Chapitre 7

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"Il n'y a pas de remède contre l'amour, c'est le ciel qui guide les cœurs" - William Shakespeare

☆•☆

La soirée qui avait clôturé cette journée éprouvante s'était déroulée dans les rires, Hanamaki et Matsukawa ayant, comme toujours, mis l'ambiance dans ma chambre. Bataille d'oreillers, confidences secrètes, voire inavouables parfois, mêlées aux potins, et projets révélés, avaient comblé la soirée. Comme toujours. Et c'était appréciable ; tout ne changeait pas encore.
Le binôme avait dormi sur leur matelas gonflable deux personnes installé au pied de mon lit, comme à l'accoutumée. On pouvait presque dire que ce matelas était devenu le leur, tant ils dormaient régulièrement ici.
Quant à Oikawa et moi, nous partagions mon lit.

La seule petite nouveauté, comparé aux bien nombreuses autres fois où nous avions dormi ensemble, c'était que ce dernier s'était collé à moi pendant la nuit. Bien évidemment, pour cela il avait attendu que les deux autres s'endorment - ce qui n'avait pas été une mince affaire, sachant que les deux compères avaient l'habitude de trouver sommeil à des heures bien trop abusives. Je somnolais presque moi-même quand j'ai senti son corps tout chaud se rapprocher du mien. Maugréant une formule d'agacement par habitude, je m'étais tout de même retourné pour lui faire face.

Ses yeux brillaient dans le noir et je pouvais apercevoir ce sourire de petit joueur qu'il abordait sur ses lèvres, grâce à la lumière qu'émettait mon radio-réveil. Je le détaillais un instant, profitant du calme que dégageait la pièce, que seules nos respirations venaient troubler. Il est alors venu coller ses pieds contre les miens, s'entremêlant avec mes jambes. Et si l'instant aurait pu paraître mignon, il l'était beaucoup moins, pour la simple bonne raison que ses pieds étaient gelés.
À se demander comment, quand son corps avait la température d'un croissant sortant du four et que nous étions en plein été.

- Ah ! Mais ça va pas, ai-je rouspété dans un murmure tandis qu'il se tordait de rire. T'as les pieds froids, Crappykawa !

- Bah oui, et à ton avis, qu'est-ce que je fais, bourrique ? a-t-il ri sur le même ton, ajoutant à cela une pointe d'insolence. 'Faut bien que je me réchauffe, moi !

Et si j'avais eu envie de le repousser, je ne l'avais pas fait. J'avais même fait l'inverse, pour être honnête. Me contentant de soupirer, j'avais ouvert les bras pour qu'il vienne s'y loger. Comme un amoureux gaga dans les films.
J'en venais à devenir tout ce que j'avais toujours détesté.

- Tu sens trop bon Haji, avait-il dit dans le creux de mon oreille, après avoir pris une longue inspiration, humant mon odeur.

Mon cœur s'était bien arrêté de battre suite à cette phrase. Parce que rien n'allait dedans, du premier mot à la fin. D'abord le compliment, puis pour terminer le surnom. J'étais presque incapable de formuler une réponse correcte tant cette petite déclaration, qui paraissait presque innocente pourtant, m'avait troublé.

- J'ai pourtant exactement la même odeur que d'habitude, ai-je fini par dire, embarrassé.

- Peut-être, mais ça n'empêche pas que tu sentes bon, a-t-il répliqué en plaquant un baiser sur ma joue, avant de poser sa tête sous mon menton et de clore ses paupières.

Il avait coupé l'échange sur cela, s'endormant dans les cinq minutes qui suivaient. Quant à moi, j'aurais aimé dire que j'avais fait la même, bercé par sa respiration, mais ce ne fut pas le cas. Déjà parce que j'avais chaud, mais aussi parce que je ne cessais de me poser des questions dans ma tête. J'étais très insécure sur notre relation. L'interdit, le regard des autres et leur avis, son départ, l'homosexualité.
Son ex petite copine.

I Wait For You - IwaoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant