-Bon... Vous comptez me traîner jusqu'à la fumerie ou je peux partir ? demanda Liparo.
Le diable et son jeune maître se regardèrent. Certe le roux n'avait ni les yeux cuivrés, ni le sang doré, mais Lémèris ne leur avait-il pas dit que certains dieux pouvaient cacher ces attributs ?
-Sébastien, chuchota Ciel, qu'en penses-tu ?
-À voir son âme, c'est un humain tout ce qu'il de plus ordinaire.
Le comte réfléchit encore un instant, puis soupira dépité pas sa propre naïveté. À quoi s'attendait-il ? À ce qu'un autre dieu quelconque se laisse trouver si facilement au coeur de Londres ?
Ciel fixa Liparo et, d'un signe de tête, lui indiqua qu'il pouvait partir. Tout sourire, le rouquin mit les voiles en s'étirant longuement le dos.
-Dis moi Lau, dit le plus jeune en regardant le roux s'éloigner, pourquoi as-tu pensé que cet homme pourrait correspondre aux peu d'informations que nous avons ?
L'Asiatique se tourna vers lui sans se défaire de son sourire.
-Oh ça ? Je me demandais simplement comment vous réagiriez face à lui.
L'adolescent s'énerva. Encore une fois Lau s'était moqué de lui ! Il n'aurait pas dû lui faire si facilement confiance.
-Mais aussi, poursuivit le chinois, parce que ce garçon semble, par son unique présence, créer toute sorte de discordes. D'ailleurs c'est bien simple : tout les jours à la même heure, il se fait poursuivre par différentes personnes.
Instantanément, Ciel se calma. Ainsi ce Liparo Zolness se faisait toujours poursuivre pour des disputes dont il n'était pour rien ? Enfin, qu'est-ce qui prouvait qu'il n'y était pour rien ? Mais dans ce cas-là, pourquoi voudrait-il se faire poursuivre ? ... Peut-être n'était-ce pas une bonne idée de l'avoir laissé partir au final.
Du côté de Lémèris :
Étant presque arrivé, le dieu s'autorisa à ralentir. S'il ne devait pas arriver en retard, rien ne l'obligeait à arriver en avance : tant que la victime ne recevait pas le coup fatal, il n'avait aucune raison de s'immiscer dans ce combat. Enfin... ce meurtre plutôt, aux vues de l'adversaire et de la liste, l'humain n'aurait aucune chance de victoire, ni même de survie.
Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, le dieu de la mort avait un profond sens moral, ne se devant jamais de sa position pour tuer quiconque l'énervait ou pour épargner ses enfants. Il possédait également un sens du devoir assez strict. Chaque jour, ou presque, Lémèris prenait grands soins de rédiger sa partie de liste, s'avançant parfois pour plusieurs jours, en prenant en compte l'âge, la santé, les activités et la situation de chaque futur défunt, écrivant par la même occasion une partie du destin des proches et connaissances des trépassés.
Or, chaque fois que son "frère" le dieu de la destruction descendait sur Terre, il causait, bien que souvent par accident, des morts qu'il ne notait ni ne prévoyait jamais. Pourtant, à sa propre naissance, la création de la mort, Lémèris avait été clair : bien que se soit à lui d'en rédiger la majeure partie, chaque dieux pourraient et même devraient écrire sur la liste, le morts qu'ils voudraient causer.
Lémèris soupira. Il devait bien avouer une chose : même si le dieu destructeur prévoyait rarement ses morts, lorsqu'il le faisait, il le faisait bien. Il ne restait plus qu'à espérer que la victime ne souffrirai pas trop.
Plus loin, Liparo marchait quelques minutes, les bras croisés derrière la tête. Il repensait aux deux personnes qui accompagnaient Lau. De drôle de personnes d'ailleurs. Le plus jeune des deux était visiblement de bonne famille. Qu'est-ce qu'un noble pouvait venir dans ce trou miséreux ? Se grattant le crâne, le jeune homme en arriva à la conclusion que l'adolescent devait chercher du frisson. C'était la seule raison logique pour vouloir traîner avec l'asiatique... ça ou vouloir fumer autre chose que du tabac... Mouais, peu probable que le jeune veuille fumer l'opium à son âge.
Plongé dans ses pensées, Liparo ne remarqua la présence qui le suivait à bonne distance.
Retour à Lémèris :
Il était presque arrivé. Du haut des toits, l'immortel regardait distraitement le rue en contrebas et tous les humains qui s'y affairaient. Et dire qu'un jour ou l'autre chacun verrait son nom noté sur sa liste... en contrepartie Livaria se ferait un plaisir de continuer de créer la descendance de chacun de ces mortels...
Lémèris se donna une gifle mentale. Il ne devait pas penser à Livaria, pas avant d'avoir terminé sa mission. Ensuite seulement il pourrait reprendre ses recherches.
Pour se changer les idées, le dieu redirigea ses pensées sur l'âme à faucher. Pourquoi diable ( passez moi l'expression) son "frère" avait-il soudainement prévu une mort ? Même s'il était le dieu des guerres et des destructions, il avait toujours eu horreur de faire couler le sang inutilement...
Du coin de l'oeil, Lémèris aperçu un humain glisser sur un pavé humide et ricana. De quoi allait mourir ce mortel ? D'une chose stupide ? ou au contraire de glorieux ? ... Finalement le brun se trouva irrécupérable, toujours à penser à son boulot.
Un coup de cloche retentit. Si l'immortel comptait bien, il devait être 15h30. Il était déjà cette heure ? D'ici une douzaine de minutes, ce serait le moment qu'il attendait. Le dieu patienta encore un instant avant de sauter de l'autre côté de la rue avec souplesse, l'une des rares chose qu'il était fière de pouvoir léguer à ses possibles enfants.
L'impasse n'était pas loin, plus que quelques pas et il y serait. L'immortel espérait deux choses : ne pas croiser de shinigami, et que le dieu guerrier ne serait pas en retard.
Du haut de son perchoir, Lémèris retint un sourire. Assis devant un cadavre égorgé, comme le serait un chien gardant quelque chose, se tenait un homme à la stature imposante : grand d'1m80, musclé mais trop ; étrangement, il avait la peau grise ; des cheveux mi-longs à peine plus foncés que son teint et aux pointes écarlate comme du sang frais encadraient son visage. Ses yeux, légèrement cernés, avaient la couleur du cuivre. Il possédait un sabre, dégainé, qui était négligemment posé sur son épaule.
En remarquant le dieu de la mort, l'homme à la peau grise se leva, s'appuyant sur son arme comme sur une canne. Ainsi debout, on voyait sans difficultés l'uniforme militaire, troué et en lambeaux, qu'il portait.
Descendant de son toit, Lémèris s'approcha du corps sans, faux en mains. Sans dire un mot, il passa devant le gris, qui lui continua de le fixer. La faux fut levée et s'abattit sur le cadavre, dévoilant sa lanterne cinématique.
-Dis pas bonjour surtout, lâcha soudain l'assassin.
L'autre prit le temps de finir sa tâche, avant de saigner répondre.
-Bonjour Pioral. Je te l'aurais sans doute dit plus tôt, mais j'avais du travail. Dis moi, il étudia plus minutieusement la tenue de son vis-à-vis, toi qui est le dieu de la guerre, tu devrais savoir que la guerre de Sécession est terminée depuis longtemps, non ?
Ledit Pioral regarda son uniforme de soldat nordiste et ricana. En un instant, ses vêtement prirent l'apparence de ceux d'un membre de la marine anglaise.
-C'est mieux ? demanda le gris.
Pour toute réponse, le brun fit disparaître son arme et croisa les bras, fixant le guerrier d'un air plus que sérieux. Comprenant le message, le guerrier rangea son sourire et rengaina son sabre, révélant ses paumes couvertes de sang.
-Plus sérieusement, reprit-il, il faut qu'on parle du traître.
Oui, Lémèris s'en doutait, il y aurait de la discussion.
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Criminal Shade
FanfictionCertains êtres sont au-dessus de tout, des humains, des shinigami et des diables. S'ils viennent sur Terre, c'est pour mieux se poignarder entre eux. Lorsque Ciel et Sebastian rencontrent l'un de ces êtres, ils ne s'attendent pas à ce qu'il leur ar...