Chapitre 12 (2)

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Je sirote mon verre de vin rouge pendant que Syrine boit son deuxième Coca Zero.

- Je suis désolée si je t'ai paru pressante tout à l'heure... J'ai juste...

- Fuit Liam ?

Je fronce les sourcils.

- Non ! m'exclamais-je en m'adossant contre la chaise. L'endroit commençait à m'oppresser !

- D'accord, tente-t-elle de m'adoucir.

Un soupir s'échappe d'entre mes lèvres.

- Excuse-moi. Je suis un peu tendue en ce moment.

- Je peux te demander pourquoi ?

Mes yeux restent fixés sur mon verre de vin rouge, que je fais tournoyer entre mes doigts. Je peux peut-être lui parler de June ? Du vide qu'elle a laissé en déménageant ? Ou lui parler de Liam et de son entêtement à vouloir me bousculer ? Ou... Non !

- Ma meilleure amie a déménagé, il y a quelques mois. Son départ a un peu... déséquilibrer mon quotidien. Je n'avais qu'une amie et c'était elle.

- Pourquoi a-t-elle déménagé ?

Je m'esclaffe en lui souriant :

- Elle a rencontré l'homme de sa vie et est tombée amoureuse d'une île paradisiaque !

Son air surpris me fait encore plus rire alors je lui raconte le plan machiavélique que j'ai concocté pour la faire partir à Saint-Barth.

- Bon, il s'avère que Nathan est également le frère de Sacha, tu sais, la nana avec qui Will l'a trompé ?

Ses sourcils froncés et son expression perdue finissent de m'achever.

- Je sais... Histoire compliquée ! Mais aujourd'hui, ils sont super heureux !

Elle sourit... et moi aussi.

- Et toi Alice, es-tu heureuse ?

Oh putain, je suis tombée sur un clone de Chloé et je ne suis pas au courant ?

Euh... Je suppose ?

- Donc non, conclut-elle en hochant la tête. C'est difficile d'être heureuse en 2024... Avec le monde dans lequel on vit, les insécurités, les problèmes d'argent...

Sa main rejoint sa bouche, elle triture ses lèvres avec ses ongles et je pince les miennes.

- Tu sais, commençais-je doucement. La vie c'est comme les montagnes russes... des fois, on est au top du top et... d'autres fois, on frôle l'enfer et on se fait cramer le cul par ses flammes.

Syrine éclate de rire, faisant retourner quelques têtes curieuses dans notre direction.

- Tu as l'air sympa comme nana, Alice. Je suis contente que tu aies accepté ce verre avec moi... Je n'ai pas beaucoup d'amis non plus, j'ai emménagé à Paris il y a quelques mois, je me suis dis que cette histoire de Speed Dating serait un bon moyen de m'en faire !

Je souris simplement, sans trop lui répondre. Je vois la curiosité au fond de ses yeux : Pourquoi m'être inscrite alors que je me contente d'être présente aux activités sans trop sociabiliser ou sans chercher à faire des rencontres amoureuses ?

J'ai quelques réponses à lui apporter mais ce n'est ni le lieu, ni le moment. Et puis... Ce n'est pas après une soirée que je vais déballer ma vie. J'ai appris, à mes dépends, de me méfier de chaque personne que je croisais, ce n'est pas maintenant que ça va changer !

- Je suis contente d'être venue, affirmais-je. Toi aussi, tu m'as l'air... gentille. Et bienveillante, rajoutais-je après quelques secondes.

Je finis mon verre de vin et lui lance :

- Dis... Pourquoi tu es célibataire toi ? Tu es magnifique, tu t'habilles bien, tu m'as l'air d'avoir une situation stable... Désolée, enchaînais-je rapidement. Je suis un peu intrusive.

- Non ! Ne t'inquiète pas ! elle me rassure dans un sourire qui dévoile ses dents blanches.

A son tour, elle avale une gorgée de son coca et le finit par la même occasion.

- Je crois que... j'ai peur de l'engagement. Je n'ai jamais eu de relation très sérieuse et maintenant... j'aimerais me poser. Je n'ai que vingt-sept ans mais j'aimerais vraiment trouver quelqu'un de bien, qui m'accepte avec mes défauts.

Son regard s'abaisse soudainement vers son ventre. Moi, je vois un ventre rond, et c'est tout. Mais elle, en revanche, se voit avec une loupes. Pourtant, je peux certifier avec une totale neutralité que ses formes lui vont bien. Vraiment très bien. A vrai dire, je ne pourrais pas l'imaginer maigre... On aurait l'impression qu'elle est malade.

- Des défauts ? l'interrogeais-je bêtement. Oh ! Tu parles de tes cheveux sublimes ? Ou de ton nez parfait ? Ou peut-être de ta taille ultra sexy ?

Elle rougit et cache sa gêne dans un rire auquel je me joint volontier.

- Tu sais Syrine, toute ma vie, on m'a appelé l'anorexique, la planche à pain ou encore l'allumette ! C'était humiliant, ça m'a fait perdre le peu de confiance que j'avais en moi. J'ai bossé d'arrache-pied pour décoller cette image qu'ils m'avaient mise sur le dos.

Elle me fixe de ses yeux curieux, attentive à mes paroles. Habituellement, je ne suis pas douée pour aider les gens, les réconforter. Je préfère rendre service avec des actes plutôt que des paroles... Mais ce coup-ci, je tente d'être... de bon conseil. Comme June.

- Peu importe le surnom qu'ils t'ont donné, oublie-le. Les gens auront toujours quelque chose à dire sur ta taille, ton poids, tes seins, tes fringues ! Ne leur donnons pas plus de crédit, ignorons les et bâtissons un empire qui les écrasera tous !

Je termine sur un petit rire machiavélique. Évidemment, je ne pouvais pas terminer ma petite tirade sans désamorcer la chose. Et ça marche. Syrine m'offre un sourire éclatant et semble rebooster.

Comme quoi... je suis peut-être brut de pomme mais au moins, c'est efficace !

Tu sais quoi Alice ? J'avais bien besoin de ces mots. Merci...

Je lui souris et moi, je sens mon coeur devenir un peu plus apaisé.

Et je crois que j'ai une nouvelle amie. 

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