𝗮𝗹𝘁𝗲𝗿 𝗲𝗴𝗼 | 𝟯

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« I've spent all of the love I saved
We were always a losing game
Small town boy in a big arcade
I got addicted to a losing game »



— Ôma !

La pluie battait fort dehors, les gouttes d'eau semblant avoir doublé de taille et de force. Rantaro soupira, traversant la rue, retournant voir le groupe, les adolescents rassemblés dans la crémerie, se protégeant de l'averse.

— J'ai vérifié dans la station service à côté, il n'y est pas, il soupira, passant sa main sur ses cheveux trempés, les ramenant en arrière.

— Gonta a aussi vérifié dans les toilettes mais n'a rien trouvé, l'entomologiste dit.

— Où est-ce que ce mal dégénéré est encore ? s'exclama Tenko, les poings sur les hanches.

— Atua dit que son âme est montée au ciel et que c'est mieux ainsi ! Angie dit en souriant.

Rantaro la regarda, les sourcils tristement froncés. Le ton de voix décontracté d'Angie le mettait mal à l'aise, sachant pertinemment que cette situation, que Kokichi ait disparu, n'importait à aucun d'eux. Il n'avait certes pas tenu dans le jeu de tuerie trop longtemps et avait pu voir tout ce que Kokichi avait fait, il ne comprenait pas la haine qu'ils lui témoignaient aussi ouvertement.

— Il est peut-être dans le parc, Kaede déclara gaiement, se voulant sûrement rassurante.

— Nyeh, je suis fatiguée, on peut juste rentrer ? Himiko demanda en baillant.

— J'vais voir rapidement dans le parc. Shirogane nous tuera si on l'a perdu, Kaito dit en soupirant, sortant de la crémerie.



L'odeur du sable mouillé inondait le parc. Coule, coule. Le caillou coulait, lourd et pesant. Coule, coule au fond du lac. L'enfant était repartit, loin, loin du lac, loin du caillou qui coulait, loin du poisson blessé par ce dernier.

Kokichi restait assis, ses genoux ramenés vers sa poitrine, sur le sable froid et trempé, sous le toboggan vert du parc, tentant de se protéger de l'averse. L'averse au fond de lui, par contre, il ne pouvait pas s'en protéger. Le déluge coulait, venteux, fort, violent, des litres d'eau, des tornades, des ouragans. Le rugissement de son être secouait le lac. Le poisson était immobile. Le caillou attendait que l'orage passe.

Le sable mouillé sous lui ne le rendait que plus sensible au froid horrible de la journée. Sous la pluie, ses vêtements trempés et son corps gelé, il se sentait vulnérable et il détestait cette sensation. Ses membres étaient pétrifiés par le froid, qu'importe à quel point il essayait de se réchauffer en frottant ses mains contre ses jambes et ses bras. Il frissonna, le menton appuyé contre ses genoux, des larmes scintillant sur ses joues.

Le poisson ne pouvait plus bouger, allongé au fond du lac, assailli par la douleur. Le caillou lui offrit une plate excuse, disant qu'il n'avait pas pu l'éviter. Le lac avait mal aussi. Le caillou l'avait tout aussi bien frappé. Le lac était habitué à se faire frapper, contrairement au poisson, alors il ne dit rien.

Une larme roula sur la joue de Kokichi. Son regard resta fixé sur ses souliers crasseux par la boue. Un sanglot lui monta à la gorge, les mots du bleu revenant le hanter. Il agrippa férocement ses cheveux, désespéré de faire taire la voix. Des griffes, fortes, tranchantes, assénaient à son cœur des coups violents. Il haleta, tentant de reprendre son souffle.

𝐋𝐄 𝐏𝐎𝐈𝐒𝐒𝐎𝐍 𝐃𝐔 𝐋𝐀𝐂 | 𝘀𝗮𝗶𝗼𝘂𝗺𝗮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant