le passé

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« - Marilynn ? demande une voix que je reconnaîtrais entre toutes.

Je ne réponds pas, puis au fur et à mesure j'entend la voix se rapprocher de ma chambre.

- tu ne rentreras pas. j'ordonne.

- s'il te plaît, Ly..

Mon cri de stupeur à l'entente de la première syllabe de mon surnom coupe la phrase de mon interlocutrice. Malgré la brûlure que ça me donne à la gorge, j'arrive à répliquer.

- pars. »

Son mot résonne en écho dans sa tête et tout devient flou autour d'elle. L'adolescente a l'impression d'être spectatrice de son propre corps depuis le plafond, ou chaque recoin de la pièce disparaît peu à peu.

Elle se sent tomber dans le vide, lui coupant la respiration et la faisant ouvrir les yeux. Elle observe alors les lieux et voit sa chambre, plongée dans le noir, avec pour seule lumière son réveil. Il affiche une heure bien trop matinale que pour être debout.
Aucun bruit ne vient du salon, signe que ses parents ne sont toujours pas revenus depuis le dernier week-end où ils auraient dû.

Sa respiration peine à redescendre, ce pourquoi elle part se chercher un verre d'eau dans la cuisine, en s'assurant préalablement une dernière fois que la maison est bien vide, où la faible lumière de la ville contre la fenêtre du séjour la calme légèrement.

Le pot de sauce pour pesto vide trône encore sur le plan de travail, dans l'attente d'être descendu dans la poubelle de tri, donnant le sourire à Marilynn.
Elle se rappelle de ce moment il y a quelques semaines et visualise ses amis chez elle. Pour autant, elle se rappelle d'un détail qu'elle trouve manquant dans ce souvenir.

Une fois son lit regagné, le verre d'eau à la main, elle déverrouille son téléphone, se met à écrire puis se rallonge, attendant de précieuses minutes pour savoir si elle se rendort ou non.

°°°

Marilynn et Noah se sont parlés toute la nuit. Évidemment, sur une initiative de la jeune femme, après son cauchemar de cette nuit.

La brune n'a pas stipulé au garçon les raisons pour lesquelles elle était réveillée à cette heure-ci, choisissant plutôt d'écrire une anecdote de culture générale pour capter l'attention de l'adolescent.
Ensuite, l'alarme de Marilynn la fait sursauter, elle qui s'attendait à pouvoir dormir au moins une heure avant de devoir aller en cours. Tant pis, s'est-elle dit, parfois des nuits de philosophie apaisent plus que huit heures de sommeil.

Une fois prête et -pour la troisième fois consécutive cette semaine- sans eye-liner, elle sort de chez elle.
Elle ajuste sa tenue et ses lacets dans le miroir du hall de sa résidence, car elle est exceptionnellement en avance. Quand elle relève la tête, son regard heurte les chaussures, le jean, puis la veste ouverte d'une tête aux cheveux familièrement châtains.

- je suis déçu, pour une fois que je voulais prouver mon avance. dit Noah en faisant la moue après lui avoir fait la bise.

Elle rit et le défie de réussir un jour, puis ils partent tous les deux vers leur lycée.

En arrivant, Marilynn aperçoit Hugo au loin qui joue des sourcils en sa direction après avoir observé la personne l'accompagnant.
Elle se contente de ne rien répondre jusqu'à arriver à sa hauteur, Noah toujours à ses côtés.

- comment on fait pour désigner un retardaire si vous arrivez en même temps maintenant ? commence l'aîné.

- j'avoue, peut-être que l'un d'eux a peur de ne pas être à l'heure et se cale sur l'horaire exacte de l'autre.. ironise Alice en plissant les yeux pour mimer un interrogatoire.

Marie, puis LYNN.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant