. Après avoir esquissé un sourire à Djecika, il murmura quelque chose à Karov qui lui fit signe de le suivre. Djecika remarqua qu'une traînée sanglante zébrait le dos du garçon alors qu'il suivait Karov dans l'arrière-boutique. Elle n'y était jamais allée, le barman ne lui en avait pas donné l'autorisation.

Le jeune homme brun ressortit avec un petit sachet en cuir, puis après avoir fait un signe de la main à Djecika, qui le lui rendit, il repartit aussi rapidement qu'il était venu.

—    Qu'est-ce qu'il a ? demanda-t-elle à sa collègue Emilia.

Celle-ci haussa les épaules.

—    Ça ne vous regarde pas, lui répondit Karov en s'approchant, ce sont des affaires entre lui et moi.

Djecika n'insista pas et termina de nettoyer les tables avant de monter se coucher. Cette histoire la perturbait. C'était la deuxième fois que la troupe refusait de lui dire quelque chose. Elle commençait à se demander si derrière ces visages tout souriants, ne se cachaient pas des secrets un peu plus sombres.

Les jours suivants, elle ne revit toujours pas la troupe, mais à force de se balader dans la cité, elle commença à parler à des gens et à connaitre Farnaël relativement bien. Elle apprit que le roi Farnur ne sortait qu'une fois par mois, seulement accompagné de sa femme et de ses soldats, et qu'il n'avait qu'un seul fils héritier au trône. Il sortait dans la cité afin de saluer ses habitants, puis à l'extérieur pour vérifier que le royaume se portait bien. Cependant, personne ne semblait savoir à quoi ressemblait leur fils. Apparemment il sortait peu, car depuis que Herbert avait envahi les quatre cités et essayait de s'en prendre à Farnaël, ses parents craignaient que quelqu'un tente de le tuer dès qu'il mettrait un pied dehors. Elle apprit également qu'une rumeur courrait selon laquelle une troupe de soldat du royaume d'Attaï serait passée dans une partie éloignée du royaume de Farnaël et aurait tenté de rallier le village qui s'y trouvait, Mérins, au royaume d'Uthuar. Cependant, elle avait été repoussée par des cavaliers anonymes se faisant appeler la Garde de nuit.

Cette nuit-là, elle eut du mal à s'endormir en pensant à tout ce qu'elle avait appris. « Dans moins de deux mois, je ne serais plus là » s'inquiéta-t-elle, « il faut que je trouve le fils du roi avant ».

Alors qu'elle cogitait dans son lit, elle entendit du bruit à la fenêtre. Elle sursauta et se redressa sur son lit. Quelque chose heurta de nouveau les volets dans un claquement sonore. La jeune femme se leva alors puis ouvrit les volets avant de regarder en bas. Une forme bougea dans la ruelle, seulement éclairée par la lune.

—    Djess ! C'est moi Liam, murmura l'ombre.

—    Qu'est-ce que tu fabriques ici à une heure pareille ? lui répondit-elle étonnée.

—    Je voulais te montrer quelque chose, je peux venir ?

—    Euh... la porte de l'auberge est fermée à clef.