Criminal Shade

13. Un départ ?

Depuis que Lémèris avait parlé de sa « profession », soit environ une heure, Soma s'était fait un devoir de faire un exposé sur le fonctionnement des rituels funéraires et les croyances liées à la mort et l'après-mort de son pays, et ce sans raison apparente.

Apparemment, la croyance hindoue voulait que lors de la mort, toutes les facultés rentre dans le « mental », qui lui-même entre dans le « souffle », qui lui-même se replie dans l'âme, suite à cela l'âme est pesée et selon son karma réincarnée soit sur une planète supérieur, si le karma est bon, soit sur une planète inférieur, si le karma est mauvais. La subtilité étant que ses « réincarnations » ne sont pas éternelles, au bout d'un certain laps de temps, l'âme retourne sur Terre et recommence le cycle jusqu'à ce que son karma soit neutre.

Il y eut également tout un tas d'explication sur l'accompagnement des mourants (passant par le rasage du crâne pour que l'âme s'échappe plus facilement), la purification du corps par divers éléments et la position à leurs faire prendre, suivit d'informations sur la crémation en elle-même : les morts lavés, parfumés et enduit avant d'être placé dans leur linceul qu'on utilisera pour les déplacer jusqu'à l'endroit où l'on brûlera le cadavre, et récupérera les cendres que l'on jettera plus tard dans l'eau d'une rivière.

Tout du long, Lémèris garda un sourire poli et presque paternel et lança plusieurs regards désolés aux deux anglais, car après tout c'est lui qui avait lancé le sujet et, peut-être, aurait-il dû s'abstenir ou s'arranger pour rapidement clore ledit sujet.

Ciel commençait visiblement à s'agacer, non pas que la discussion était inintéressante ou le dérange, loin de là, mais il subissait le babillage incessant du prince depuis le début de la matinée. Il maudit Sébastian, qui avait prétexté devoir débarrasser et nettoyer la vaisselle pour échapper à cette vague subite de culture indienne. Si Soma ne se calmait pas rapidement, le plus jeune risquait de faire un commentaire acerbe quand à savoir si le prince comprendrait ou non... il n'en n'avait strictement rien à faire.

Profitant d'une respiration du jeune indien, Lémèris décida qu'il était temps de sauver le comte de son « supplice », posant une question sur ce souffle et ce karma lié à l'âme et faisant un commentaire sur des personnes qu'il n'avait pas put aider à l'extérieur. Il n'en fallu pas plus au prince pour que son regard s'illumine et qu'il ne se rue vers la porte, Aghni sur ses talons, au grand soulagement de Ciel.

C'est moins d'un instant plus tard que Sébastian revint avec du thé et deux tasses, son sourire toujours sur ses lèvres. Peut-être avait-il entendu la manœuvre du dieu pour se débarrasser de Soma ?

S'adossant à son dossier, le plus jeune lâcha un énorme soupir à ce retour au calme, moments trop rares dans la vie du jeune homme. Lorsqu'il se redressa, le bleu prit la tasse que le diable venait de remplir et poser devant lui, puis il souffla sur la boisson avant d'en prendre une gorgée. Le démon s'approcha ensuit de Lémèris et réitéra son geste, auquel le brun répondit pas un remerciement de la tête.

-Vous auriez pu stopper le prince à n'importe quel instant, n'est-ce pas ? demanda le diable.

Sans répondre, le brun haussa les sourcils en un faux air surpris avant de souffler sur sa propre boisson pour la refroidir et de boire lentement quelques gorgées, un sourire satisfait sur le visage. Intérieurement, il rit de l'expression colérique que Ciel tentait de réprimer. Plutôt que de laisser éclater tout cet énervement accumulé le long de la matinée, le garçon préféra avaler rageusement son thé, sous les regards amusés des deux plus vieux.

Quelques minutes s'écoulèrent dans le calme, Soma et Aghni dehors, et le thé refroidissant lentement.

- Pioral a été incapable de battre le Renégat, annonça Lémèris de but en blanc et voyant qu'il avait l'attention des autres continua. Le Traître l'a battu.

-Le dieu de la guerre a été vaincu ? J'imagine que ce n'est pas un bon signe, répondit Ciel en soupirant, surtout s'il est la cause de ces apparitions de bâtiments...

L'immortel préféra ne pas parler du temple de Silra.

-Pas vraiment, non. Cela veut également dire que nous ne pouvons pas le rencontrer seul. C'est pourquoi nous devons retrouver ceux m'accompagnants dans cette mission, lors de notre rencontre cette nuit, nous avons conclu 'il était nécessaire d'adapter nos couverture d'humains, avant de nous retrouver et de continuer ensemble.

Les deux anglais levèrent un sourcil à la déclaration d' « adapter leur couverture d'humains ».

-Vous comptez vous en aller ?

Ce fut au tour du brun d'hausser le sourcil, l'air blasé voir ennuyé.

-Pour avoir le diable aux trousses ? demanda-t-il. Je vous connais tout les deux, vous apparaissez assez sur mes listes depuis quelques années pour ça. Si la Reine donne un ordre, le Chien de Garde obéi, or elle t'a ordonné de trouver la cause des apparitions de bâtiments et je suis celui qui, à ma connaissance, vous a donné votre seule piste. Si je disparais, vous chercherez de votre coté... quel qu'en soit le prix. Non, je préfère rester ici et te surveiller, jeune Phantomhive.

En souriant, il leva sa tasse en direction du comte et bu les quelques gouttes de thé froid qui y restait et leva rapidement les yeux vers la fenêtre. Non, il ne lâcherait pas le jeune homme comme ça, il ne réussirait qu'à s'attirer plus d'ennuis que nécessaire. Surtout au vu du passé du garçon.

Un chat passa dans la rue et monta sur le rebord de la fenêtre, le regard de Sébastian s'illumina à la vue du félin, mais il réussit à se contenir devant son maître.

Ciel débuta une discussion avec le dieu de la mort et l'interrogea sur les informations qu'il avait et acceptait de communiquer sans répondre de manière trop évasive. Se sentant déjà fatiguer malgré d'être seulement en début de journée, le garçon aux cheveux bleus ordonna à son majordome d'aller chercher son manteau pour sortir plus tard. Sébastian s'exécuta et parti récupérer le vêtement, remarquant que le chat le suivait de l'extérieur, sans doute le démon lui donnerait quelque chose.

***

Dans une fumerie de l'East End

-Vous savez, dit le gérant sans se défaire de son éternel sourire, vous me rappelez quelqu'un que je connais. Je ne saurais pas dire pourquoi...

Le client ne dit rien, prenant plutôt le parti d'ignorer l'homme devant lui, il fit tourner la pipe qu'on lui avait fournie avant de tirer une latte d'opium. Il expira longuement, réitéra l'acte encore plusieurs fois et laissa la fumée faire lentement son effet. L'homme vit son hôte se retirer de quelques mètres en la compagnie de sa sœur, assez loin pour lui laisser autant de solitude que l'on pouvait avoir en ce genre d'endroit, mais pas assez pour ne pas être surveillé.

Soufflant un nouveau nuage de la substance, le client s'adossa plus confortablement sur sa paillasse. Il dégagea son visage des cheveux qui collaient le bas de son visage, lissant légèrement les longs brins.

Il n'avait pas fait cela depuis longtemps. Il avait l'impression que cela faisait des siècles... sans doute une déformation de son esprit.