Antagoniste [YUNHO]

Chapitre 10

Chaque jour nouveau apporte son lot de nouveaux mensonges. Les pires sont ceux que l'on se raconte avant de s'endormir. On les murmure dans l'obscurité, on se dit qu'on est heureux. Que l'on peut changer. On se persuade que l'on peut vivre avec ses péchés, ou que l'on peut vivre sans lui.
Oui, chaque soir avant de s'endormir, on se berce de mensonges, dans le fol espoir qu'au petit matin, tout devienne réalité.

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Je m'installe à ma place fétiche au bar de l'Eden Club. Il est 17h. Ah bon? Je lui ai donné rendez-vous à 18h, vous êtes sûrs? Mince, comme c'est dommage que je me sois trompée. Je vais lui poser un lapin, c'est trop bête. Ce n'est pas très professionnel tout ça, il voudra certainement trouver un autre médecin du coup.

Je sirote mon verre déposé à l'instant par Blane sans que j'ai eu besoin de commander. Il connait les préférences de ses habitués.

Je regarde ma montre. Bien, à 17h10 je me barre et j'enverrai un message à 17h30 du style que je viens de partir car j'en avais marre de l'attendre. Simple et efficace.

Je savoure mon cocktail quand quelqu'un s'assoit sur le tabouret à côté du mien. J'allais m'énerver contre le lourd qui ose venir me faire chier alors qu'il y a des milliards de places disponibles à cette heure-ci quand je me fige, les sens en alerte.
Mon regard se dirige instinctivement vers l'entrée au moment où il franchit le pas de la porte, et nos yeux s'accrochent. Mais qu'est-ce qu'il fout là ? Inutile de tenter de m'éclipser, il m'a senti à la seconde où il est entré. Bordel. ça y est, je sens que je vais être d'une humeur massacrante.

Je reporte mon attention sur mon verre et des effluves de chiens mouillés arrivent à mes narines. Génial il a amené des amis en plus ...

Le bar est plutôt calme à cette heure-ci mais l'attention de tous est tournée vers les nouveaux arrivants. Il est assez rare que des loups garou fréquentent le club ils restent plutôt entre eux en meute, alors 4 d'un coup c'est l'attraction. Je repère deux humaines s'extasiaient dans un coin. Visiblement, ils n'attirent pas seulement l'attention chez les créatures surnaturelles mais font aussi sensation chez les humains. Il faut dire qu'ils sortent du lot.

Je soupire. Ce n'est malheureusement pas le cas pour l'humain assis à côté de moi qui me sort des disquettes débiles. Sérieusement, qui de nos jours pense encore pouvoir conclure avec un discours pareil ? Je joue avec les glaçons dans mon verre, pesant le pour et le contre si je perds mon sang froid et lui arrache la tête. Certes, c'est mal. Mais bon, je passe mes journées et mes nuits à sauver la vie de pauvres petits mortels, ça ne compenserait pas un petit meurtre de temps en temps ? Et puis l'humanité ne se portera que mieux sans un énergumène pareil qui ose te sortir "salut je ne suis pas un pirate mais je viens t'aborder". Mes oreilles saignent.

Bon ok, plus de meurtre. Mais rien ne m'interdit de l'amocher un petit peu. Après tout, n'importe quelle femme a bien le droit de se défendre quand elle se fait harceler sexuellement non ? Même si la femme en question n'est pas une pauvre petite chose sans défense. Je saisis la pique ornée d'une olive dans mon verre pour lui clouer la main. ça lui clouera le caquet par la même occasion.

Je me stoppe. Je sens sa présence dans mon dos et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qu'il a posé sa main sur l'épaule de Mister Lourdingue.
Sa voix chaleureuse s'élève alors: Désolé je vais devoir vous demander de partir, c'est ma place.
- Pour qui tu te prends toi ?!
- Hum ... vous devriez plutôt me remercier, j'essaie de vous sauver la vie.

Je pivote sur ma chaise et croise son regard souriant. Berk.
Puis il reporte son attention sur mon voisin de bar, qui hésite, puis se ravise et prend ses jambes à son cou. Tiens, intéressant ... Il l'a fait fuir tout en restant calme et souriant. Va falloir m'apprendre comment il a fait.