Chapitre 3 : Le dédale

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POV Jacque Bottram

Je devais en avoir le cœur net.

Que c'était-il passé ?

Le visage de la femme que j'avais vu, il était le même que la vieille tirant son landeau. Se connaissaient-elles ? Etaient-elles de la même famille ? Comment se faisait-il que personne n'a pu remarquer leur présence ?

Après cet évènement, j'ai vidé mon calepin de dessin de cette femme sur mon bureau, essayant de la reproduire dans l'objectif de demander au passant s'il l'avait vu mais à chaque fois, mes dessins, mes visages semblaient ressembler à tout le monde. J'y avais ajouté des couleurs, des traits fins et son nez, son magnifique nez mais rien n'y faisait, comme si le dessin refusait de faire sens.

Il était impossible de personnaliser ce dessin de manière à rendre reconnaissable cette femme. Après plusieurs tentatives, je me résolu à retourner là où avait eu lieu le discours. Il fallait que je comprenne, il fallait que j'explique rationnellement ce qui s'était passé.

Ma famille, descendante de grands scientifiques, je n'étais pas du genre à tout mettre sur le dos de la superstition ou des croyances. Non, non. Chaque chose a une origine, un processus de création explicable grâce à une méthode scientifique.

Je m'efforçai de retrouver le dessin que j'avais fait du moment du discours, peu de temps avant que je découvre la jeune femme. Je fini par le trouver sans problème et y jetai un œil furtif.

Et pourtant cela me sauta aux yeux.

Le dessin n'était pas comme je l'avais laissé.

Une autre couleur plus foncée apparaissait sur le papier, laissant des traits plus aigus, plus tremblants. Des éléments avaient été rajoutés, l'angle que j'avais oublié de dessiner avait été griffonné. Les lattes du plancher avaient été précisées et même la scène avait été avancée.

J'eus un moment d'hésitation. Je ne pouvais pas avoir dessiné ça, c'était impossible.

 Quelqu'un aurait-il pu le modifier ? Mais qui ?

Encore des questions s'ajoutèrent à ma liste.

Je sortis de chez moi, laissant mon père devant son journal, et fonçai directement à la salle des fêtes reliée à celle de la mairie. Sur le chemin, je croisai quelques amis à mon père qui me saluèrent poliment. La ville semblait avoir déjà repris son activités après une journée de deuil. Il le fallait.

Je pénetrai dans la mairie, grande, vide et haute de plafond, on pouvait entendre mes souliers sonner sur le sol de pierre de l'entrée. Je passai l'immense porte de la salle des fêtes. Tout avait été laissé intact. Les bancs étaient encore là ; la scène et le pupitre aussi. Je sortis mon dessin et me replaçai à l'angle où j'avais dessiné la scène la veille.

J'espérai secrètement que la femme apparaîtrait au même endroit mais ce ne fut pas le cas à ma grande déception. Je retraçai mon passage, ainsi que celui de la lumière pour expliquer le fait que personne n'eut pu la voir. Mais rien. Je ne trouvais rien.

J'étais sur le point de sortir lorsque je jetai un coup d'œil à mon dessin et remarquai qu'une des zones qui avait été rajoutée n'était pas claire. Je ne pouvais pas comprendre ce que cela représentait, c'était soit mal dessiné, soit c'était une manière d'attirer mon regard sur cette zone. Je relevai la tête, je voyai distinctement la poussière volée à travers les faisceaux de lumières traversant la fenêtre donnant sur le cimetière.

Je cherchai à comprendre et à situer dans la pièce la chose sur le dessin inidentifiable. Je m'enfonçai dans la pièce, passai derrière la scène en bois et décalai le lourd rideau poussiéreux qui cachait les coulisses de la petit scène. À l'arrière, je découvris tout le matériel scénique utilisé autrefois lorsque les troupes de théâtre d'Aberdeen passaient faire leur tournée. Aujourd'hui, ce n'était plus le cas. De lourdes caisses en bois couvertes de costumes de scène et de portants à chapeau subsistaient.

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