Chapitre 6

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"Si tu ne te rappelles pas la moindre des folies auxquelles t'a poussé l'amour, tu n'as pas aimé" - William Shakespeare

☆•☆

La fête bat rapidement son plein et, étonnamment, je ne vois pas la première heure passer. Je discute avec plusieurs de mes camarades de classe, acceptant même de prendre quelques photos avec eux. Hanamaki et Matsukawa mettent l'ambiance sur la piste de danse et je les regarde faire de loin. Quelques fois, il m'arrivait d'envier cette façon d'être, si ouverte et sans prise de tête. Ils n'avaient aucunement peur du jugement. Et en réalité, ils ne l'étaient presque jamais - jugés, je veux dire. Les gens autour de nous avaient fini par s'habituer à leur extravagance. Pire, ils en redemandaient.

Dans tout ça, j'avais perdu Oikawa de vue. Et si au début cela ne m'avait pas dérangé, le fait de n'avoir aucun signe de vie de sa part depuis autant de temps m'inquiétait. Nous étions toujours fourrés ensemble, d'habitude. Alors pourquoi d'un coup tout changeait ?
Une fois il me touchait, la fois d'après il me fuyait.

Mais c'était trop tard. Je ne pouvais pas oublier la façon dont il m'avait regardé dans la salle de bain tout à l'heure, quand ses lèvres se trouvaient à deux centimètres des miennes. Le toucher de ses doigts qui s'enroulaient aux miens, ou même le baiser qu'il avait déposé sur ma tempe avant de suivre nos deux amis jusque ma chambre. C'était trop tard. Et s'il s'avérait finalement qu'il le regrettait à l'heure actuelle, j'en serais dévasté. Car je savais Oikawa fuyard. Mais il était hors de question que ce ne soit qu'un "accident". Pas quand j'aurais pu donner ma vie pour lui.

Parcourant la pièce du regard, je finis par le trouver. Ses iris croisent les miennes au même moment et il me sourit, puis me fait signe de me rapprocher.

- Tu t'amuses bien ? me demande-t-il alors que j'arrive à son niveau.

Je hausse les épaules.

- Je ne suis pas encore aller danser. J'ai beaucoup discuté, en fait.

- Honnêtement, pareil pour moi, dit-il dans un petit rire. Tu veux qu'on aille rejoindre Makki et Mattsun ?

Je me tourne légèrement pour tenter de trouver leur position. Ils sont en plein milieu de la foule, lançant des ballons de baudruche dans les airs et ralliant tout le monde à leur jeu.

- Ça me paraît être une bonne idée, je réponds avec un sourire se glissant sur mes lèvres.

Nous nous dirigeons tous deux sur la piste de danse, nous mêlant aux cris des autres qui hurlaient les paroles de la chanson résonnant dans la pièce. À peine sommes nous arrivés que l'un des ballons nous tombe dessus, et nous avons le réflexe commun de le renvoyer d'un même geste. Le bout de nos doigts se frôlent dans la démarche et nous échangeons un regard. Le chatouilli m'avait semblé presque électrique, et je ne savais si c'était à cause de la matière de l'objet ou bien parce que nos corps ne désiraient que ce toucher, discret mais puissant à la fois.
Le ballon s'envole pour rejoindre l'autre bout de la pièce, où il est réceptionné, puis redirigé vers un autre groupe d'élèves.
Slalommant entre les groupes d'amis, nous finissons par rejoindre les deux compères déchaînés.

- Eh bah enfin ! s'exclame Hanamaki qui sautait partout sur le rythme de la musique. On a bien cru que vous ne viendriez jamais !

- Quelle idée, on n'est pas venus pour rien quand même ! rétorque Oikawa en s'incrustant dans sa danse improvisée. Ce soir, on est là pour s'amuser !

Nous nous trémoussons tous les quatre sur la musique d'ambiance - et j'aurais parié que j'avais l'air d'avoir un balais coincé dans le cul - jusqu'à ce que Matsukawa décrète qu'il a soif. Au même moment, les surveillants annoncent le service de restauration ouvert, sous les cris de joie des élèves. Se jetant un regard interrogateur les uns les autres, nous décidons de nous diriger d'abord vers le bar pour obtenir de quoi s'abreuver. En raison de la file d'élèves attendant à l'endroit pour récupérer les repas, nous estimons qu'il valait peut-être mieux attendre un peu avant de récupérer les nôtres. Nous retournons donc sur la piste de danse, une fois nos verres vides. L'eau était gelée, et nous avions bien mis cinq minutes pour tout boire, discutant entre nous.

I Wait For You - IwaoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant