W.Y.F.S.D (Tome 1) - En Réécriture /!\

|Chapitre 8|

"L'important, c'est de transformer l'autocritique en quelque chose de positif"
Ivan Lendl.

PDV de Chelsea :

Je suis ici depuis maintenant six jours. Six putains de jours. Six putains de jours passés à pleurer. Six putains de jour passés à me morfondre comme la dernière des connes.
Les minutes, les heures et les jours s'écoulent bien trop lentement à mon goût. Ces quatre futurs mois risquent de me paraître longs.

Je me rends tout les deux jours chez la nutritionniste, cette dernière a personnalisé mes repas afin que je reprenne une alimentation normale.
Je m'amaigris pourtant de jour en jour : je ne peux m'empêcher de me faire vomir de tant en tant.

Hier, en fin d'après-midi après les cours, j'ai assisté pour la première fois à une thérapie de groupe. Je peux d'ores et déjà affirmer que c'est la dernière fois que je m'y rends. Cette séance était censée m'être utile et bénéfique. À mes yeux elle avait seulement été une réelle perte de temps : du gâchis. Ou autrement dit une bonne grosse connerie. Les autres patientes avaient passé leur temps à se plaindre de la nourriture qu'on servait aux repas, des cours ennuyants et de leurs relations extrascolaires futiles. De véritables cruches.

Nulle n'avait vécue, ce que j'avais enduré.
Leurs maladies étaient pour la plupart dues à un simple complexe d'infériorité vis à vis des mannequins peuplant les magazines de mode. Contrairement à moi, elles n'avaient pas été forcées, harcelées ou humiliées.

Durant cette fameuse thérapie (notez mon ironie), j'y ai retrouvé la blonde qui m'avait conseillé de mettre mes épinards dans mes chaussettes. Elle n'avait que très peu parlé durant la séance, mais j'y avais appris qu'elle se nommait Miami, qu'elle était ici depuis deux mois et qu'elle était boulimique.

Je secoue la tête, dégoutée par le souvenir des piaillements incessants de ces pauvres nanas et contemple passivement ma chambre. Comme je l'ai déjà précisé, cette dernière craint. Les murs sont dénués de toute décoration et la pièce dégage une atmosphère glaciale. Mais c'est pourtant dans ma chambre que je passe la plus grande partie de mon temps.

Mon regard dérive lentement vers mes longues mains décharnées dénuées d'ongles. Je les ai rongé un par un : vive l'ennui et la solitude.
En effet, je ne passe que très peu de temps avec les autres patientes : la présence des autres m'est en quelques sortes insupportable, de plus je ne peux pas blairer ces pétasses. J'entends encore Lisa -l'infirmière qui se chargeait de moi à l'hôpital- me répéter que je m'y ferai des amies. La blague ...
Je ne sors que très rarement de ma chambre : seulement pour les cours, mes rendez-vous avec la nutritionniste et les repas. Je passe ces derniers en compagnie de Miami et son amie Justine (NDA : la rousse). Cette dernière est atteinte d'anorexie d'où son extrême maigreur et elle est ici depuis trois ans.

Contrairement aux premiers jours, nos repas se font maintenant un peu moins silencieux , quelques mots et banalités -bien que rares- sont échangés. Leurs présence rendent cependant mon séjour un peu moins déplaisant. Je suis sûre qu'en prennant la peine de les connaître je pourrai être agréablement surprise. J'ai d'ailleurs appris que ces dernières ne se fréquentaient que depuis peu et qu'elles ne se connaissaient pas pour autant.

Malgré tout, je coule. Je ne peux m'empêcher de revenir à la réalité. Ma réalité. Je ne peux m'empêcher de penser a tout ce que j'ai perdu. À ma carrière. À ma famille. Le monde est injuste, la vie est injuste. J'aurai voulu vivre une vie normale. J'aurai voulu naître dans une famille aimante. J'aurai voulu profiter de mon enfance. Je m'effondre, je m'enfonce peu à peu dans la mélancolie. Je suis brisée. Une véritable épave, une coquille vide. Je n'ai plus aucune utilité. Je suis faible.
Mon frère me manque. Mon gymnase me manque. Mon ancienne vie me manque. Je ne supporte plus de devoir rester enfermée toute la journée. Malgré le nombre impressionnant de personnes logeant ici, je ne me suis jamais sentie aussi seule.