le dimanche

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- allô ? commence une voix masculine à l'autre bout du téléphone.

La voix de Marilynn se brise avant qu'elle ne puisse parler, et son interlocuteur comprend directement ce qu'il se passe.

- j'arrive dans 10 minutes. il dit en attendant que la brune acquiesce pour raccrocher.

Cette dernière voulait parler, elle voulait s'efforcer de ne pas exploser tout de suite, mais elle n'a pas réussi.
C'est toujours comme ça avec ses crises d'angoisse, elle sent quand elles montent mais elle ne sait jamais quand elles vont exploser.

Il lui reste dix minutes avant que son sauveur -qu'elle a quand même beaucoup hésité à appeler face aux faits d'hier soir- n'arrive, ce qui lui laisse le temps de prendre une douche chaude pour se détendre.

°°°

La sonnerie de l'appartement retentit au moment où Marilynn déverrouille la porte de la salle de bain.
Elle part alors pour ouvrir en attachant nonchalamment ses cheveux humides, vêtue d'un t-shirt volé dans l'armoire de son père.

- tout ira bien, t'inquiètes pas. dit le brun en secouant devant les yeux de Marilynn le sachet de viennoiseries opaque qu'il tient.

- t'es le meilleur Hugo. elle dit en souriant, se décalant de la porte pour le laisser rentrer.

- raconte moi tout maintenant.

Elle lâche une grande expiration avant de s'assoir sur l'accoudoir du canapé, face au brun allongé sur celui-ci.

- je sais pas pourquoi, ça a commencé à monter et.. elle se coupe. en fait si, elle souffle, je sais exactement pourquoi mais je veux pas l'admettre.

Hugo lui lance un regard interrogateur avant que son regard ne s'illumine. Il déverouille alors son téléphone et regarde la date du jour.

- on est dimanche. elle acquiesce. bon ou mauvais dimanche ?

- malheureusement, ce qui devait être un des bons dimanches sur deux.

- ils t'ont prévenu ?

- quinze minutes avant que ce que je ne t'appelle. la fatigue de la vieille me mettait déjà peu bien, mais je sais toujours passer au dessus de mes pensées anxieuses quand elle concerne ma vie sociale. sauf que là, leur message était la goutte de trop. comment c'est possible, Hugo ? pourquoi ils sont jamais là ? est-ce que.. elle se racle la gorge. est-ce que, c'est à cause d'elle ?

Hugo n'a même pas besoin de regarder où ont déviés les yeux de Marilynn par dessus son épaule, il connaît par cœur le cadre et la photo posés sur la table en verre.

- je suis minable. elle continue, les yeux toujours rivés sur ce cadre. je la connait même pas, putain ! je les connait même pas, eux non plus. est-ce qu'ils me connaissent, moi ? est-ce qu'il aurait préféré connaître Marie, plutôt que Lynn ?

- Lynn, ne te laisse pas emporter par ton anxiété. le recul que tu prends ne t'aide pas.

- mes parents font du favoritisme, tu te rends compte ? dit Marilynn avec un rire ironique, sans avoir écouté les paroles d'Hugo.

- Lynn, ne te laisse pas emporter par ton anxiété. le recul que tu prends ne t'aide pas. il répète à nouveau, d'un ton insistant.

Elle souffle alors et le regarde enfin, les yeux vident.
Hugo se redresse ensuite pour prendre quelque chose dans son sachet, duquel il sort un paquet de cigarettes. Il en prend deux, pour en jeter une à Marilynn qu'elle rattrape au vol, puis il part s'assoir sur le balcon.

Marie, puis LYNN.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant