Chapitre 9 : Rituel

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POV Jacque Bottram :


— Approche Jacque, fit la voix grave de Père Sory sous son capuchon de peau de bête.

Je m'approchai de la grande tablée où tous étaient entourés. A la table, je reconnu Casimir dans son vêtement d'apôtre, il était entre Joshua et le Père Sory qui se tenait en bout de table. Derrière eux, trônait un magnifique autel de marbre. Au centre, sur la table, des petits tas de sable répartis préalablement formant un point sur chaque épine d'une étoile peinte dessus. Des chandelles coulaient sur la table. A l'arrière, un public constitué de certains membres qui priaient, agenouillés, certains tenaient des torches et d'autres regardaient seulement.

J'aperçu Lord Shaftesbury prier, sans doute pour sa nièce disparue. A ces côtés, un couple et le Préfet que je reconnus avec son veston en velours gris, portant le blason du comté. Je vis aussi devant la porte, le commissaire Duront et son associé venir assister au sacrifice. J'aperçus à la table du sacrifice deux chaises vides. Je compris alors que les deux apôtres n'étaient plus de ce monde.

Je perçu quelques chuchotements derrière moi, tous étaient étonnés de me voir ayant plusieurs fois fait part de mes doutes sur l'organisation.

Et au loin, dans la pénombre, j'aperçu très distinctement un visage avec deux points rouges perçant la pénombre.

... Zurie...

Elle était là. Elle ne loupait pas une miette de la scène.

... Je vois tout... me rappelai-je alors de ses mots.

- Tu peux t'asseoir parmi nous, m'invita le Père Sory.

Je m'asseyai face à lui.

- Alors cher ami, je suis très heureux de te recevoir à ma table ronde aujourd'hui, comme je t'ai expliqué, nous allons procéder à un rituel de purification des lieux. Pour ce faire, nous allons utiliser plusieurs ingrédients. La poudre que tu vois ici en tas est de l'ail séché et réduit en petits morceaux. C'est notre défense principale face aux créatures, ensuite nous allons user de quelques incantations que nous avons travaillées. Le rituel prendra fin une fois que nous aurons tué les douze coqs que tu peux voir dans les cages juste là.

Il pointa du doigt une zone éclairée par des chandelles que je n'avais pas remarqué, avec des cages où étaient enfermés douze coqs.

Quel gâchis... Pensais-je.

Ils commencèrent peu à peu le rituel.

Alors qu'ils récitaient des incantations en latin, les apôtres étalèrent la poudre d'ail partout sur la table puis un à un, ils se levèrent dans l'ordre et en soupoudrèrent la tête de chaque membre, y compris la mienne.

A un moment, Père Sory se leva. Tous firent silence, il récita une autre incantation. Je jeta un coup d'œil dans le coin où était Zurie. Elle n'était plus là.

Chaque apôtre ouvrit une cage et attrapa un coq et le décapitèrent un à un. Ils reproduirent cela douze fois et récoltèrent les organes des animaux qu'ils placèrent dans des coffres en bois pausés sur l'autel en marbre au fond de la salle. Alors qu'ils continuèrent leurs incantations, j'aperçu le couple près de Lord Shaftesbury pleurer.

Quand est-ce qu'ils vont finir, non d'une pipe, c'est long... pensais je.

Le rituel fini. Le Père Sory serra la mains de chaque convive qui sortait par la porte d'entrée de la pièce un à un. Il me remercia d'être venu et m'invita à repasser.

Honnêtement, je ne comprenait pas trop à quoi j'avais servit dans ce rituel mais ils semblaient tous satisfait de ma présence, aucun ne se doutai qu'en réalité j'y était à contrecœur.



Alors que je pensai à Zurie, je la vis traverser un couloir, normalement interdit de passage, elle me fit un signe du doigt signifiant "Viens". N'ayant pas le choix, je vins. Elle était au bout du long couloir que j'avais emprunté la première fois que j'étais venu.

Je ne parvenais toujours pas à expliquer pourquoi elle n'avait pas été vue. Pourquoi elle n'existait pas scientifiquement parlant. Rien n'avait plus de sens de toute façon.

- Alors ? Satisfaite ? Lui dis-je.

- Plus ou moins, tu n'es pas devenu apôtre. Me dit-elle comme étonnée.

- Zurie, je ne peux pas devenir apôtre, lui dis-je.

- Et pourquoi ça ? Fit-elle croisant les bras.

- Parce que ça ne faisait pas partie du marché, lui répondis-je en l'imitant à moitié.

Je vis son visage changé. Elle n'était plus la dame froide et calme que j'avais rencontrée mais elle semblait furieuse.

- Tu dois intégrer la Clamshap en tant qu'apôtre, me dit-elle froidement.

- Certainement pas, tu ne me l'as pas précisé. C'est trop tard. Lui dis-je, décidé à cesser ces conneries.

Je l'a vit avaler sa colère, ses mains tremblèrent de rage, ses yeux couleurs de sangs s'intensifièrent.

- Si tu ne le fais pas, je lâcherai Nala sur Wester Ord, est-ce que c'est claire ? Fit-elle avec des joues teintes rosées.

- Mais à quoi ça te sert de faire ça ? Qu'est-ce que tu me veux à la fin ! Je ne sais même pas qui tu es ! Tu sais ce que cela implique d'être apôtre ? C'est hors de question ! Criai-je.

- C'est ton dernier mot ? Me demanda t-elle avec une pointe de haine dans sa bouche.

- Non, tu ne peux pas faire ça... Tout cela est dans ma tête. C'est cauchemar et je vais me réveiller. Tu n'existes pas. Tu n'es que le fruit de mon imagination.

Elle fit un silence et siffla.

- Et tout cela sera de ta faute.

Elle se volatilisa.

Mon sang ne fit qu'un tour, mon cœur se mit à battre la chamade et j'accouru dehors, traversant le hall. Je regardai autour de moi. Tout semblait normal. Pas de cri. Rien. Je me dis que tout cela n'était que du pipi de chat. Qu'elle m'avait fait marché. J'étais cependant complètement perdu sur ce qu'il s'était passé. La logique scientifique dans tout cela ? Devenais-je fou ?

J'avais comme accepté tout cela dans la panique. Comme si tout cela était logique et normal, mais il devait forcément avoir une explication rationnelle à tout ce cinéma. Je devais retourner dans la salle des fêtes de la mairie. Je m'y rendis en courant. Mon instinct me disait qu'il fallait que je fuis mais mon cerveau que c'était l'endroit exact où je trouverai des réponses.

Pourvu que rien ne soit étrange...

Autant vous dire que je ne fus pas déçu.

J'arrivai face au bâtiment. Celui-ci était aspergé de peinture rouge, à moins que ça ne soit du sang... Les gens en face étaient très affolés, les apôtres étaient agenouillés et récitaient des incantations. J'accouru dans la mairie, la porte avait été arrachée. Casimir me hurla de ne pas entrer mais c'était trop tard, je franchissais déjà la porte.

À l'intérieur, tout avait été saccagé, j'aperçus le cadavre déchiqueté de plusieurs agents de mairie. Leur cadavre gisait sur les dalles de marbres du hall dans une marre de sang, des traces de griffures et de morsures partout. Alors que j'entrai dans la salle des fêtes, tout avait été anéanti, griffé, brûlé, asperger de sang...

Et au centre...



Bien au centre...



La trappe...





Grande ouverte...


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