Green Butterfly

17*

J’observe Peter mettre Wendy dans sur un matelas et la border délicatement.

Mon coeur se sert. Pas par jalousie mais parce que ça aurait pu être une autre personne qu’il aurait bordé comme ça, tous les soirs. Lana.

Une larme coule sur ma joue et je me dépêche de l’essuyé avant qu’on ne la voit.

“Comment va-t-elle ?" demande Henry

"J’ai peur que ça ne s’aggrave Henry.

-Mais si je sauve la magie… Elle vivra ? 

-Oui. Mais plus que ça, si tu sauve la magie, tu nous sauve tous, Bea, Félix, les garçons perdu... Mais pour le faire, tu dois vraiment y croire.”

Wendy fait semblant de tousser.

“Bea aussi ?”

Je fais mine de tousser à mon tour.

“C’est beaucoup moins grave que Wendy vu que je possède ma propre magie mais… ça arrivera très vite si on ne fait rien…” je répond

Henry réfléchit un instant puis se tourne vers Peter.

“Je crois.

-Bien, parce que nous n’avons pas beaucoup de temps. Suis-moi.”

Je range mon poignard avec lequel je m’amusais et les suit derrière moi, dans le camp. Peter se place au centre.

“Mes frères ! Ce soir, le rêve de Neverland se réveillera de son sommeil. Ce soir, le cœur du plus pur des croyants va accomplir son destin. Et notre destin avec. Ce soir, Henry sauve la magie !”

Tout le monde l’acclame. Peter regarde chaque garçon perdu et pose finalement son regard sur moi et fronce les sourcils.

Je n’acclame pas Henry.

À la place, je me détache de l’arbre auquel j’étais adossé, les bras croisés sur la poitrine et marche vers notre cabane.

“Bea, tout va bien ? Tu ne te joins pas aux autres ? 

-Que va faire Henry ce soir ?

-Il va donner son coeur… 

-Pourquoi ?

-Pour sauver la magie.”

Je rigole et me tourne vers lui.

“Arrête de mentir Peter. Pas à moi. Dit moi réellement pourquoi. Ton grand discours t'a trahit.

-Tu parle d’arrêter de mentir mais tu ne me dis pas toute la vérité sur tout, toi aussi.”

Je secoue la tête.

“On a certe, un jardin secret chacun de notre côté mais tu ment à tout le monde. Dis moi la vérité. 

-Laisse tomber Bea.

-Je ne suis pas débile ! J’ai fait le tour de l’île. Si elle était en train de mourir, il y aurait des arbres et des plantes malades, des morceaux de l’île qui disparaîtraient, et je ne resentirais pas autant la magie ! Dis moi la putain de vérité Peter. 

-Bea.

-Pan.” 

Je réplique exactement sur le même ton que lui, c’est-à-dire ferme et froid. Je reste sur mes positions, il me ment et je veux savoir pourquoi. Peter finit par soupirer. 

“Je vais mourir.

-Quoi ?!"

…

Quelques minutes plus tard, j’ai les yeux rouges d’avoir pleuré.

Peter m’a consolé pendant dix minutes en me disant que ça n’arrivera jamais, c'est moi qui pleure mais c'est lui qui va mourir, le monde fonctionne vraiment à l'envers. Il ne veut pas sauver l’île mais sa propre vie, ce n’est pas la magie de l’île qui disparaît mais celle qui le garde vivant après toutes ces années.

Je n’ai pas pleuré juste parce que l’être que j’aime va mourir mais parce que ça me fait regretter tellement de choses.

Il ne connaîtra jamais l’existence de Lana et Lana ne connaîtra jamais son père. J’aurai aimé, même un court moment, qu’elle le voit au moins une fois. Mais je n’ai rien dit et je ne dirais rien.

J’ai juste pleuré pour toute la pression de ces derniers jours. 

Peter conclut en m’embrassant le front, mon visage entre ses mains.

“Reste ici, je reviens très vite et plus vivant que jamais.

-Reste avec moi.Ils feront tout pour te tuer, je t'en pris.

-Je ne peux pas Bea… fais moi confiance.

-S’il te plaît… 

-Je suis désolé…”

Je détourne le regard mais Peter me force à le regarder.

Son regard est doux, il me sourit tendrement et pose délicatement ses lèvres sur les miennes.

Je passe mes mains dans ses cheveux et serre mes lèvres contre les siennes, voulant m'imprégner de cette sensation, de ce moment. J’ai l’impression de faire mes adieux et j’aime pas ça.

Peter se détache finalement de moi et je reste au sol impuissante pendant qu’il sort retrouver les autres du camp.

Épuisée d’avoir pleuré et sentant les larmes monter de nouveau, je me hisse sur le lit et m’endors avec la certitude dans mon cœur que Peter mourra ce soir.