"Comme ça on ne tient pas parole ?"

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Pendant trois jours, la jeune femme resta enfermée dans la chambre. Elle lut les quelques livres qui se trouvaient dans la bibliothèque mais elle fut vite à court de distractions. Elle ne pouvait changer de pièce et cela limitait ses moyens de penser à autre chose qu'à son sort.

Kai ne faillit pas à sa parole. Elle ne savait pas trop comment il se débrouillait mais il réussissait à lui apporter son repas trois fois par jour sans qu'elle ne le voit. Il ressemblait à un fantôme. Elle trouvait un plateau posé sur la commode le matin en se levant, le midi et le soir sans jamais savoir comment il y était arrivé. La maison était tellement silencieuse qu'elle venait à se demander si Kai s'y trouvait toujours. Mais le fait qu'elle ne soit pas morte de faim le lui rappelait.

Les deux premières nuits de sommeil furent un soulagement. Elle dormit comme une enfant, sa fatigue accumulée l'envoyant rapidement dans les abysses du rêve chaque nuit. Mais maintenant que ce manque était comblé, elle passait des heures à regarder le plafond dans un silence glaçant.

Le silence. Il était devenu sa hantise. Elle était capable de l'entendre. Cette vibration incessante, ce petit sifflement dans son tympan. Il lui rappelait combien elle était seule, combien sa situation était désespérée. Et rien ne pouvait la tirer de ses pensées déprimantes.

Alors, ces nuits de sommeil qu'elle croyait si belles se transformèrent en cauchemar. Inès ne dormait plus que par courtes durées. Un rien la réveillait. Elle se sentait en perpétuel danger. Le bruit du vent dans les feuilles la faisait se recroqueviller sous les draps comme une enfant. La certitude d'être seule au monde depuis ce pacte avec Kai était en train de la détruire. La jeune fille se sentait perdre sa sanité mentale.

Au bout d'une semaine de souffrances nocturnes et d'ennui mortel diurne, elle décida qu'elle devait tenter de sortir quelques minutes. Inès ouvrit la porte et tendit l'oreille. Mais la maison resta silencieuse. Comme d'habitude Kai semblait s'être volatilisé.

Inès descendit donc les escaliers, toujours à l'écoute du moindre bruit. La maison semblait totalement vide. Alors qu'elle allait se diriger directement vers la porte d'entrer pour aller prendre l'air, elle remarqua un objet brillant sur l'ilot. C'était une pièce circulaire, comme une toupie, composée de pièces métalliques emboitées. Cela ressemblait à un mécanisme complexe, comme ceux des anciennes horloges.

La jeune femme le prit dans ses mains pour l'observer. Alors qu'elle le soulevait, elle entendit un bruissement à quelques centimètres derrière elle. Elle le reposa en vitesse et se retourna, les deux mains en appui sur le rebord du plan de travail. Mais il n'y avait rien, ni personne d'ailleurs. La pièce restait irrémédiablement vide.

Un soupir de soulagement quitta les poumons d'Inès.

« Je suis vraiment en train de devenir folle. Murmura-t-elle pour elle-même. »

Elle se retourna donc vers l'étrange objet de sa contemplation mais il n'était plus poser à cet endroit. Elle comprit qu'elle n'était pas seule et tourna la tête de tout côté. Elle n'était pas folle, cette chose était vraiment là. Elle l'avait prise dans ses mains, elle l'avait touchée !

La jeune femme préféra alors retourner dans sa chambre avant que Kai ne se rende compte de son écart envers les règles de leur pacte. Elle posa les deux mains sur le plan de travail pour le contourner. Avant même d'éprouver la douleur, elle ressentit un courant d'air lui caresser la nuque. Le couteau qui venait de coller sa main à l'îlot semblait être sortie de nulle part. La lame traversait de part et d'autre sa peau finissant sa douloureuse course dans le bois de la planche à découper. Kai apparu tout sourire, les doigts fermement agrippés au couteau.

Il l'avait regardée descendre les escaliers et toucher l'Ascendant, dissimulé par un sort d'invisibilité. Sort qu'il devenait maitre en l'art de manier depuis qu'elle s'était entêtée dans ce stupide pacte. Kai ne pensait pas qu'elle résisterait aussi longtemps, il était surpris qu'une personne si attachée à la compagnie et à la liberté n'ait pas tenté plus tôt de sortir de sa chambre. Mais elle l'avait finalement fait et son petit jeu reprenait. Il l'avait prévenue.

Wanna play a game ? {Kai Parker} (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant