4.Au manoir

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Cela faisait environ trois heures qu'ils étaient dans la calèche, et autant de temps que durait ce lourd silence. Depuis leur départ, ils n'avaient pas échangé le moindre mot.

Ciel et Sebastian fixaient intensément Lémèris, qui somnolait la tête posée sur la poitrine et les bras croisés. Ce n'était pas une vision très divine... pour un dieu justement.

Comme la divinité semblait profondément endormit, le majordome se décida à parler avec son maître.

-Si je peut me permettre monsieur, demanda-t-il, pourquoi avoir invité cet être au manoir ?

Le jeune comte regarda dehors encore un instant avant de daigner répondre.

_Si l'on peut croire ce qu'il a dit, la cause des phénomènes sur lesquels nous devons enquêter est ce "dieu-traître", alors puisque nous avons le même objectif, autant allier nos forces...

Flash-back, 3 heures plus tôt

-Je te trouve gonfler pour un enfant, avait répondu Lémèris à l'invitation, même pour un comte (il avait sourit)... Mais il faut parfois l'être. De tout manière je n'ai nul part où aller le temps de trouver une piste, alors j'accepte.

Le trio avait décidé de sortir des ruines ( Lémèris s'était d'ailleurs révélé être un très bon guide), et en une dizaine de minutes, ils furent dehors.

-Tout ça n'explique toujours pas pourquoi et comment est apparu ce bâtiment, avait soudainement dit Ciel.

-Oh , ça ? lui répondit le dieu. Il a dû penser que j'avais caché l'une de mes reliques ici. Si cela dérange trop les mortels, je peux toujours renvoyé le temple six pieds sous terre... après tout je dois également réparer les erreurs des autre dieux.

Après ces paroles, les ruines disparurent comme un mirage.

Fin du flash-back

-De plus, continua le jeune garçon en souriant, héberger chez soi un dieu peut être amusant. Tu ne crois pas ?

Sebastian ne répondit pas. Il ne pensait pas vraiment qu'avoir le dieu de la mort sous son toit soit très... rassurant, surtout si le dieu en question était en conflit avec l'un de ses congénères.

Tout à coup, Lémèris releva la tête en ricanant légèrement.

-Sauf votre respect, qu'il y a-t-il de si drôle ? demanda le diable.

-Rien rien, juste... ça faisait quelques temps que je me demandais comment autant de plantes pouvaient mourir ainsi au même endroit.

Quoi ?


Le silence retomba sur cette mystérieuse déclaration.

Une heure plus tard, le comte et son majordome comprirent : le jardin était complètement desséché.

Finny !!!


Sebastian se força à sourire et s'inclina devant l'invité.

-Veuillez accepter mes excuses.

Lémèris lui jeta un regard mi-apitoyé, mi-désolé.

-Ne t'inquiète pas pour si peu, tu n'y est pour rien (il souri tristement)... C'est en partie la mienne : La mort existe parce que je suis apparu.

Le diable écarquilla légèrement les yeux.

Ciel se racla la gorge, pour que le majordome ouvre le manoir et les introduise à l'intérieur. Une fois que ce fut chose faite, Sebastian laissa son maître seul avec Lémèris et parti préparer le dîner (et éventuellement disputer Finny pour l'état du jardin).

Dans le salon, Le comte demanda à l'immortel s'il savait jouer aux échecs, ce à quoi l'intéressé répondit qu'il n'était qu'un amateur.

Quelques temps plus tard lorsque le majordome revint, il trouva Ciel et Lémèris en pleine partie, tout deux très concentrés. Un rapide coup d'oeil lui permit de remarquer que le dieu menait. Lorsque le manieur de faux déplaça son fou, il dit calmement "échec et mat".

-Vous avez eu l'éternité pour vous entraînez. Vous appréciez ce genre de jeu humain ? demanda le jeune garçon.

Lémèris le regarda dans les yeux.

-Pour être franc, pas spécialement. Disons que l'un des miens m'a forcé à apprendre les règles.

Alors Sebastian les conduit à la salle à manger.

Visiblement, le dieu n'était pas très emballer à l'idée de manger quelque chose, mais par politesse il mangea tout ce qu'on lui donna. Après le repas, Ciel regarda Lémèris, puis Sebastian parla :

-Monsieur, il se fait tard, vous devez aller vous couchez.

-Très bien, tu veillera ensuite à conduire notre invité à sa chambre.

Quand il fut seul, le dieu regarda autour de lui. Décidément, il n'aimait pas la décoration de cette salle, elle lui rappelait trop celle que ses avaient fait pour lui faire une farce, lui qui aimait les choses sobres...

En levant les yeux, Lémèris remarqua une araignée ramper sur le lustre, alors il se concentra. L'arachnide tomba juste devant le dieu, raide morte.

Sebastian revint et conduit l'immortel à sa chambre.

-Je vous souhaite un bonne nuit.

Çà, ça étonnerait, pensa Lémèris.

Criminal ShadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant