Chapitre 6

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Année 465, Ebrulla – auberge le Vide Air

Harte

Il la fixait depuis cinq bonnes minutes. Depuis qu'elle était entrée à vrai dire. Quand Will s'était approché d'Evie pour lui parler, même de loin, il avait compris que s'était en rapport avec cette fille.

La plus âgée devait avoir la petite vingtaine, et le plus jeune à peine la dizaine. Le première devait provenir de Meriadde même si certains de ses traits ne correspondaient pas aux standards. Sans doute une pluralité d'origines. Des cheveux polaires avec une peau mate. De quoi éveiller la curiosité de n'importe qui, en plus d'attirer l'attention plus facilement. La petite était son exact opposé. Chevelure noire sur peau de porcelaine. Typique de Vollia.

Le duo improbable se dirigea vers lui. Vers sa table. Harte les observait. Il se retrouva malgré lui hypnotisé par les yeux de la plus âgée. L'argenté, n'étant pas si rare, retenait son attention. Une lueur. Une simple lueur le déstabilisait. C'était comme si elle était là depuis la nuit des temps. Un brin de sagesse si ancienne dans le corps d'une si jeune femme.

Avec leur attitude confiante illusoire, elles vinrent s'installer en face de son équipe. 

La légère grimace de la jeune femme ne passa pas inaperçue aux yeux de Harte, qui suivait chacun de ses mouvements. Si s'asseoir lui faisait mal, c'était qu'il s'était passé quelque chose. 

Ce fut grâce à cette réflexion qu'il remarqua les tâches brunes sur ses vêtements. Du sang. Pourquoi en avait elle autant ? Venait elle de se battre ? Avec qui ? 

Harte n'avait reçu aucune information sur les dernières confrontations musclées. Du moins, celles des derniers jours. Il lui manquait le rapport de cette nuit. Le chef d'équipe comprit que cette jeune femme avait livré une bagarre pendant qu'il dormait tranquillement dans sa chambre partagée. 

Plus il regardait ses blessures, plus il était impressionné. Comment une personne aussi fragile pouvait encore tenir debout avec tout ce sang versé ? Soit les blessures n'étaient pas aussi graves qu'il ne ne pensait, soit elle était très résistante à la douleur. Un exploit, vu sa carrure peu musclée, voire fluette.

N'ayant toujours pas pipé mot pour ne serait-ce se présenter, le silence pesait. Son groupe devait les intimider. L'un sirotait sa boisson. Un autre s'amusait avec des cartes. Les deux derniers cachaient leur fou rire imminant avec leurs boissons. Enfin Harte ne faisait rien pour aider.

– Que faites-vous là ? demanda Zaira qui avait reposé son verre. Si vous voulez quelque chose dites le au lieu de nous faire perdre du temps.

– Euh... 

Cette seule réponse de la part de la plus grand ne suffit à aucun membre de l'équipe.

– Vous ne savez pas parler ? ajouta Silas en relevant la tête.

Perdue parmi les deux énergumènes de son équipe, les yeux de la plus âgée passaient de l'un à l'autre sans arrêt.

– On nous a dit que vous pourriez nous donner des informations, qui seraient pour moi importantes, dit soudainement l'aînée.

– Pour toi ? s'étonna Harte. Ton amie ne vient pas avec toi ? Ce serait cruel de laisser une enfant seule comme ça. 

La jeune femme prit une expression étonnée durant une demi-seconde, avant de mettre un masque impassible. Quoi qu'elle ait pu traverser, la sécurité de l'enfant lui tenait à cœur. Cela conforta Harte. Cette fille. On pouvait lui faire confiance.

– C'est pour ça qu'on s'est dit que vous pourriez la garder pour la protéger, rétorqua-t-elle sans un regard pour la gamine.

– Et est-elle d'accord, cette enfant ? interrogea Harte. Parce qu'on ne veut pas faire partie d'un truc pas clair comme d'un enlèvement ou autre.

La perte mémorielleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant