Chapitre 2

55 9 55
                                    

"L'intimité, c'est ce qu'on ne dit pas, le déni, c'est ce qu'on refuse de voir" - Karin Lowachee

☆•☆

Les garçons reviennent et Oikawa et moi partons nous doucher à notre tour, laissant les deux autres farfouiner dans ma chambre. Hanamaki avait commencé à ouvrir un autre placard, et quelque chose me disait que l'on aurait de nouveau droit à un spectacle comique après cette douche bien méritée.
Je n'avais rien à cacher de toute façon, et j'avais pris l'habitude à ce que les garçons se comportent comme des bambins curieux lorsqu'ils mettaient un pied dans ma chambre - à mon plus grand désarroi. Alors, je ne m'inquiétais pas plus que cela ; cela devrait bien se passer. Et puis, ils étaient toujours un peu fatigués après avoir pris une douche, donc ils laisseraient sûrement tomber leur farfouinage sous peu. Avec un peu de chance, nous échapperions à un de leurs nouveaux sketchs.

La douche se fait rapide, ne m'attardant pas comme je pourrais le faire d'habitude. Premièrement car la consommation d'eau doublait en cette soirée, mais aussi car je ne voulais pas faire attendre mes amis - et puis, peut-être aussi car j'avais un peu peur qu'ils n'aillent trop loin dans leurs fouilles archéologiques.

D'ordinaire, je pouvais me permettre quelques minutes supplémentaires sous l'eau, n'étant que trois à habiter les lieux. Et si j'en avais souvent voulu à mes parents de m'avoir fait fils unique, je leur en étais au moins reconnaissant pour cela : les minutes supplémentaires dans la douche.
À l'heure actuelle, je suis bien heureux de ne pas avoir de frères et sœurs. J'imagine qu'avec le temps, on s'habitue à tout, en quelques sortes. Et puis, Oikawa avait réussi à devenir suffisamment proche de moi pour que je ne vois plus que par lui, à l'époque. Donc, probablement qu'avoir ce meilleur ami comblait ce manque. Et c'était d'ailleurs certainement mutuel, puisque sa grande sœur était bien plus âgée, et qu'elle n'avait pas toujours envie de lui consacrer du temps. À l'époque, nous la trouvions égoïste. Maintenant que nous avons grandi, je la comprends. Qui, à seize ans, aimerait s'occuper d'un bambin toute la journée.

Quand je sors de la salle d'eau, Oikawa est déjà dans l'escalier pour accéder à l'étage. Ses cheveux humides lui tombent dans la nuque et je ne peux m'empêcher de déglutir. Il est vraiment charmant, et c'en est terrifiant. Mais avais-je même le droit de penser cela de lui ?
Parfois, la beauté et la grâce qu'il possédait me faisait soupirer. Peut-être que je l'enviais. Je ne me trouvais pas laid, cependant. À la limite un peu petit, et encore, vu comme mes amis galéraient à trouver des vêtements à leur taille, j'imagine que je n'avais pas vraiment de quoi me plaindre.

Le châtain se tourne vers moi en m'entendant arriver et m'offre un sourire, accompagné de son célèbre signe peace.
Je lève les yeux au ciel, masquant mon envie de pouffer, alors qu'une lueur espiègle traverse ses yeux. Je le pousse gentiment à avancer pour accéder à l'étage supérieur, lui arrachant un rire clair au passage. J'étais sûre que toutes ses groupies auraient pu donner leur vie pour entendre ce rire, et pourtant, c'était à moi qu'il l'avait offert.
Et je ne pouvais empêcher ce sentiment de mépris m'envahir en pensant à elle, fier de pouvoir avoir Oikawa pour moi. Je savais que c'était mal, mais je ne pouvais y faire autrement.

Peut-être que j'étais jaloux qu'il soit toujours mis au centre de l'attention.

Hanamaki et Matsukawa m'avait fait cette réflexion une fois, mais pour être honnête, je n'étais pas sûr de me retrouver dedans. Je ne me pensais pas jaloux des groupies qu'il avait et que je n'avais pas. J'étais juste en colère, car il était tout le temps en train de tergiverser à droite, à gauche, au lieu d'être avec nous.
Avec moi.

Quand nous ouvrons la porte de ma chambre, nous tombons sur Hanamaki et Matsukawa, affalés en étoile de mer l'un sur l'autre, tel un gros tas de déchets flottant dans la mer. Enfin, en même temps, il s'agit bien de Makki et Mattsun - comme l'aurait dit Oikawa.
Ils se redressent finalement en nous voyant arriver.
Je jette un coup d'œil rapide dans ma chambre : tout est en place, et vu la position des deux compères, je pouvais affirmer qu'ils s'étaient lassés de leurs fouilles.

I Wait For You - IwaoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant