Brooke laisse glisser ses ongles le long d'une fissure qui parcourt le vieux banc de bois. Le vrombissement de la climatisation du bureau contigu raisonne dans la pièce surchauffée qu'elle occupe. La jeune femme finit par s'allonger sur le banc en poussant un râle d'agonie théâtral.
-Rhaaaaa j'en ai marre !
Personne ne lui répond, bien entendu. Les agents en uniforme continuent à passer devant la cellule d'attente où on l'a enfermée sans même lui jeter un regard. Sa peine prend pourtant fin aujourd'hui, d'ailleurs elle ne porte même plus la tenue orange vif de taularde dont on l'a affublée ici à son arrivée. Elle a retrouvé ses vêtements civils, il lui manque cependant son cuir. Aucun signe d'appartenance à un groupe criminel n'est accepté ici, et de toute façon son bien le plus précieux a été confié à son frère, c'est lui qui doit lui rapporter.
Voyant que son impatience ne fait ni chaud ni froid aux gardiens, elle décide de monter un peu la voix.
-Je me fais chier allez quoi laissez moi sortir. Hé ho, s'il vous plait youhou.
Rien, toujours aucune réaction. Brooke laisse son bras gauche tomber vers le sol en soupirant bruyamment. Depuis son arrivée ici, les gardiens lui ont bien fait comprendre qu'ils ne la portaient pas dans leur cœur et elle est certaine qu'ils font exprès de faire trainer sa libération.
C'est après deux longues heures à transpirer sur son banc qu'enfin, on vient lui ouvrir la porte. La jeune femme hausse un sourcil en dévisageant l'homme en uniforme qui lui fait face. Il porte la panoplie du parfait petit shérif de cambrousse, lunettes de soleil comprises. L'homme l'escorte jusqu'au guichet de sortie où Brooke signe un million de documents pour récupérer ses bijoux, un autre million pour attester de sa future adresse et deux formulaires qui lui tirent un sourire.
-Sérieusement ?
-Oui.
-Franchement shériff, si j'avais l'intention de commettre un crime vous pensez que je refuserai de signer ce bout de papier, autant me passer les bracelets au poignet moi-même.
-C'est la procédure.
La jeune femme lève les yeux au ciel et signe le document avant de récupérer ses affaires. Enfin, une sonnerie retentit et la grille qui la sépare du monde libre s'ouvre. Brooke n'a pas un regard en arrière, elle se précipite sur la porte vitrée qui donne sur l'extérieur et fonce dehors. Son visage se lève vers le ciel et un large sourire se dessine sur son visage quand le ronronnement de plusieurs grosses cylindrées se fait entendre. Le convoi est là, moteurs fumants, Sean est en tête, juste derrière le Président, tendant son cuir à la jeune femme. Brooke ne leur laisse pas le temps de discuter ou de descendre, elle se précipite à l'arrière de la bécane de son frère, enfile son cuir avec un soupir de bien-être et lui tape sur l'épaule pour signaler qu'elle est installée.
Le convoi des Enfants de la Faucheuse s'ébranle lentement et quitte la zone du pénitencier pour rejoindre la route. Après quelques minutes, alors qu'ils s'arrêtent devant le club , la petite blonde se précipite dans la petite boutique attenante. Lorsqu'elle en ressort, elle porte un énorme sac rempli de sucreries et à ses poignets, alors que la nuit commence à tomber, brillent deux séries de bracelets fluo.
Jaïme, le Président, hausse un sourcil interrogateur vers Sean qui lui tape dans le dos en riant.
-T'étais prévenu.
La jeune femme propose des sucreries à la ronde, se fichant pas mal des airs surpris des uns et des autres. Après avoir fini sa tournée et avalé deux énormes morceaux de cake au chocolat, elle sort une bouteille de whisky de son sac, la débouche et en prend une grande gorgée avant de la tendre à son frère. Voyant le visage surpris du Président elle sautille vers lui :
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Les Enfants de la Faucheuse (Tome 2)
Fiksi UmumUne autre femme, une autre destinée, et toujours le même cuir. Brooke Hailey perd sa mère alors qu'elle n'est qu'une toute petite fille, elle se retrouve propulsée dans un univers qui n'a rien à voir avec le cocon douillet qu'elle partageait avec sa...