Part 7 - Chapitre 2 : Les rites de passage (2/4)

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LE PETIT PARADIS


Quelques années plus tard, Nina allait sur ses vingt ans. Son visage avait perdu l'insouciance de l'enfance et bien que toujours beau, il était profondément marqué par ses expériences de survivantes dans le camp de l'intelligence artificielle. Elle avait appris à ne plus vouloir du monde autrement. Les machines que les hommes riches et tout puissant avaient inventées avaient enfermés des pays entiers dans l'absurdité de leur propre création : une société avare et égocentrique où Il n'y avait plus de place pour aucune valeur humaine autre que l'instinct de survie.

Bien qu'elle ne comprît toujours pas pourquoi les hommes se battaient pour le si peu qu'il y avait au lieu de le partager, elle avait fini par accepter que c'était bien ainsi qu'ils souhaitaient vivre et mourir : chacun pour soi, affamé de plus de rien dans une existence sans but ni trajectoire. Ces hommes avaient totalement oublié ce qu'ils représentaient jadis pour finir comme les bêtes qu'ils avaient parqués dans l'obscurité et leur propre fiente avant de les manger en grande quantité. Ils avaient consommé la misère animale pendant des années et voici ce qu'ils étaient devenus la misère humaine. Leur visage s'était transformé en masque impassible tout comme celui de l'intelligence artificielle qu'ils avaient soit façonné en silicone ou soit accueilli à bras ouvert dans toutes leurs activités quotidiennes. Ils étaient passés d'un extrême à l'autre : de l'excès au rien du tout, des besoins de la faim aux désirs sans fin, des obsessions maladives à l'indifférence la plus totale. L'homme s'était métamorphosé en machine infernale et Nina ne savait pas trop comment ni pourquoi. Toute la sagesse de sa grand-mère n'avait su apporter de réponse à ses questions.

Comment tout ça avait-il commencé pour elle et sa famille, ou du moins ce qu'il en restait ? La jeune femme ne s'en souvenait qu'à peine ; quelques bribes d'images floues dans sa mémoire de fillette et des histoires effrayantes racontées par sa grand-mère. Sans compassion, ni remords, ni regrets, les cyborgs n'avaient de cesse de les maintenir à l'écart, loin de l'autre côté. Ils ne se réjouissaient pas de leur sort. Non, ils s'en fichaient éperdument.

Il lui semblait que tout avait commencé avec les téléphones intelligents qui les avaient mis sous leur emprise et les avaient conduits tous jusqu'ici telle une flûte enchantée. Comme les rats dans le conte de fée, les humains avaient suivi la mélodie de la technologie et toutes ses belles promesses jusqu'aux portes de leurs tombeaux.

Ah ! Qu'il serait parfait leur Petit paradis digital intelligent !

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