Chapitre 3

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Daddy's Eyes- Zoe Wees

Un souffle s'échappe de sa bouche. Elle grelotte de froid, elle tremble de peur. Il fait si sombre dans la ruelle, et elle est si seule. Personne n'est venue l'aider, personne ne viendra. Sa joue est posée sur le goudron, poisseuse et pleine de sang. Elle n'a pas l'énergie de se relever, elle a mal de partout alors elle se tourne sur le dos. Les étoiles brillent dans le ciel, la lune s'est déjà levée. Elle a peur, si peur, là, seule, dans le noir. Des larmes coulent le long de son joli visage, sali par un monstre.

Elle se tourne à nouveau, sur le côté, et s'appuie sur ses paumes pour se relever. Ses jambes cèdent à trois reprises sous le poids de sa douleur. Mais elle tient bon, elle réessaye, encore et encore, jusqu'à réussir à faire trois pas avant de s'affaler sur une poubelle. Elle regarde derrière elle, une dernière fois, pour se souvenir, pour marquer ce moment au fer rouge dans sa mémoire. Le sol jonché de sang, dans une flaque difforme, et ses vêtements déchirés qui traînent sur le goudron. Elle sera forte, c'est certain.

Elle jette un regard éteint à sa tenue, à sa peau visible, nue. Elle entend des cris, au loin, des personnes qui crient son prénom.

Personne ne l'avait entendu crier à l'aide mais on l'avait retrouvé.

***

Alice

15 Septembre 2024

La sonnerie de mon téléphone me réveille en sursaut. Je grogne et le cherche à tâtons, dans mon lit.

- Putain, marmonnais-je la bouche encore pâteuse de ma cuite d'il y a quelques heures.

Mon réveil indique 4h36. Bordel, ça doit être une urgence. Je trouve enfin ledit portable et le nom qui est affiché m'éveille soudainement. Emi !

- Allô, m'empressais-je de répondre d'une voix encore endormie.

- C'est moi, murmure-t-elle.

- Je sais. Ton prénom s'affiche quand tu m'appelles. Et ta grosse tête aussi, lançais-je en souriant.

Même si elle ne peut pas me voir, elle sait que je tente de désamorcer la bombe avec de l'humour. Mon cerveau cogne inlassablement contre ma boîte crânienne et à cet instant, je m'en veux pour avoir bu. Beaucoup trop bu.

- J'ai fait un cauchemar, m'annonce-t-elle d'une petite voix.

C'est celle qu'elle prend lorsqu'elle veut que je la rassure.

- Sur papa ?

- Oui, elle murmure.

Je sais qu'à cet instant, elle retient ses larmes.

- Raconte-moi... lui proposais-je doucement.

- J'ai rêvé de la ruelle... J'ai rêvé de toi, et de papa... Il était couvert de sang, il était mort et toi tu... tu le prenais dans tes bras et tu le berçais.

Une larme solitaire roule le long de ma joue, ma sœur pleure à chaude larmes et continue :

- Tu m'as regardé, tu m'as pointé du doigt et tu as hurlé que c'était de ma faute, que si j'étais rentré à l'heure, rien de tout ça ne serait arrivé. Que tout était de ma faute.

Je retiens mes sanglots et prends une longue inspiration pour ne pas craquer. Je calme les tremblements de mes mains et je balbutie :

- Ce... Ce n'est pas vrai Emi... Rien de ce qui est arrivé n'est de ta faute. Ce n'est ni la tienne... ni la mienne.

Cela me coûte de dire ça car en réalité, c'est de ma faute. Si j'avais écouté ce que ma mère m'avait dit ce matin-là, rien de tout ça ne serait arrivé.

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