Antagoniste [YUNHO]

Chapitre 2

Je hume la délicieuse odeur émanant de sa peau. Un vrai délice.
Je passe ma langue sur mes lèvres, sentant la pointe d'une de mes canines faire son apparition, alors que je me délecte de ce doux parfum. J'en ai l'eau à la bouche alors que j'observe sa nuque à découvert, à ma merci. J'en salive d'avance rien que d'imaginer le goût que peut avoir le nectar divin qui coule dans ses veines.

Mon regard se promène sur son corps, son dos nu, remonte le long de ses épaules puissantes, pour venir effleurer sa nuque délicate. Un vrai bonheur pour mes sens en ébullition. Je perçois d'ici le sang pulser et affleurer sous la peau fine de son cou. Je laisse glisser mes doigts le long de sa colonne vertébrale, focalisant toute mon attention sur l'objet de mon désir. J'effleure les cheveux sur sa nuque.

Je me penche lentement, toutes canines dehors, ne pouvant me réfréner plus longtemps ...

Comment en suis-je arrivée là ?

Pour cela il faut remonter quelques heures plus tôt. Oui, seulement quelques heures.

......

Je quitte l'hôpital, faisant signe à un collègue rentrant également chez lui et lui souhaitant un bon weekend.
Puis je me retourne et perds brusquement mon sourire. Je poursuis ma route d'un pas assuré. J'ai des crampes aux joues à devoir maintenir ce sourire de façade à longueur de journée. Les gens sont tellement naïfs. Un petit sourire et ils pensent que la vie est belle, que les oiseaux chantent et que tout va bien dans le meilleur des mondes.

Je soupire. Je sais ce qui m'attends quand je vais rentrer et j'en suis fatiguée d'avance. Ma voisine de pallier. Etre insupportable de gentillesse et de bonté. Toujours souriante. Ultra sociable. Mon pire cauchemar.
Je vous arrête tout de suite: non, je ne m'en sers pas comme garde-manger. Je ne bois pas le sang des humains. Même si je suis souvent dégoûtée de la bêtise de l'humanité, ils ne méritent pas d'être traité comme un vulgaire buffet à volonté. Je ne suis pas la faucheuse se nourrissant de pauvres petits humains sans défense.
Je vois venir d'ici votre prochaine question : mais comment se nourrit-elle alors?

Quoi? Comment ça c'est l'heure des présentations? Je suis vraiment obligée? Roo !

Bon : je m'appelle Min-Ji. Oui je sais, ça signifie "intelligence, sagesse" tout ça. Enfin bref.
Je suis un vampire.
Et je suis médecin et bosse aux urgences.
Et ma voisine est une pot de colle.
Voilà.

Quoi? Comment ça ce n'est pas suffisant? Vous êtes exigeants !

Bien, que dire de plus?
Mon âge ? On ne vous a pas dit que c'était irrespectueux de demander son âge à une femme? Ce que je peux vous dire c'est que visuellement on me donne 25 ans, l'âge de ma mort.

Sinon j'ai une vision assez sombre de la vie. Pour moi tout est synonyme de souffrance et la mort en est une délivrance. Délivrance qui m'est interdite vous l'aurez compris.
J'ai décidé d'utiliser les très nombreuses années à ma disposition pour étudier et ainsi soigner les gens. Essayer de les aider à souffrir le moins possible dans cette vie misérable.
C'est un moyen pour moi d'expier mes fautes.

Et comme je l'ai dit, je ne bois pas le sang des humains, donc non je ne profite pas de ma position pour sucer le sang de mes patients.
Comment je me nourris? Facile. Je plante une paille dans une poche de sang et prends une petite gorgée tous les jours.
Oui pas très fun je sais. Et pas aussi nutritif que du sang chaud bu direct à la source. Mais bon, ça me permet de survivre à cette existence de merde.

Il peut m'arriver parfois de craquer et me faire un petit shoot de sang frais, en général le jour de l'anniversaire de ma mort. Une pseudo-cuite version vampire si vous préférez.
Le sang issu de poche n'est pas très bon il faut le reconnaitre, le goût est plutôt fade. Enfin, il est vrai que la saveur du sang est assez subjective pour les vampires mais globalement, celui d'une personne jeune et en bonne santé sera toujours meilleur que celui de quelqu'un de vieux ou toxico. Chaque sang a sa propre saveur unique. Enfin bon .. je n'en bois plus donc pas la peine de s'étendre sur le sujet.