9.L'équipe divine

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Les deux dieux parlèrent durant des heures. Ils échangèrent les peu d'informations qu'ils avaient, sur point le dieu de la guerre était plus avancé que son confrère. Apparemment, leur ennemi était bien dans cette ville, ou ses alentours, mais impossible de le localiser et donc de mettre au point une stratégie pour l'arrêter.
Le gris soupira, s'étira et se laissa tomber sur le dos.
-Si Selahn était là, dit-il, il saurait sans doutes où chercher... Tu saurais pas où il est par hasard ?
-Lémèris attendit quelques secondes avant de s'asseoir en tailleur sur le sol.
-Non, j'ai été séparé de lui en même temps que toi.
Pioral se releva sur les coudes et fixa intensément son frère d'un regard sérieux... ce qui était rare et prouvait d'avance qu'il allait dire quelque chose touchant un sujet sensible. Inquiet de ce soudain changement chez le guerrier, le brun se renferma légèrement.
-Tu t'es approché de l'un d'eux.
Le dieu de la mort comprit immédiatement ce que sous-entendait l'escrimeur et préféra ne pas répondre, persuadé que son homologue n'avait pas fini.
-Pourquoi ? et ne dit pas que tu l'as simplement croisé dans la rue, c'est beaucoup trop fort pour ça.
Lentement, presque comme honteux, le brun ses yeux aux pupilles verticales vers le sabreur, puis les referma en soupirant.
-J'en est effectivement croisé un par hasard, fini-t-il par avouer. Et disons que la nostalgie m'a forcé à lui parler un peu.
-Faudra que tu me le présente à l'occasion, répondit Pioral en souriant. Eh ! Fais pas cette tête ! Je te rappelle que je suis beaucoup plus vieux que toi, p'tit jeune, je comprends ce qui t'arrive. Mais j'avoue que je trouve ça bizarre que tu te sentes plus proche de ceux-là que des autres.
Lémèris lui lança un regard blasé. Il comprenait ce qu'il ressentait ? Et puis quoi encore ? Lui-même avait du mal à croire qu'il puisse se sentir si triste depuis ces neuf derniers millénaires.
Perdu dans ses pensés, le dieu de la mort ne remarqua pas que le sabreur s'était levé. Lorsqu'il vit le départ du guerrier, le brun se leva précipitamment et couru au coin de la rue, cherchant des yeux l'uniforme militaire ou les cheveux aux pointes écarlates, mais rien. La rue était déserte.

Du coté de Ciel et Sebastian :

Ciel commençait à s'impatienter. Le dieu avait disparu depuis une demie-journée et n'avait toujours pas redonner signe de vie. Ci l'immortel avait été là, peut-être que cela aurait évité la perte de temps qu'avait représenté ce Liparo Zolness.
Et puis tant pis, ils l'avaient assez attendu, le brun se débrouillerait pour les retrouver, il l'avait déjà fait et pouvait bien le refaire. Si toutefois il comptait revenir.
C'est vrai, après tout rien ne l'obligeait à le faire... il n'avait rien promis.
Le jeune comte secoua la tête. Après tout, ce n'était pas grave. Jamais, jusqu'ici, il n'avait eu besoin d'un dieu pour l'aider dans ses mission.
Derrière lui, Sebastian aussi réfléchissait. Mais pour les même raisons. Quelque part au fond de lui, le diable savait que l'immortel reviendrait, par contre il n'aurait pas su dire pourquoi...
Lorsque le brun était là, le majordome ressentait un étrange sentiment. Pas de l'amour, non ça il en était sûr, ni même de la compassion ; mais plutôt... de la nostalgie ? Comme s'ils s'était déjà rencontrés par le passé. Or le démon était convaincu de n'avoir jamais rencontré de dieu, jusqu'à la veille où Lémèris avait détruit puis réparé la faux de la mort de William T. Spear.
D'ailleurs cela était étrange que le dieu les traite de "sales gamins"... Sans doute une tentative d'humour divin sur sa propre longévité...
L'horloge sonna. Il était tard. Et toujours aucun signe du dieu.
-Sebastian, rentrons, je suis fatigué.
Le majordome s'inclina devant l'adolescent et s'apprêta à le suivre, quand une voix ironique s'adressa à eux.
-C'est une bonne idée, le manque de sommeil est un facteur important dans un trépas, cela augmente le taux de chance de décès.
Ciel sursauta et se retourna. Appuyé contre un mur, triturant ses pauvres atébats de l'index, se tenait l dieu qu'ils attendaient. Sans quitter le plus jeune des yeux, Lémèris enchaîna en souriant moqueusement :
-Et à ton âge, le sommeil favorise la croissance.
Le jeune homme, une veine d'énervement au front, ravala une réplique acerbe, se disant que l'immortel cherchait sans doute à l'énerver.
-Peut-on savoir où tu étais ? Avec ton absence nous avons dû suivre une fausse piste.
Lémèris s'approcha les mains dans les poches. Dans l'obscurité du soir, ses yeux luirent quelques secondes en fixant le garçon.
-Tu me tutoies maintenant ? fini-t-il par dire. C'est pas plus mal, ça donne l'impression que je suis plus jeune. Pour ta question : j'étais occupé, dirons-nous.
-Votre traître ? demanda le diable.
Le dieu éclata de rire à cette question, ce qui étonna légèrement le majordome. Se calmant, Lémèris le regarda pour lui répondre.
-Non, non. Si je l'avais croisé, vous l'auriez vu revenir couvert de blessures, dégoulinant d'ichor, les vêtements en encore plus mauvais état que d'habitude et me servant de ma faux pour supporter mon poids.
-Alors qui ?
-Son oncle... Un irrécupérable bavard, qui serait le père des Spartiates, faisant office de dieu de la guerre et qui a également pour tâche retrouver le "Traître".
La mort et la guerre... drôle d'équipe pour une quête sur Terre...
-Si seulement je retrouvais Selahn, continua le dieu, on pourrait localiser beaucoup plus facilement notre cible...
-Qui est-ce ? interrogea Ciel tiré de ses pensées. Les dieu des massacres ?
Lémèris le fixa l'air blasé.
-Si c'est de l'humour, tu devrais arrêter. Il ne faut pas rire avec ça. Sinon tu y étais presque : il s'agit du dieu des assassins.

Criminal ShadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant