Chapitre 11

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Yowan : 19 ans

Le réveil pique ce matin. Certes je me suis reposée toute la journée d'hier, mais notre escapade nocturne à Amaël et moi tôt le matin, m'a bien achevée. Je n'ai toujours aucune explication, que ce soit sur Enara, sur le fait qu'il m'a fait joué sa fausse petite amie, ou sur ce qu'il l'a rendu si renfermé. Je n'arrive pas à croire qu'il y est des personnes assez stupides dans le monde pour se moquer de la maladie d'une personne, ce n'est pas sa faute enfin ! Et même si ça l'était, en quoi ça leur donne le droit d'harceler une personne ?! Ça me répugne ! Il a dû tellement souffrir... Je vais éviter de lui en parler pour le moment, je pense que c'est mieux. Ça se trouve que les personnes qui l'ont fait souffrir étaient là hier soir... Peut-être était-ce Yoris... Tu as bien changé Amaël...Cette phrase tourne encore en boucle dans mon esprit...J'aimerais bien obtenir plus d'informations, mais ça forcerait Amaël à ouvrir une vieille blessure qu'il veille à bien garder fermée. Peut-être que j'en aurais auprès de Yowan ? Je doute que ça se fasse de poser ce genre de question dans le dos de mon demi-frère et à son meilleur ami. Peut-être devrais-je attendre qu'il vienne m'en parler de lui-même ? Je ne sais pas... Je suis perdue.

- Dépêche-toi Yléa tu vas finir en retard, s'exclame mon père à l'étage du dessous.

En effet, il est déjà 7h50, le lycée n'est pas loin, mais si je ne pars pas maintenant je vais être en retard. J'enfile mes chaussures et une veste, puis descend à une vitesse folle les escaliers. Manquant de renverser Hanaé au passage, je l'esquive et accours dans le salon. Mon père est lui aussi en train de se préparer.

- Toi aussi tu vas être en retard, j'annonce en déposant un bisou sur sa joue.

- Très drôle, dit-il d'un rire cynique. Il m'ébouriffe les cheveux.

- Papaaaaa, je râle, arrête tu vas me décoiffer !

- Pourquoi tu comptes impressionner quelqu'un, me demande-t-il avec un sourire narquois.

Le rouge me monte aux joues.

- Non.

- Tu parles je suis sûre que c'est pour Oswald que tu passes autant de temps dans la salle de bain, s'écrie Hanaé, en haut des escaliers.

Je lève les yeux au ciel.

- A ce soir, je réplique pour mettre fin à cette situation, plus que gênante.

L'automne arrive bientôt. On le sent à l'air frais du matin. Enfin, la chaleur disparaît pour laisser sa place à la douce brise des saisons fraîches.

Oswald... J'avoue ne pas avoir pensé à lui de tout le week-end, c'est vraiment bizarre, en général il ne se passe pas un jour sans que j'en parle à Enya, ou que mes pensées ne dérivent sur lui. C'est la première fois que ça arrive depuis... trop longtemps. Mais la raison pour laquelle je passe « autant de temps dans la salle de bain » ce n'est pour personne d'autre que moi. Il faut se sentir bien dans sa peau pour être heureux, et je veux vraiment essayer d'améliorer ce côté-là de moi. Toujours renfermée. Me remémorer notre rencontre avec Amaël, m'a fait réalisé que ça fait cinq ans que je broie sans arrêt du noir. Il est peut-être temps de tourner la page moi aussi ? Ma sœur a réussi, mon père a réussi... pourquoi pas moi ? « Trouve la personne qui te sauvera toi aussi de ce vide ambiant. Et surtout pas qui t'enfoncera encore plus. » m'avait dit ma grand-mère. Aujourd'hui j'ai le même âge que ma mère lorsqu'elle a passé son dernier été seule, avant de rencontrer mon père qui l'a aidé à remonter à la surface. Maintenant, c'est à mon tour. Qui que tu sois mon sauveur, je vais te trouver !

J'arrive au lycée quelques minutes plus tard. Comme à son habitude, Enya ne tarde pas à me sauter au cou.

- Coucou ma coupine !

De la haine à l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant