Chapitre 36.

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La renaissance en vampire n'est pas quelque chose de facile. Le nouveau vampire est assailli par une déferlante de nouveaux sons, odeurs, ses sens sont noyés sous une multitude d'informations. Et surtout il y a la soif de sang. Cette soif insatiable qui te prend aux tripes et devient une obsession. 

Soif de sang qui peut être domptée, à condition d'être aidée par celui qui t'a transformée. Ce qui ne fut pas mon cas, étant même encouragé par mon mari à laisser libre cours à mes pires instincts. 

J'ai perdu mon humanité. Je suis devenue un être dénué de conscience, de souvenirs, prenant la vie de pauvres innocents pour se nourrir. 

Est passé ainsi quasiment un siècle, à vivre dans l'obscurité la plus complète, vide de l'intérieur, avant que des bribes de conscience et de souvenirs tentent de refaire surface. 

C'est ainsi qu'au détour d'une ruelle, un sorcier me trouva agenouillé devant ma nouvelle victime à pleurer, les mains ensanglantées ... 

.....

Je regarde cette inconnue dans le miroir.
Cette peau de porcelaine sans imperfection. Ces immenses yeux d'un bleu glacial entourés de longs cils noirs. Ce petit nez droit. Ces pommettes hautes. Ces lèvres fines et roses apportant de la couleur dans toute cette pâleur. Ces longs cheveux noirs de jais ondulant autour de ce magnifique visage froid, inexpressif. Sans vie.

Qui es-tu ?

Je pose délicatement ma main gelée sur le miroir, laissant une trainée rougeâtre sur la glace immaculée. Je regarde le sang sur mes doigts. Le sang sur ma peau. Et reporte mon attention sur mon propre reflet dans le miroir.

Depuis quand est-ce que je ne me reconnais plus ? Quand me suis-je définitivement perdue?

Prise au piège dans cette prison dorée.
Enfermée pour l'éternité.
Condamnée à semer la mort autour de moi.

Étais-je destinée à finir ainsi?

Je caresse doucement ma joue, y déposant un trait rouge vermeille contrastant avec ma peau diaphane.

Suis-je le mal ? Ai-je mérite de finir ainsi ?

Ou puis-je racheter mes fautes et vivre une existence en reniant ma vraie nature ? Puis-je vivre une vie de rédemption ?

- Je peux t'aider si tu le souhaites

J'aperçois une ombre derrière moi dans le miroir.
Ai-je vraiment le droit de saisir cette main tendue après tout ce que j'ai fait ?

- Il n'est pas trop tard. Il n'est jamais trop tard.

J'observe le poignard qui m'est tendue.
Il est peut-être temps effectivement. Le moment de faire un choix, et de mettre fin à tout ça.

Je saisis délicatement le poignard, me paressant chaud dans ma paume gelée.
Je le serre à m'en briser les os, les souvenirs affluent peu à peu dans ma mémoire. Des souvenirs perdus depuis si longtemps ... Un passé que je n'aurais jamais dû oublier.
Puis l'horreur de découvrir ce que je suis devenue. De prendre conscience des monstruosités que j'ai commise.

La honte.
La culpabilité.
Mais aussi la colère.
La rage d'avoir été dupé.
Manipulé.

Une haine sans limite d'avoir été transformée en cette chose hideuse que je n'arrive plus à regarder en face.

Je détourne le regard. Je ne suis pas ce qui m'arrive. Je suis ce que je choisi de devenir.

Plusieurs options s'offrent à moi.
Mettre un terme définitif à cette existence contre nature. Et ainsi soulagée tous mes maux.
Ou vivre une vie de souffrance sans fin en contrepartie de mes péchés, à essayer de réparer les horreurs de ce monde.

Personne ne peut nous sauver, à part nous-mêmes. Personne ne peut et personne ne le fera pour nous. Nous devons nous-mêmes marcher dans notre propre voie.

J'agrippe le poignard de toutes mes forces et tranche net. Rapide et précis. Sans bavure. 

Je regarde mes cheveux s'éparpiller sur le sol, cette longue chevelure qu'Alexander a toujours aimé. 

Puis je quitte le palais avec Blade, fuyant aussi loin d'ici et de lui que possible, sans jamais me retourner. 

........

Nous avons passé les années suivantes à déménager régulièrement, moi continuant à apprendre la médecine et Blade à vendre ses compétences de sorcier et parfois à s'essayer à de nouveaux métiers. J'ai mis plus d'une décennie avant de lui faire entièrement confiance, m'attendant à chaque instant à ce qu'il me trahisse ou me plante un couteau dans le dos. Mais ce n'est jamais arrivé.

Avant de finalement poser nos valises à Séoul pour quelque temps, en 2000. Avec toujours cette ombre qui plane au-dessus de nos têtes, prêts à prendre la fuite à tout instant.

Les images cessent et je prends une grande inspiration avant d'ouvrir les yeux, me préparant à croiser son regard dégouté maintenant qu'il sait qui je suis réellement et les atrocités que j'ai commise.

Les images cessent et je prends une grande inspiration avant d'ouvrir les yeux, me préparant à croiser son regard dégouté maintenant qu'il sait qui je suis réellement et les atrocités que j'ai commise

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Antagoniste [YUNHO]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant