Chapitre 6

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Dive - Olivia Dean


Alice

" Rendez-vous le 27/09 à 19h30, pour un cours de cuisine chez ChefSquare.

Adresse : 40 rue Sedaine, 75001, Paris

Apportez votre plus beau sourire !"

Et ma main dans ta gueule.

Je me passe le gant-toilette sur le visage en frottant énergiquement pour virer toute cette merde. Je n'avais plus mon autobronzant habituelle alors je suis passée chercher cette mousse au supermarché mais bordel, je suis bien trop orange pour être naturelle !

Espèce de petit con ! Moi, un vampire ? Il ressemble à Chewbacca avec ses cheveux marrons tout ternes et il ose me traiter de vampire ! Non mais je rêve !

Aujourd'hui, pour changer, je suis aigrie. J'ai décidé que je serais de mauvaise humeur toute la journée, puis tous les jours du reste de ma vie. Bon sang ! L'heure tourne, ce foutu rendez-vous approche et je ne suis toujours pas redevenue un vampire.

Je relève la tête pour me fixer dans le miroir et je retiens un cri d'horreur. Mon dieu ! Je ne suis plus orange, mais rouge à force d'avoir frotté comme une dératée ! Je récupère ma serviette de bain pour m'essuyer le visage et opte pour une dernière tentative avec du fond de teint. En priant pour que ça cache la misère.

Ma peau n'est pas seulement blanche, à ce stade, elle est translucide. Je mets de l'autobronzant au moins une fois tous les deux mois pour éviter de ressembler à un vampire ou à un cachet d'aspirine ! Visiblement, j'aurais mieux fait de m'abstenir cette fois. Je soupire de soulagement lorsque je vois que le fond de teint efface le problème. Si seulement on pouvait faire pareil dans sa vie... Je n'hésiterais pas à effacer Liam, tiens !

Armé de mon plus beau trait de l'eye-liner, je me faufile jusque dans ma chambre pour revêtir mon jean et mon t-shirt noir. Je suis prévoyante : ce soir, c'est cours de cuisine, je refuse de tâcher un de mes magnifiques blazer.

La semaine qui vient de se terminer a certainement été l'une des plus productives de ma vie. Je n'ai pas décroché une seule seconde de notre contrat avec Jacquemus, June n'a pas tardé à me le faire remarquer lors de nos rendez-vous quotidiens.

Elle dit, je cite, que j'ai une "tête à faire peur à un mort" et que "j'aurais bien besoin de vacances au soleil pour me rendre plus vivante". Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à me dire que je ressemble à un cadavre ! Et pourquoi je les écoute ?

Le pire, c'est que chaque fois qu'elle m'en parle, je suis à deux doigts de céder, de tout plaquer et de venir squatter sa villa de folie. Mais à la place, je me fringue pour retrouver une bande de célibataire endurci pour faire un foutu cour de cuisine.

Ma vie est désespérante.

Mardi, Chloé m'a vue débarqué dans son bureau avec "ma tête de morte vivante", pour mon soin énergétique et selon elle, j'en avais plus que besoin. J'ai tenté de lui expliquer que trop de sociabilité, tuait justement ma sociabilité mais elle n'a rien voulu entendre, cette ingrate. Je la paie grassement et elle ne va même pas dans mon sens !

" Tu te noies dans ton travail pour oublier que tu es seule " m'a-t-elle dit.

Je sais pourquoi elle a dit ça : pour me faire réagir. Mais bordel, lorsque je suis rentrée chez moi ce soir-là, cela faisait treize ans que je n'avais pas autant pleurer.

Mais ça va. Il le faut.

J'enfile mes converses et récupère ma veste sur le porte-manteau. Mon orteil se cogne contre le petit meuble à l'entrée et je suis au bord de la crise de nerfs. C'est au moins la millième fois et c'est une des raisons qui me poussent presque à déménager. Mais j'aime trop mon quartier pour ça. Les rues de Montmartre me manqueraient même si je pourrais prendre un appartement plus grand...

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