LOS DEMONIOS | T2

30 - Le Pardon

POINT DE VUE DE RENATA :

Je regardais Angel qui était en train de dormir en plein milieu du lit. Il devait être 2 heures du matin et je sirotais tranquillement ma tequila que je buvais bien évidemment, au goulot.

On ne fait pas les choses à moitié ici.

J'étais épuisée mentalement.

J'avais envie de croire Angel, de lui accorder cette seconde chance qu'il me réclamait tant, mais d'un autre côté je n'y arrivais pas.

Pourquoi ?

Parce que je n'avais aucune garantie quant au fait qu'il ne me brise pas le cœur une seconde fois. La peine de cœur est sûrement une des choses les plus éprouvantes que j'ai pu ressentir dans ma vie.

C'est comme si notre monde de couleur devient soudainement noir et blanc. Comme si on venait de recommencer une nouvelle vie, une vie seule, une vie sans repères. Alors, pour avoir l'impression d'être moins seule, on se repasse les moments sains de la relation passée.

Le jour où il m'a fait dormir sur ses jambes, dans son bureau.

Le jour où il a invité Léna au mariage.

Le jour où il a interdit à Isaï de me toucher.

Le jour où il m'a emmener acheter des pizzas et qu'il a manger la dernière olive que je n'avais pas retiré de ma pizza.

Le jour où il a enchaîner toutes les personnes qui avait contribuer à mon mal-être quand Isaï a voulu me vendre et qu'il m'a laissé me venger, pensant que ça m'aiderait à aller mieux.

Le jour où il m'a acheté des pivoines et des Reese's.

Le jour où il s'est tatoué mon dessin près du cœur.

Le jour où il m'a acheté tous les médicaments susceptibles d'atténuer mon mal de ventre durant mes règles, car il ne savait pas lequel était le plus efficace.

Angel avait fait des choses biens, mais c'était un processus. Un pas en avant, trois en arrière.

Il m'avait acheté des pivoines et des Reese's parce que j'avais fait une tentative de suicide et parce qu'il m'avait rejeté après m'avoir embrassé.

Il s'était tatoué mon dessin près du cœur après m'avoir balancé un tas de méchanceté dans cette chambre d'hôtel. Me disant que mes traumatismes lui passaient au-dessus, et que j'étais uniquement sa femme sur papier.

Il m'avait acheté un tas de médicaments contre la douleur de mes règles après m'avoir hurlé dessus car il ne comprenait pas pourquoi j'étais aussi sensible.

Alors oui, Angel avait peut-être fait des choses bien, je ne le nierai jamais. Mais tout ce qu'il avait fait de mal avait effacé tout le positif.

Une personne pourra faire quatre-vingt-dix-neuf choses positives, on ne retiendra que la seule chose qu'elle a fait de négatif.

Je pars du principe qu'une erreur peut arriver. Peut-être qu'Angel avait commit une erreur avec moi. Il avait peut-être pas fait exprès de me hurler dessus. Mais je pars aussi du principe qu'une erreur peut arriver une fois, et que la deuxième fois, c'est un choix.

Les erreurs d'Angel étaient nombreuses, trop nombreuses, à vrai dire.

Je peux pardonner. J'ai déjà pardonné plusieurs fois. J'ai trop pardonné.

Mais je persiste à penser que le pardon est la chose la plus difficile à accorder à quelqu'un. Être capable de pardonner est la plus belle chose du monde. Le truc, c'est que pardonner signifie passer au-dessus d'un événement. C'est arrêter de lancer des pics sans arrêt dessus.