Chapitre 8

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"Me laisse pas là, emmène-moi, envole-moi
Croiser d'autres yeux qui ne se résignent pas
Envole-moi, tire-moi de là
Montre-moi ces autres vies que je ne sais pas" - Jean Jacques Goldman

☆•☆

L'avantage d'avoir terminé le lycée, c'était que je n'avais pas besoin de supporter le regard de tous les élèves, si jamais un quelconque comportement amoureux envers quelqu'un du même sexe que moi paraissait un peu trop évident.
Et l'avantage de l'été, c'était que tout le monde s'en allait loin de la métropole, et ce, pour voyager.

Plan parfait pour profiter de Tooru, le restant de nos dernières semaines ensemble. Et si au début j'avais eu beaucoup de mal à l'admettre, aujourd'hui j'essayais de ne plus y penser. Le plus important était qu'il se trouvait avec moi dans le présent. Alors, il fallait que je profite chaque minute de sa présence.

Bon, je reconnaissais que c'était également un beau bourbier. Car la chute serait encore plus déchirante lorsque nous serions séparés pour de bon.
Mais si nous ne profitions pas maintenant, quand allions-nous le faire, après tout ?

C'est pour cela qu'aujourd'hui, nous avons décidé de nous faire un après-midi plage. Rien que tous les deux.

Comme nous avons ce bénéfice d'habiter non loin d'une grande ville, ma mère, qui avait un jour de congé en ce lundi après-midi, nous dépose à la station métro en voiture. Nous pouvions ainsi prendre le transport en commun pour nous emmener jusqu'à la plage.
Je n'avais pas mis bien longtemps à la convaincre, elle qui adorait Tooru et qui savait qu'il s'en irait bientôt.

- Faîtes bien attention, les garçons, nous recommande-t-elle d'ailleurs pour la forme. Je serai là pour dix-neuf heures. Ne loupez pas le métro ou vous reviendrez à pieds.

Bien évidemment, elle plaisante.

Elle n'en serait pas capable.

Enfin, je crois.

- Ne vous en faites pas Madame, acquiesce Tooru. Tout ira bien !

- Tu peux compter sur nous, je renchéris pour appuyer ses propos.

- Bien, parfait dans ce cas. À tout à l'heure !

Et elle redémarre la voiture, nous abandonnant sur le parking de la station.
Je jette un œil autour de moi. La place était encerclée par des immeubles comparables à des géants, si bien que l'on voyait à peine le ciel. Quelques pauvres arbres desséchés par la chaleur décoraient l'endroit, abandonnés par la mairie probablement. Le peu d'herbe visible autour de nous avait cramé et jauni face au soleil ravageur de la saison. Une brise fraîche passait de temps à autre, mais était rapidement étouffée par la chaleur extérieure.
Ça sentait l'été.

J'inspire un instant, appréciant l'odeur du soleil qui me monte au nez, puis me tourne vers Tooru. Il me sourit et s'approche de moi. Côtes à côtes, nous nous rendons aux escaliers menant au sous-sol, là où se trouvait le métro. Sa main frôle la mienne et je l'aggripe le temps d'une fraction de seconde. Il a les mains moites.

- Désolé, je suis un peu nerveux, s'excuse-t-il en essuyant la transpiration de ses mains sur son short.

- T'excuse pas pour ça, c'est pas grave. Pourquoi tu es nerveux ? je parviens à lui demander.

- Oh, il se gratte la nuque en accompagnant ces paroles : Disons que, j'ai un peu peur du regard des gens. J'aime pas trop me faire dévisager. Être au centre de l'attention est une chose, mais ce n'est pas la même selon les situations...

Je fronce les sourcils puis reformule, selon ce que j'ai compris :

- Donc, tu as peur que les gens pensent qu'on sort ensemble ?

I Wait For You - IwaoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant