Chapitre 5

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"Nos bras ne tricheront pas
Nos mains ne mentiront pas
Mais surtout, ne parlons pas"
- Jean Jacques Goldman

☆•☆

Je finis de réajuster mes manches quand je me tourne enfin vers Oikawa. Ce dernier m'observe, fixe.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande, légèrement moqueur face à l'air médusé qu'il affiche.

Il bredouille :

- Non, rien, juste, enfin... Ça te va super bien, purée. Je pensais pas que le vert t'irait à ce point.

Cette vague de compliments sincères et incertains s'abat sur moi et j'en reste bouche bée ; j'aurais parié avoir les joues écarlates.
Non mais, s'était-il vu ? Je ne devais pas être celui que l'on complimentait, normalement. Il était encore plus beau que moi, dans son propre costume. La coupe droite de sa veste épousait parfaitement ses épaules et descendait sur ses hanches. Sa chemise était d'un blanc opaque, nous laissant dans nos propres paris pour deviner ce qui se cachait en dessous - bien que je le savais déjà, dans mon cas personnel - et son pantalon ne semblait ni trop près du corps, ni trop large. Le juste milieu parfait pour l'habiller le plus dignement possible. La couleur bleu marine contrastait avec ses cheveux et son teint, sans pour autant en faire ressortir les cernes qui bordaient ses yeux noisette à l'air admiratif. Il était d'une beauté à couper le souffle, et pourtant, c'était moi qu'il regardait ainsi.

Ses yeux me sondaient, transperçaient ma peau et me mettaient à nu devant lui. Ce regard inexplicable tant il était perçant avait le don de me mettre mal à l'aise, tout comme il m'attirait. Comparable à un tourbillon dans lequel on se noyait facilement. Mais pas parce qu'il nous emportait, non ; parce qu'on s'y jetait volontairement.

Je n'avais même pas remarqué que mon souffle s'était coupé, obnubilé par ses iris qui dansaient sur ma peau.
Il relève les yeux puis me sourit.

- Ouais. T'es vraiment beau, Iwa-chan.

C'était à mon tour de déglutir. Puis d'oser.
Si Oikawa pouvait le faire, alors je pouvais bien être capable de le complimenter, moi aussi. Dire ce que je pense... ça ne devrait pas me sembler aussi dur que cela.

- Merci, je souris en retour, presque intimidé - alors que normalement, c'était l'inverse ; preuve que ce mec me rendait fou, que j'étais sous sortilège. Mais franchement, à côté de toi, c'est pas comparable.

Il hausse un sourcil, étonné et amusé à la fois.

- Iwa-chan qui me complimente ? Mais faites-en un jour férié ! plaisante-t-il, comme si cela pouvait m'empêcher de constater la teinte rouge qu'avait pris le bout de son nez et ses oreilles.

Je le connaissais par coeur. Et je finissais par me dire que j'avais peut-être mes chances, finalement.
Mon cœur, justement, qui ne cessait de tambouriner dans ma poitrine depuis que nous étions rentrés dans la pièce, s'affole davantage à cette pensée. Il battait tellement fort qu'il blessait physiquement ma cage thoracique. C'était d'une désagréabilité sans nom. Ou peut-être y en avait-il un, mais je ne devais pas être assez renseigné sur le sujet.

De toute façon, je n'aimais pas les sciences, et je n'aimais pas l'amour.

- Plus sincèrement, reprend-t-il, merci Iwa. Ça me fait vraiment plaisir.

Je souris, ne sachant où me mettre. Je ne savais pas comment faisaient les filles au lycée, qui se complimentaient les unes les autres presque près de dix fois par jour. C'était énorme. Rien qu'une fois et j'en transpirais déjà.
Franchement, je les admirais.

I Wait For You - IwaoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant