Chapitre 10

254 14 4
                                    

Vahiné : 8 ans


~Flashback 3 ans plus tôt~

Nous arrivons au camping à 19h. Cela fait déjà dix heures que nous roulions, je suis épuisée. Hanaé s'est endormie derrière moi. Quant à papa, il n'a pas prononcé un mot depuis notre dernière pause, il y a deux heures. Je pense que comme Hanaé et moi, il se sent de plus en plus mal à l'approche du camping. La dernière fois que nous sommes venus, maman était encore là... Ce sont nos grands-parents qui s'occupent du camping, les parents de maman. Nous n'avons pas eu le courage de venir les voir depuis l'enterrement. Mais il fallait que l'on prenne notre courage à deux mains ! Deux silhouettes attendent à l'entrée.

- Hanaé, je fais bouger ma sœur pour la réveiller. Elle ouvre un œil, puis l'autre. Elle se les frotte et se redresse.

- On est arrivé, demande-t-elle.

-Oui.

Je sais qu'elle trépignait d'impatience de revenir ici depuis un moment, mais son regard exprime maintenant une profonde tristesse. Je lui souris pour essayer de lui remonter un peu le moral. Papa gare la voiture, Hanaé et moi sortons et courons à la rencontre de nos grands-parents. Nous les prennons dans nos bras.

- Les filles vous avez tellement grandi, s'exclame notre grand-mère.

- Deux ans ce n'est pas rien, ironise Hanaé.

- Tu as bien raison et je compte bien rattraper ce temps perdu.

Je souris. Je me tourne vers mon grand-père. Il nous regarde à tour de rôle Hanaé et moi, les yeux larmoyants.

- Elles lui ressemblent de plus en plus, Nicolas.

Je me doute qu'il fait référence à notre mère. Mon père hoche la tête. Personne ne sait quoi répondre.

- Aller, on va vous installer dans votre bungalow, annonce notre grand-mère.

Mon père, Hanaé et notre grand-père remontent dans la voiture et je décide de marcher avec ma grand-mère.

- Comment vas-tu, Yléa, me demande-t-elle.

- Honnêtement... je ne sais pas trop. J'ai...comme un vide en moi depuis deux ans.

- Je comprends, c'est normal de ressentir ce genre de chose après avoir perdu un être cher...

- Tu le ressens aussi ?

- Tous les jours, à chaque instant de la journée...

Je la surprends essuyer une larme couler sur sa joue. Je passe mon bras sous le sien et dépose ma tête sur son épaule. Voir ma grand-mère avoir si triste alors qu'en général elle bouillonne de joie, me brise le cœur. Je ne sais pas comment changer ça.

- Vous arrivez la bonne semaine, il y a du monde : beaucoup d'enfants et d'adolescents, alors vous pourrez vous amuser et penser à une autre chose, Hanaé et toi, annonce ma grand-mère, tentant de changer l'ambiance.

- Mamie...

- Oui je sais, tu n'es pas très sociable, mais tu ne peux pas passer tes vacances en solitaires. Tu vas bientôt avoir 15 ans, arrête de te renfermer. Tu vas finir par le regretter.

- Plus facile à dire qu'à faire.

Elle soupire.

- Ta mère était comme toi lorsqu'elle était jeune. Sauf que quand elle a atteint ses 17 ans, elle passait toujours ses vacances seule, et elle en a beaucoup souffert. Jusqu'au jour où elle a rencontré ton père et qu'il l'a sauvé de sa tristesse. Tu ne dois pas te retenir, Yléa. Trouve la personne qui te sauve toi aussi de ce vide ambiant. Et surtout pas qui t'enfoncera encore plus.

De la haine à l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant