Antagoniste [YUNHO]

Chapitre 63

Je contemple la coupe argentée, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Ses paroles résonnent dans ma tête, chargées de promesses et d'engagements d'une portée que je peine à appréhender entièrement.

Je sens le regard perçant de mes amis sur moi, leur inquiétude palpable. Leur voix résonne dans le vacarme de mes pensées tourbillonnantes.

Pourtant, malgré leurs avertissements silencieux, ma décision est déjà prise. Elle l'est depuis le jour où je l'ai rencontré et où j'ai su que c'était elle. ça a toujours été et ce sera toujours elle, envers et contre tout. Mes yeux retrouvent les siens, déterminés mais empreints d'une confiance aveugle. Je  saisis la coupe d'une main ferme, sentant son métal froid contre ma peau moite.

Un flot d'émotions contradictoires m'envahit : la certitude, la confiance en son geste, l'engagement éternel offert sur le bord de cette coupe luisante mais aussi un trop plein d'émotions débordantes dont je ne sais que faire, le poids des non-dits. 

Je plonge mes yeux dans les siens. D'un geste lent mais résolu, je porte la coupe à mes lèvres et bois le contenu, mêlant nos sangs à tout jamais. 

Une énergie étrange se diffuse dans tout mon être, une sensation à la fois électrisante et apaisante. Les flammes autour de nous s'intensifient et me recouvrent entièrement sous les hurlements effrayés de ma meute. Puis elle s'éteignent brusquement comme par enchantement, laissant place à un calme inattendu.

Je sens ses doigts glacés saisir les miens alors que je suis submergé par une multitude de souvenirs qui ne m'appartiennent pas, des images fugaces d'une histoire inconnue, des émotions lointaines d'un passé révolu, des liens tissés à travers les âges. La sensation d'une familiarité indéfinissable me submerge, nous liant d'une manière que je n'aurais jamais cru possible.

Lorsque le flot cesse enfin, je sens un poids, une responsabilité nouvelle pesant sur mes épaules. Un lien indissoluble vient de se tisser entre nous, une connexion transcendante qui défie le temps et l'espace. 

Elle relâche doucement ma main et recule d'un pas, laissant un silence solennel envelopper l'air.
- C'est fait, murmure-t-elle, un sourire léger étirant ses lèvres pâles.

Je ne trouve pas les mots pour répondre, mon esprit étourdi par ce que je viens de vivre. Les regards étonnés de mes amis me rappellent à la réalité. Des questions et des préoccupations se bousculent dans leurs yeux

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demande Wooyoung, l'air perdu
- Est-ce que ça va ? Mec t'étais littéralement en feu, ajoute Mingi, inquiet.

Je leur lance un regard calme mais empreint d'une nouvelle assurance. C'est à présent à moi de les rassurer.

Je me tourne vers elle, captant le sourire léger qu'elle m'adresse. Une nouvelle relation vient de débuter pour nous deux, liés par un serment ancien, par-delà les épreuves du destin. Je ne sais pas très bien où tout cela va nous mener, mais une chose est sûre, aucun retour en arrière n'est  possible désormais. 

Je propose finalement à tout le monde de rentrer, histoire de faire retomber un peu toutes ses émotions, et de pouvoir discuter calmement.

Moi-même, persuadé qu'elle avait décidé de prendre la fuite à nouveau, j'ai un peu de mal à réaliser ce qu'il vient de se passer. Mais je me sens plus qu'heureux qu'elle ait pris la décision de rester et de se battre. Pour nous. 

- Rejoins-moi mon amour. Tu t'es assez amusée, il est temps que tu retrouves ta place auprès de moi. Moi seul connait ta vraie nature. Tu dois être lassée de jouer la comédie et de devoir supporter tous ces êtres inférieurs, n'est-ce pas? Viens avec moi. Il est temps de laisser tomber le masque.

Je regarde la main tendue d'Alexander vers Minji.

Elle jette un dernier regard vers ma meute ensanglantée, étendue sur le ciment froid, les yeux plein de larmes de Wooyoung tournés vers elle alors qu'il essaie désespérément de stopper le flot abondant de sang s'écoulant de son abdomen, Jia pleurant à chaudes larmes dans un coin de la pièce obscure en tenant son bras lacéré.

Je contemple, impuissant, la femme que j'aime se détourner de moi pour rejoindre cet être hideux, lui offrant un sourire empreint d'amour avant de saisir sa main pour le suivre. Un cri déchire ma gorge, empli de toute la détresse de mon être, ses échos résonnant dans les murs froids de l'église.La vampire qui a capturé mon cœur depuis notre premier regard échange alors un regard méprisant avant de m'abandonner, et je sens mon cœur se briser en mille morceaux dans ma poitrine. Comment en sommes-nous arrivés là ?