Part 10 - Chapitre 3 : La meute (1/3)

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LA NOUVELLE FAMILLE


Depuis leur interaction sur le terrain vague devant la colline, Nina n'avait de cesse de penser à une stratégie pour atteindre le village où la cinquantaine d'habitants gardait leur nourriture. S'il y en possédait pour une cinquantaine, il y en avait forcément aussi pour huit bouches de plus. Il leur en fallait peu pour se nourrir et survivre.

Nina, sa grand-mère, Lucas, ses frères, sa sœur et leur mère se tenaient debout le visage triste et fatigué ; à leurs pieds dans un trou dans la terre sèche se trouvait le petit corps maigre de Jesse recroquevillé sur lui-même. Ses yeux fermés, son visage paisible, l'enfant semblait endormi. Ils étaient tellement faibles qu'ils n'avaient même pas la force de pleurer à chaudes larmes, hurler leur peine au monde qui les faisait tant souffrir de faim. Le Petit paradis tombait peu à peu en ruine ; les rues et les immeubles perdant de leur apparence de sous neuf. Tout comme eux, les habitants du paradis devenaient de moins en moins angéliques en apparence. Ils ne cachaient plus aller dévorer la chair humaine. Savoir comment et où se cacher dans les moments les plus vulnérables de la journée était devenu une compétence essentielle de survie ; rester au sein du groupe, la seule source de protection.

S'ils ne trouvaient pas bientôt de la nourriture, ils finiraient eux-aussi comme un gros tas de poussière endormi dans un trou ou un amas de chair et d'os déchiquetés par des hommes affamés.

***

La grand-mère de Nina, Nina, Lucas, ses frères, sa sœur et sa mère s'avançaient ensemble face à la colline. Nina leur fit signe de s'arrêter en attendant que le jeune homme à moto se manifeste de lui-même comme l'autre jour. Elle savait qu'il les observait.

Bientôt, le bruit du véhicule se fit entendre dans le lointain.

« Nous souhaitons parler à votre chef, » s'exclama la grand-mère de Nina alors qu'elle s'approcha du jeune toujours assis sur son véhicule en marche.

« C'est lui-même, » fit-il en arrêtant le moteur.

« Très bien, alors nous voudrions nous joindre à votre communauté, » continua-t-elle calmement. « Nous n'avons pas grand-chose à offrir mis à part notre jeunesse, ou plutôt la leur, » rectifia-t-elle en montrant Nina, Lucas, ses frères et sa sœur avant de poursuivre immédiatement : « notre agilité et notre intelligence en échange de votre hospitalité. »

Elle se tut pour laisser à son interlocuteur un moment pour réfléchir à sa proposition. Ce dernier les balaya du regard avant de s'arrêter sur Nina. Elle avait l'air épuisée, mais sa posture restait fière.

« C'est une longue marche d'ici, » commença-t-il sans la quitter des yeux. « Restez ici, je vais chercher un véhicule pour vous conduire jusqu'au village. »

***

Le groupe s'intégrèrent vite à leur nouvelle famille. La grand-mère de Nina avait raison, la force, l'agilité et l'intelligence des jeunes gens constituaient bien un atout remarquable étant donné que la situation à l'intérieur du camp allait de mal en pire. Le manque de nourriture rendait certains individus fous et particulièrement agressifs et violents.

Comment les hommes modernes et civilisés étaient-ils retombés au plus bas de l'échelle qu'ils avaient eux-mêmes crées ?

Pourquoi n'avaient-ils pas choisi de se souder aux uns et aux autres comme d'autres l'avaient fait avant eux dans des circonstances similaires ?

Qu'y avait-il de moins humains chez les humains terrorisés du 21ème siècle que ceux des siècles précédents ?

Était-ce vraiment pire à ce moment-là ? Et pourquoi ?

Après tout, ne l'avaient-ils pas tant désirée la technologie supérieure et avancée qui transformerait leur monde moderne et civilisé en Petit paradis ?

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