Sous la pluie.

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Parfois, des choses dans la vie sont vraiment idiotes.

J'allais devenir folle. J'étais chez moi et j'allais devenir folle. Je suis sortie prendre l'air. J'ai fait une balade, j'ai mangé une glace, puis, comme un coup du sort, comme un coup du destin, la pluie s'est mise à tomber. Tu te rappelles ? Un jour, je t'avais raconté que je me promenais dans une rue en mangeant une glace quand, tout à coup, il s'est mis à pleuvoir. J'avais rêvé, alors. Rêvé que tu étais avec moi. Rêvé que tu m'embrassais sous la pluie. Comme tu me l'as promis, un jour. Je suis certaine que tu te rappelles. Eh bien, ce soir, me voilà sur le même chemin, la même glace à la main, soudain, j'ai pensé : « que c'est drôle ! Fut un temps où je me promenais sur ce chemin avec aussi une glace à la main, fut un temps où la pluie s'était mise à tomber et où mes pensées étaient tombé au bord de ses lèvres. » Eh bien, la seconde qui suit, je sentis une goutte d'eau glacé sur mon front. Je ne voulais pas croire en ce coup du sort, en ce coup du destin. Je me dis simplement que la gouttière du toit de cette maison sous laquelle je passais fuyait et j'avançais sur mon chemin. Soudain, une autre goutte s'écrasa sur ma joue. Je levai la tête, ne voulus pas croire en ces choses, regardai le ciel noir comme du nickel, ne pus détourner les yeux. J'ai compris tard qu'il pleuvait. Qu'il pleuvait réellement. J'accélérai le pas et allai m'abriter sous un arrêt de bus. A ce moment, je pensais. Parfois, des choses dans la vie sont vraiment idiotes.

Je te vis. Un instant. Très court. Je te vis. Près de moi. M'embrassant. M'embrassant sous cette pluie. Nos bouches enflammaient un baiser radieux sous cette nuit éternelle, cette nuit de nickel. L'eau froide, mouillée, coulait entre nos lèvres, coulait presque gelée. La pluie était froide et notre baiser brûlant. J'avais les joues rouges, l'air vaseux et la tête embrumée. La pluie tempérait cette fièvre qui montait puissante, brillante, conquérante, jusqu'à la racine de mes cheveux. Le mouvement de nos lèvres animait des paroles muettes qui n'avait besoin d'être dites, des silences bavards qui disaient de jolies choses.

Tu avais dit quelque chose. Avant que nous nous embrassions. Tu avais dit de jolies choses, tu avais dit ce que j'aimais entendre. Tu dis toujours ce que j'aime entendre. Tu avais dit : « Il pleut. Sens, il pleut. Te souviens-tu de ce que je t'avais promis ? » Mon souffle était court, mes yeux, grandement ronds. J'avais du mal à respirer : une enclume de plomb comme posée sur mon buste. J'avais du mal à réfléchir : comme une brume envahissant mon esprit. J'avais du mal à rester raisonnable : un feu comme circulant dans mes veines. A ce moment, donc, je posai une main dans ton cou, approchai ton visage du mien et posai mes lèvres sur les tiennes. Une bride de ta respiration s'écrasa au bord ma bouche, le fil de ton souffle se coupa sur mes dents. Je t'embrassais. Sous la pluie. Comme tu me l'avais promis.

Si seulement, les choses pouvaient être plus que des rêves ?

Cœur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant