Les Enfants de la Faucheuse (Tome 2)

Chapitre 16 : Pas du même monde

Brooke avait enchaîné par ses premières heures dans sa nouvelle école, et autant dire que plus le temps passait, moins l'endroit lui plaisait. D'abord cette Miss Burton qui semblait être partout à la fois. Peu importe ce que Brooke tentait pour échapper à ses regards inquisiteurs, la femme au chignon avait l'art de se trouver sur son chemin. Elle avait la fâcheuse manie de faire claquer la langue contre son palais chaque fois qu'elle croisait la môme, ce qui avait le don d'agacer prodigieusement celle-ci.

Quand les cours de l'après-midi sont terminés, Brooke fonce jusqu'à sa chambre. La journée a été horrible après le départ du club. Aucune élève ne lui a adressé la parole, pire encore, elle a l'impression qu'on la prend de haut. Brooke, habituée à avoir un petit groupe d'amis solides et ayant un contact assez facile avec tout le monde, se retrouve totalement perdue devant une animosité dont elle ne comprend pas l'origine. La jeune fille d'habitude souriante est désemparée, mais elle se dit qu'elle va faire contre mauvaise fortune bon cœur et pénètre dans la chambre qu'elle partage avec une inconnue en lançant un « salut » enjoué à celle qui lui tourne le dos, le nez plongé dans un sac.

La fille, une brune aux longs cheveux bouclés pivote, dévisage longtemps Brooke avant de répondre à son salut du bout des lèvres, l'air dégoûtée par sa présence. C'est à cet instant précis que la gamine se rend compte que le sac dans lequel sa colocataire fouillait, est précisément le sien. Celui dans lequel elle a caché Pispy, son doudou gît aux pieds de la brune avec d'autres affaires de Brooke, dont son album photo.

-Hé qu'est-ce que tu fais ?

-Je m'assure que tu n'as pas amené de drogue.

Brooke qui ramasse ses affaires et reprend son sac des mains de la brune a un hoquet de surprise.

-P...pardon ? Mais t'es pas bien !

-Ho ça va, les filles comme toi ça apporte toujours des ennuis, et vu les...loubards qui t'accompagnaient, tu serais bien capable de faire entrer de la drogue ici en douce.

-Les filles comme moi ?

-Les gens de ton milieu, les racailles.

-En attendant les gens de mon milieu, comme tu dis, ne se permettent pas de fouiller dans les affaires des autres.

-Peuh, forcément, ils préfèrent les voler.

-Répète ça pour voir !

La petite blonde a bondit en avant et saisit le col du chemisier de sa compagne de chambre. Avant même d'y avoir réfléchi, elle se retrouve à la secouer avec brusquerie.

-Je suis pas une voleuse, et je t'interdis de remettre tes sales pattes sur mes affaires ! Tiens-toi loin de moi, ne me parles pas, ne me regardes pas, et ça se passera à peu près bien, t'as compris ?

-Lâche-moi, j'y toucherai pas à tes affaires de pouilleuse.

-Bien.

Brooke desserre les mains et pousse la jeune fille en arrière. Elle pose son sac sur son lit et remet de l'ordre dans ses affaires alors que la brune grommelle un « sauvage va » entre ses dents avant de sortir de la chambre.

-T'as raison ouais, casse-toi !

Elle se dirige vers sa penderie et en sort son sweet aux couleurs de la Faucheuse qu'elle enfile rapidement, puis elle pianote sur son téléphone pour joindre son frère. Le visage de celui-ci apparaît bientôt à l'écran et Brooke s'empresse de lui raconter son horrible journée et surtout cette fille affreuse avec qui elle va devoir cohabiter pour le semestre. Frère et sœurs finissent par rire de la situation, comme toujours Sean trouve les bons mots pour réconforter Brooke. C'est donc rassérénée qu'elle se dirige vers le réfectoire pour le repas du soir. La gamine a recollé un sourire enjoué sur son visage, téléphone en poche, un écouteur dans les oreilles, son groupe préféré finit de lui rendre sa bonne humeur habituelle.