Sky

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Je sors de la pièce lugubre par un petit escalier en pierre et effleure le mur froid de mes doigts en montant les marches, essayant de garder un contact familier pour ne pas paniquer. En quelques secondes, je déboule dans un grand salon, au parquet craquant et possédant un canapé hors d'âge trônant fièrement au centre de la pièce. Au sol, des tapis aux motifs colorés réchauffent la pièce et lui donne un aspect chaleureux avec ses hauts lustres l'éclairant d'une lumière chaude.

Une télévision est allumée dans le fond, diffusant une musique de rock qui résonne dans tout le salon. Je me pose de plus en plus de questions sur ce qu'est cet endroit. Au milieu de nul part, visiblement abandonné et cachant en fait une immense maison qui, on dirait bien, s'élève sur plusieurs étages. Le silence se fait pesant, presque lourd dans la pièce. Je m'avance vers un autre escalier, que je monte le plus silencieusement possible, posant mes pieds légers sur la moquette rouge couvrant le sol. Je remarque assez vite que l'endroit est assez luxueux, même le couloir est décoré avec goût, rappelant ceux des riches hôtels californiens où les touristes logent durant les vacances. Les parents de James en tiennent un et j'avais l'habitude de me faufiler un peu partout dans les chambres pendant des parties de cache-cache interminables. J'arrive dans une grande pièce circulaire où s'aligne de nombreuses portes fermées ou entrouvertes, ce qui me permet de jeter un coup d'œil dans l'entre bâillement. De grands salons, quelques chambres et une immense bibliothèque aux murs tapissés de livres attendant patiemment sur leurs étagères. Rien d'intéressant jusqu'à ce que je tombe sur la dernière porte, située au centre de la pièce, ses larges panneaux de bois et sa couleur ébène lui donne l'air menaçant... autrement dit, attrayant.

Mes doigts se pose sur un des battants et je m'apprête à le tirer vers moi quand « Vive le vent » commence à résonner dans ma poche. Paniquée, je le lâche aussitôt et plonge ma main dans ma doudoune, cherchant ce foutu porte-clé renne de noël. Je le déniche après m'être une énième fois emmêlée les pinceaux avec la danseuse hawaïenne et en tenant l'objet entre mes doigts serrés, prie pour qu'il s'arrête bientôt et que personne n'ait entendu. Les yeux levés vers le ciel, j'essaye d'étouffer le bruit du mieux que je peux en le cachant sous mon manteau et quand il s'arrête quelques secondes plus tard, je pousse un soupir de soulagement, me croyant sortie d'affaire.

Manque de chance, j'entends un toussotement suivit d'un claquement de chewing-gum derrière moi. Je me retourne d'un coup en chancelant, je suis fichue. À ma grande surprise, je découvre un visage en amande, des cheveux noirs d'encre plaqués en arrière et trois tonnes de fond de teint. C'est la pétasse de tout à l'heure. Celle que j'ai entraperçu dans sa voiture, à demie-cachée par la pénombre. Je me rends compte seulement maintenant qu'elle me semble familière, j'ai presque l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Mes yeux se plisse, essayant de faire coïncider la personne que j'ai devant moi et celle qui me vient à l'esprit.

- Amber ?

- Qu'est ce que tu fais là, la nouvelle ?

Amber rejette sa queue de cheval parfaite en arrière et pose un point sur sa hanche, examinant nonchalamment ses ongles vernis d'un rouge profond. C'est bien elle, mais j'ai failli ne pas la reconnaître avec tout ce maquillage.

- Mais que... pourquoi ?

- J'ai mal dosé l'autobronzant, le extra fort était bien extra fort, ça m'apprendra à ne jamais lire les étiquettes. J'ai dû rattraper le coup. Soupire-t-elle.

Elle me dévisage patiemment, ou plutôt, elle me jauge du regard durant si longtemps que je me dandine sur place. Je finis par bredouiller qu'Eliott avait décidé de me faire visiter et que je cherchais les toilettes. Sur le moment, cela me semble la réponse la plus appropriée mais à son ricanement sans joie, j'en déduis qu'elle ne me croit pas une seule seconde.

Look at the SkyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant