Chapitre 15 : Abigail

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   Abigail était assise sur le lit de Luc, dans sa grande chambre verte et brune, aux murs couverts de posters de rugby. Ces derniers avaient dû être collés lorsqu'il était encore au lycée. Abigail ne cherchait même plus à se souvenir. À ce rythme, elle aurait pu tout oublier de lui.

Le garçon ne prêtait même pas attention à elle. Penché dans sa garde-robe, il maugréait contre l'employé de maison qui avait rangé ses affaires et le garçon avait maintenant commencé à envoyer valser ces dernières en tentant de mettre la main sur ce qui était, selon lui, son maillot porte-bonheur.

"Est-ce que cela a vraiment de l'importance ? Ce n'est même pas un match qui comptera pour la saison." Demanda Abigail en jouant avec l'ourlet de sa jupe.

"Bien sûr que cela a de l'importance ! J'ai porté ce haut à chacune de nos dernières rencontres et nous avons toujours gagné. Je dois le porter."

"Ce n'est qu'un t-shirt Luc."

Il souffla, visiblement agacé de sa remarque. Néanmoins, il ne lui répondit pas. À la place, il se dirigera vers sa salle-de-bain où Abigail pouvait l'entendre renverser quelque chose avant de se remettre à chercher vigoureusement. La jeune femme en profita pour s'allonger de tout son long. Rejouant la soirée au Backstreet.

Cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas parlé avec Alexandre. En revanche, elle pouvait compter les heures qu'elle n'avait pas passé avec Tatiana sur les doigts d'une seule main. Depuis cette soirée, il n'y en avait pas eu une journée qu'elles n'avaient pas passé ensemble. Soit pour réviser jusque tard à la bibliothèque du campus ou bien chez elle à regarder des films idiots. Abigail avait encore du mal à lui expliquer pourquoi elle ne plongeait jamais la main dans le bol de pop-corn qu'elle faisait tout de même chauffer pour son amie ou bien pourquoi elle ne commandait jamais de pizza pour elle. En revanche, Tatiana l'avait entraînée à fumer à nouveau.

C'était sans surprise qu'Alexandre avait insisté pour qu'elle accepte le petit pochon d'herbe pour une somme dérisoire. Et encore, la jeune femme avait même été surprise qu'il accepte qu'elle paye quoique se soit. Néanmoins, Tatiana et elle avait mis à bon ouvrage cette acquisition en fumant sur le balcon de la rousse.

Ce qu'elle aurait pu donner pour être avec elle à ce moment au lieu de Luc.

"AH ! Il était donc là !" Triomphalement, Luc fit son retour dans sa chambre en brandissant un t-shirt de couleur verte couvert de boue. "Elle n'a tout bonnement pas fait la lessive."

"Et tu vas le porter ?"

"Oui. Je te l'ai déjà répété plusieurs fois."

"Mais il est sale et pue." Lui fit remarquer la jeune femme.

"Ça n'en reste pas moins mon t-shirt porte-bonheur. Bon, bouge-toi. On va être en retard par ta faute."

Abigail fit le dos rond en se levant. Elle n'avait pas envie de se battre aujourd'hui. La rouquine voulait juste vivre cette journée en accéléré pour être à nouveau libre et retrouver son amie.

Il lui arrivait de se demander ce qu'elle faisait encore avec le garçon en face d'elle. Ils avaient, certes, grandi ensemble mais il fallait bien admettre qu'ils n'avaient pas du tout suivi les mêmes trajectoires. Il lui arrivait aussi de se demander si l'accident avait précipité les choses entre eux. S'ils ne devraient pas juste mettre fin à la mascarade. Qui dans leur groupe pourrait encore les croire fous amoureux l'un de l'autre ? L'avaient-ils seulement été ?

"Luc ?" Appela-t-elle alors qu'elle le suivait lentement dans l'escalier en colimaçon.

"Quoi ?" Demanda-t-il sur un ton qui semblait déjà exaspéré.

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