Epilogue

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Deux ans plus tard.

Le vent s'engouffrait doucement dans les branches et la friction des feuilles donnait au silence un bruit blanc. Le ruissellement de l'eau, animé par le courant du fleuve Seo, bruissait en continu.

Allongée à l'ombre, près du tronc de l'immense saule pleureur, Ansol alternait son regard entre les lignes de ce livre et la lente et régulière danse de l'arbre au-dessus d'elle. La brise était chaude et humide, et l'été préparait sa mousson.

Étendue sur le dos sur un grand linge clair, elle délaissa finalement sa lecture et fit retomber son bras contre terre. Du coin de l'œil, elle vit le reflet du soleil sur la rive et tendit sa main en direction de l'eau. Sans hésiter, elle y plongea le bout de ses doigts.

Le contact était frais, saisissant, familier.

La chaleur fit perler sur ses tempes quelques gouttes qu'elle essuya de sa paume. Las, elle se laissa finalement envelopper par le silence et s'endormit.

La nuit précédente fut l'une de ces fois où les souvenirs prirent le dessus. Mais les cauchemars ne la suivaient plus au-delà du sommeil. Elle rêvait encore de Sola, de la mort à laquelle elle échappa grâce à la mer, mais tout s'arrêtait lorsqu'elle ouvrait les yeux.

Les songes continuaient, l'empêchaient parfois de dormir, mais ils commençaient à se faire rares.

Infaillible remède contre les maux de l'esprit, le temps guérissait peu à peu ses pensées.

Assoupie, elle ne vit pas la surface remuer. La forme de l'eau changea et une silhouette émergea lentement avant de venir faire de l'ombre à la dormeuse.

Ansol ouvrit les yeux lorsqu'elle sentit cette main légère se poser contre son ventre.

— Ne bouge pas, fit Cesyll en la voyant se redresser. Je ne voulais pas te réveiller.

Son corps reprit forme humaine et il rampa jusqu'à d'elle pour s'allonger.

— Déjà de retour ? lui fit-elle en se tournant sur le côté pour mieux le regarder.

— L'eau peut attendre. Je voulais te voir.

— Tu me vois tous les jours, s'amusa l'alchimiste.

— Et j'en redemande.

Il s'accouda près d'elle et glissa ses doigts mouillés contre son bras.

— Tu sais déjà tout de moi, répondit-elle en refermant les yeux, la brise lui soufflant de s'endormir.

— Mm-hm.

Il approuva du simple son de sa voix et la contempla.

— Et pourtant, reprit-il. Il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir.

Il suivit une ligne imaginaire jusque sur le sommet de son épaule.

— Quelque chose à étudier.

Sa large paume surfa contre sa joue et jusque dans ses immenses cheveux noirs.

— Sur lequel méditer, fantasmer.

Elle gloussa d'un coup, surprise, et recroisa son regard.

— Fantasmer ? se moqua-t-elle. Voilà donc ce que tu fais sous l'eau ?

— Que pourrais-je bien faire d'autre ?

Elle explosa de rire et bascula sa tête derrière elle, ses dents dessinant un immense sourire.

— Ça, dit-il. Ça, c'est nouveau. La façon dont tu te jettes en arrière lorsque tu ris. Normalement, tu te penches en avant et tu attrapes mon bras.

Les Mouettes aux Ailes RougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant