Part 9 - Chapitre 2 : Les rites de passage (4/4)

22 6 16
                                    


L'ATTIRANCE ALPHA


Debout au milieu du terrain vague qu'elle était venue inspecter avec ses camarades, Nina sentait un regard sur eux, sur elle. Ils ne s'étaient jamais aventurés aussi loin avant ça. Méfiante, calme et sérieuse, elle se retourna pour scanner le paysage autour d'elle. Tout était plat et sec ici, pas d'habitation, ni d'arbre, ni de ruine où se cacher. Pourtant, elle savait que quelqu'un quelque part les observait. Son regard s'arrêta sur l'unique petite colline située dans le lointain. Elle la fixa intensément comme si elle l'interrogeait.

Un jeune homme asiatique d'une vingtaine d'années plissait les yeux en ajustant les lunettes de sa longue-vue pour mieux distinguer les cinq jeunes gens debout à l'horizon. La plus petite d'entre eux semblait mener le groupe. Ils s'étaient probablement aventurés jusqu'ici à la recherche de nourriture, mais il n'y en avait pas ici non plus. Plus les jours, les mois et les années passaient et moins il y en avait nulle part.

Bientôt, les jeunes gens entendirent le bruit d'un véhicule à moteur derrière eux. Ils se retournèrent intrigués, mais sans peur. Ils étaient ensemble sur un terrain aussi vaste que le ciel au-dessus de leur tête. La moto s'arrêta nette devant eux, le jeune homme asiatique éteignit le moteur avant de descendre du véhicule le visage grave :

« Si c'est de la nourriture que vous cherchez, désolé, y en a plus ici, » fit-il les yeux braqués sur Nina.

« S'il y en a plus, qu'est-ce que tu fais ici ? De quoi vis-tu ? » rétorqua Nina, le visage sévère et fermé.

« C'est simple, je ne vis pas ici. Nous sommes de l'autre côté, plus loin, » répondit-il calmement. « Je suis là pour mener la garde. »

« Est-ce qu'il y a de la nourriture de l'autre côté alors ? » interrogea Nina.

Le jeune homme sourit avant de répondre du même ton calme :

« Peu, mais oui, il y en a ; mais comme tout le monde, on ne partage pas. »

Un lourd silence s'immisça entre eux. Nina ne reprît d'une voix menaçante.

« On ne demande plus, on prend. »

Le jeune homme laissa échapper un petit éclat de rire. Puis, il rétorqua :

« Vous êtes cinq, nous sommes une cinquantaine. »

À ces mots, le regard de Nina s'embruma tandis que son visage resta toujours impassible ; elle continua de fixer le jeune homme devant elle, sa silhouette rendue floue par ses larmes. Ce dernier baissa les yeux quelques secondes, confus par la brise de doute qui souffla dans son esprit calme.

Nina s'en retourna sans un mot suivi de ses quatre camarades. 

Tu SurvivrasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant